Les lampions s’éteignent, les portes se referment et l’orchestre qui accompagne Nacereddine Chaouli s’installe dans un préambule ‘’touchia’’ traditionnel. C’est l’image qu’offre cet artiste à chacune de ses prestations devant une salle comble, toujours. Les amoureux du hawzi sont biens servis. Ils ont en à tous les coups, pour leur déplacement. Et en ces temps de confinement, le virtuel a su maintenir cette belle ambiance en ligne au début de la pandémie
L’artiste amarre plus d’une quarantaine d’années de carrière qui a décollé au sein de l’association El Fakhardjia. Devant son fidèle public, il amorce ‘’l’ahwaza aaroubi’’ pour commencer et le best of pour finir.
Avec Chaouli, c’est toujours une entrée tonitruante. Un véritable show remarqué par un public acquis à l’avance. L’artiste ne se fait pas prier et amorce sous la direction d’un chef d’orchestre les premières notes de la mélodie introductive « Manachki ch’kia » et « wahad el ghoziyel », s’ensuit un istikhbar pour « madhanitch h’bibi irouh » suivi de « ya dini ya ma, ya ma » entraînant dans son sillage « Achiq wayli wech djrali ». Des classiques qui font Chaouli et qui enthousiasment l’assistance. Généreusement. Sans transition, l’artiste attentif et concentré sur son pupitre, gratifie son public toujours nombreux à venir l’écouter, de titres connus du répertoire hawzi : « ala ezzine madjani noum , ma djat el youm », « racjiq el qalb » et enfin essamah ya in » admirablement chanté par Fadila Dziria. Et dans l’exécution de Chaouli, il y a comme une magie qui opère, spontanément avec la salle. Elle pleinement plongée dans le vieil Alger, celui de la vieille médina, la Casbah. Et la forte présence féminine, qui déchirent l’air de salves de youyou imprègnent cette ambiance véritablement algéroise. Celle d’antan, voire nostalgique. Lorsqu’un autre istikhbar est entonné par chaouli alterné à chaque foi par un instrument musical qui donne le ton à la voix. « qalbi oua qalbak majrouh », accroché à « ya man qalb h’zin » qui entraîne sur le même ton « asmaa lelfal zin ». La cadence s’accélère et fait enclencher des pas de danse aux plus hardis avec « aachqi ma hanani » auquel il est enchaîné « ya moulati ya lalla » et enfin « eddini maak ». C’est la contagion de la scène à la salle. Parfois, l’artiste comme à son habitude fait plaisir à ses fans en acquiesçant à leur demande de dédicaces. Véritable ambiance familiale qui entoure son récital lorsqu’il entonne « ya dra tathaqaq lahlam » puis « ya bachar » qui clôturent généralement la première partie de ce concert. Puis avec la reprise qui va s’étirer sur un best of dans lequel Chaouli fait une belle évocation des chyoukh dont il reprend les succès comme avec ce titre « d’ili bel khir ya ma, ya ma » de Rahma Boualem
L’artiste qui revisite le patrimoine musical des anciens, fait un clin d’oeil à Boudjemaa el Ankis « nasthal el kiya ana libghit » et cette reprise encore de l’œuvre andalouse « mata nastarihou min wahch el habaib ». Puis l’artiste enclenche « ya zin el fassi », ensuite « tasway ma k’tar » et enfin l’incontournable « ya al bahdja ». Et là ça ne rate jamais ; la salle se soulève comme un seul homme. Et dans le mode « ghrib », l’artiste exécute tour à tour les classiques « fiwaq yahna qalbi, matsa nastrah » ; « ach isabbar qalbi aala malqak » ; « fad el wahch aaliya, ana barani ghrib, la man sal aaliya » et sur le rythme marocain « sidi el attar » qui annonce la fin avec « layla ylali » qui finit littéralement dans un grand délire.