On ne saura sans doute jamais pourquoi la terre trouve enfin un écho à son appel, celui-là que l’on croyait perdu. La terre à celui qui la travaille, ce vieux slogan qui en fait n’a entrainé que l’éloignement, la distanciation, voire l’ingratitude, reçoit enfin le répondant tant attendu. Est-ce les faits de la modernisation, de la mort calculée de la nature, le progrès malfaisant qui ont fait qu’aujourd’hui la nostalgie a pris le dessus pour remettre les pendules à l’heure. Mais n’est-ce pas que la valeur des choses n’est appréciée que quand on les a perdues !
La terre disparue sous des tonnes de béton, abandonnée par les siens, transformée en jachère revient comme un effet de mode. Pour partir en guerre contre le surfait, les pesticides, les produits qui ne sont pas de saison, la culture des OGM (Organismes génétiquement modifiés) et avec, tous les risques liés à l’alimentation, l’environnement et donc la santé. Alors de par le monde on va jusqu’à investir les terrasses les petits espace dans les agglomérations urbaines pour semer, planter, travailler la terre à petite échelle, dans laquelle on introduit des épluchures de légumes que l’on a compostées, pour en faire des engrais. C’est parti de Cuba, puis passé par des villes de la Russie, et atteindre d’autres sphères de la planète revenue apparemment à de meilleurs sentiments.
Les romantiques qui ont disparu ont, semble-t-il, retrouvé le chemin des grands pâturages, des plaines et des champs. Combien sont-ils ces retraités de différents secteurs qui s’en vont récupérer les terres des parents des grands-parents abandonnées ou données à exploitation, surtout les oliveraies en Kabylie ? Une réalité palpable. Dans laquelle l’Etat est partie prenante. Avec les agriculteurs, les fellahs et les nouveaux venus dans le monde agricole, des aides de toutes formes ont pris naissance à l’exemple de ces contrées du Sud où les exploitations ne se comptent plus, des lopins de terre, quelques hectares, des surfaces cultivables, sont pris d’assaut par de jeunes qui se sont convertis de la vie mondaine à la vie rurale. Et les fruits de ce volontarisme sont aussi concerts qu’ils sont cueillis, récoltés et vendus et qui dit mieux dans le bio, vers lequel une course effrénée des consommateurs est engagée fuyant les répercussions néfastes des fruits et légumes cultivés en toute saison, sous serre et avec cet appoint qui nuit à la santé. Femmes et hommes ont revêtu le costume du fellah et s’en vont retourner la terre nourricière. Travail difficile qui n’est pas de tout repos, qui exige témérité, courage et robustesse mais qu’à cela ne tienne. Surtout depuis que l’Etat a décidé de semer son grain pour aider à faire refleurir ce créneau porteur de l’économie nationale. Ce qui vient à la rescousse d ces investisseurs d’un autre temps. Le temps d’un retour salvateur à la nature qui a horreur du vide.