Il y a bien longtemps que la télévision nationale ne nous a gratifiés de ces belles soirées thématiques qui mettent en avant et c’est amplement mérité, des figures intellectuelles de notre pays. Celles qui s’en sont allées, le pays aux tripes, comme elles l’ont toujours porté de leur vivant. Et par le truchement de la petite lucarne, il s’est introduit des visages, des voix et des convictions à damner l’âme des moins enclins à la chose culturelle. Un bonheur suprême de revoir, réécouter et apprécier des sommités culturelles nationales disparues tragiquement, emportés par la maladie, usés par les attentes vaines dans l’espoir de travailler librement, de donner du leur et de se faire entendre à défaut de se faire écouter.
Des hommes de renommé, des gens du savoir, des personnes intègres, pleines de probité, de sincérité… qui s’en sont allées sans demander leur reste même mal jugées incomprises, ignorées même, parfois poursuivies pour des actes qu’il n’ont pas commis. Par le truchement du petit écran, la chaîne Canal Algérie nous a abreuvés d’une filmographie qui demeure singulière dans les annales du cinéma algérien. Des cinéastes, des auteurs, des écrivains, des hommes de culture. Amir Nebbache, l’animateur au sourire omniprésent, constant et contagieux, de Cinéthématique, nous a offert deux belles soirées. Elles sont signataires de grands noms qui ont réalisé des chefs d’œuvres.
La première a consacré deux grands noms disparus Chérif Aggoun qui nous a quittés récemment, à travers « La fin des Djin », et le second en la personne de Azzeddine Meddour qui, malgré sa disparition, continue de nous faire plaisir avec « La montagne de Baya ». Aggoun, le premier à réaliser un film en tamazight, a travaillé contre vents et marées, presque à tue- tête qu’il a mené son film à bon port. Meddour dont toute une équipe de comédiens et de techniciens ont été tués dans un attentat en plein tournage, révèle un être et un collectif, qui aiment leur métier au point de finir leur film dans la peur de se faire assassiner… Cinéthématique a remis à juste titre deux hommes consacrés à la cause amazighe en cette occasion du nouvel an berbère 2971. Et ce vendredi, dans le même sillage, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Abderrahmane Bouguermouh, ont été ressuscités par un Ali Mouzaoui, plus engagé que jamais.
Une belle soirée spécial Mouzaoui, qui a démarré à 21h pour ne s’achever qu’à minuit passé. De très belles tranches de vie, de travail, de passion, d’émotion. Un engagement pluriel, vrai, authentique. Des convictions à toute épreuve, des regrets, des projets, des déclarations d’amour au pays. Et lorsque ces hommes, de grosses pointures nationalistes à en mourir, sont évoqués, confiés et décrits par les Djaout, Benhadouga, Mimouni… eux aussi disparus, on ne peut que mesurer les pertes incommensurables que le pays a subies. Que regretter l’immense gâchis qui a englouti leurs œuvres et leur don de soi, car, négligé et ignoré. Que de prier pour qu’il n’y ait plus jamais ça ! Des retrouvailles comme ça, on les aime, on en veut et on en redemande !