Le 5 octobre. C’était il y a 32 ans.
Le commencement du début ou le début de la fin? A méditer. Car regarder dans le rétroviseur, aide à une réflexion sur des événements qu’on avait qualifiés à l’heure où les manifestants criaient leur ras-le-bol, de simple chahut de gamins ! Pourtant cette ruée dans la rue au su et au vu du monde entier n’était pas le fait d’un hasard ou d’un caprice.
Ce sont les jeunes, déjà eux, qui ont investi des espaces publics pour faire arriver un message mis sous le boisseau jusque-là. Appelant à une écoute, à un répondant, à une place dans le pays, le leur aussi. Contre la cherté, le niveau de vie, le chômage, le piston, les passe-droits, l’absence de perspectives, la malvie, la hogra…
Un 5 octobre qui a vu basculer l’Algérie dans une autre ère. Mais non sans occasionner des victimes qui ont payé le prix fort, en allant au devant des bombes lacrymogènes, de l’emprisonnement, de la torture… C’est ainsi que naquit une nouvelle vision politique qui allait permettre grâce à ces jeunes et à leurs sacrifices dont aujourd’hui beaucoup gardent des séquelles, une ouverture démocratique qui allait profiter à des brèches partisanes, à une liberté du champ médiatique, à l’exercice associatif, au mouvement revendicatif, au retour des hommes et des femmes sortis de leur exil ou de leur clandestinité…
Un voyant vert dans la vie politique du pays vite viré au rouge avec l’interruption des élections et avec du processus démocratique. Qui allait plonger le pays dans de sombres années d’insécurité, le terrorisme, la mort et les lendemains incertains.
Des jeunes enrôlés dans des groupes armés contre de jeunes appelés rappelés au front de l’engagement pour sauver la nation. Encore eux. Une guerre fratricide sans merci, aveugle, interminable. Une lutte acharnée contre les hordes, assassinats, attentats, voitures piégées, faux barrages… dans villes et campagnes qui ont repris du poil de la bête pour sauver ce qui restait encore à sauver. Au prix de centaines de morts et de disparus, de pertes humaines et matérielles…
Le pays allait renaître de ses cendres, avec l’apport de chacun. La main dans la main, pour un sursaut salvateur qui allait propulser le pays dans la paix revenue. Une réalité qui va aider à survivre. L’urgence de l’heure, pouvoir se mouvoir aux quatre coins du pays en toute sécurité. Mais cela s’avère une sérénité chèrement payée devant ceux qui ont profité de cette accalmie pour amasser des fortunes, dévaliser les richesses du pays, enrichir les riches et appauvrir les pauvres…
Un étouffement dont va sortir un dernier souffle, qui va faire dévoiler les appétits, réclamer justice et punir les voleurs. La rue de nouveau va rugir. Le Hirak hautement porté par les jeunes, toujours, au nom du peuple revient à la charge et crie son appartenance à l’Algérie, à part entière, une et indivisible. Une jeunesse jamais absente de la scène. Comme recommencement son aînée il y a une soixantaine d’années engagée au front de la libération de la patrie. Comme quoi, l’Histoire est un éternel recommencement.
Saliha Aouès