Voici une nouvelle année qui commence. Qui commence mal pour le monde de l’art attristé de nouveau, à peine 2021 entamé, par des pertes de figures artistiques et pas des moindres. Abdelkader Frah nous quitte brutalement, prématurément à l’âge de 59 ans, terrassé par une crise cardiaque. Ce parolier qui a tant écrit pour d’illustres artistes dont Kamel Messaoudi avec entre autres succès Ech Chemâa, ou encore « ana wanti ya guitara » et d’autres titres encore, est parti sur la pointe des pieds. De la même discrétion qui l’a toujours accompagné de son vivant. A Mostaganem, le doyen du chant bédoui a été ravi à l’orée de cette nouvelle année laissant derrière lui un tremplin de chansons du terroir puisé dans chir el malhoun.
Cheikh Bouguirati surnommé artistiquement ainsi en référence à son village Bouguirat de Mostaganem Bendehiba Tekouk, se son vrai nom, est le digne héritier Djillali Ain Tedeles, son maître de qui il s’inspire et qu’il a appris, est d’un riche répertoire y compris dans la chanson théâtrale à laquelle il s’est aussi adonné. Une autre figure artistique vit une situation critique. Mohamed Oulhaci, artiste plasticien, est aujourd’hui mal dans sa santé aggravée par des conditions de vie liées à une précarité financière aggravée par la pandémie de la Covid-19. Il se bat aujourd’hui seul pour trouver les moyens de financer une intervention chirurgicale se trouvant dans l’incapacité d’honorer. Déjà que 2020 a vu disparaître près d’une cinquantaine d’artistes toutes expression confondues, voilà que 2021 lui emboîte le pas sur la même cadence.
La solidarité qui a ciblé la famille artistique a été applaudie mais est-ce suffisant aujourd’hui d’octroyer une aide financière en temps de crise et qui va s’arrêter à la fin de la crise sanitaire certainement ? N’y a-t-il donc pas une réflexion à même de jeter les bases d’un soutien aux artistes, qui soit régulier, plus conséquent, intelligent. Pas en argent mais en apport matériel, en accompagnement intelligent, une manière détournée de faciliter aux artistes de poser les jalons d’une expression rentable, pas commercialement s’entend seulement mais intellectuellement. Ouvrir des voies, poser les rails, mettre les jalons à une activité qui viendrait à bout de la dèche culturelle qui sévit dans le pays, plus encore en cette année de pandémie. Un marché de l’art pour les artistes peintres, des scènes régulières pour les interprètes, des espaces de création aux gens du théâtre, de la peinture, de la littérature, des soutiens aux chasseurs d’images, aux capteurs d’émotions en photos en cinéma. Il fût un temps où les artistes peintres réalisaient des fresques murales, des tableaux achetés par des entreprises étatiques, une aide détournée pour les artistes en mal d’un marché de l’art inexistant.
Le déploiement de la première responsable de la culture et des arts serait encore plus mis en valeur si aller vers les artistes et ouvrir un canal de communisation à l’effet d’intervenir en contribuant sur les moyens, solutions et aides à apporter pour éviter cette finitude artistique qui fait tant mal ceux qui créent, à leur art, à leur famille et même au pays. Car un pays sans culture est un pays sans avenir.