La 16e session de la Commission du développement social s’est ouverte ce lundi au Centre international des conférences Abdelatif-Rahal à Alger, réunissant ministres arabes des Affaires sociales et chefs des délégations membres de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (CESAO).
Dans son discours inaugural, Soraya Mouloudji, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, qui a coprésidé cette session aux côtés de Mehrinaz El Awady, directrice du Groupe sur l’équité entre les sexes, la population et le développement inclusif au sein de la CESAO, a souligné que le choix de l’Algérie pour accueillir cette rencontre s’explique par «son expérience pionnière en matière de protection sociale».
Mouloudji : «L’Algérie tend à réaliser davantage d’acquis dans le système de protection sociale»
Mme Mouloudji a affirmé que l’Algérie «n’a ménagé aucun effort pour garantir la protection sociale et renforcer les mécanismes de promotion de l’égalité à tous les niveaux», notant qu’outre la préservation du caractère social de l’Etat, «l’Algérie tend à travers le programme de développement durable et les politiques adoptées sous la direction éclairée du président de la République à réaliser davantage d’acquis dans le système de protection sociale».
La ministre a salué les réformes entreprises dans plusieurs pays arabes en matière de protection sociale, tout en appelant «à intensifier les efforts collectifs à travers l’échange d’expériences dans un contexte marqué par des défis sociaux croissants».
De son côté, Mehrinaz El Awady a mis en exergue l’importance de cette rencontre consacrée à un sujet central pour la dynamique des économies nationales : la protection sociale. Elle a exprimé son espoir de voir cette session s’inscrire dans «la continuité des efforts menés pour construire des systèmes de protection plus justes et inclusifs».
El Awady pointe du doigt les disparités sociales dans la région arabe
Appuyant ses propos sur des données chiffrées, elle a décrit une réalité sociale préoccupante dans le monde arabe. «Nous nous réunissons aujourd’hui dans un contexte mondial difficile où 1 % de la population détient 43 % des richesses financières, tandis que des milliards de personnes peinent à consulter un médecin, à assurer la scolarisation de leurs enfants ou à bénéficier d’une retraite décente», a-t-elle dénoncé.
Elle a également pointé du doigt les disparités sociales dans la région : «Un seul travailleur sur trois contribue au système de retraite. Moins de la moitié des personnes âgées reçoivent une pension, trois femmes sur quatre vivent sans revenu stable et 85 % des jeunes travaillent dans l’informel».
Face à cette situation, Mme El Awady a affirmé que l’inégalité «n’est pas une fatalité», et que la «protection sociale est à la fois un droit et un outil pour lutter contre ces inégalités». Elle a insisté sur «l’importance de l’investissement dans la santé et l’éducation», soulignant que la pauvreté est le fruit de politiques qui peuvent être corrigées».
Safa : «Le programme algérien des registres sociaux unifiés, un modèle réussi et efficace»
Prenant la parole à son tour, Oussama Safa, chef de la section de la justice sociale au sein de la CESAO, a qualifié le programme algérien des registres sociaux unifiés de «modèle réussi et efficace» susceptible d’inspirer les autres pays de la région. Elle a affirmé que «l’Algérie est pionnière en matière de programme garantissant la protection sociale et de lutte contre les inégalités», tout en rappelant le rôle de la CESAO dans l’accompagnement des gouvernements à travers des études et solutions concrètes.
Hanin Al-Sayed, présidente de la précédente session de la CESAO, a invité les participants à «transformer cette réunion en une occasion concrète pour traduire les valeurs de justice sociale et d’égalité en politiques opérationnelles». Elle a souligné que la région arabe «continue de faire face à des défis croissants, exacerbés par la pauvreté, le chômage, la précarité, particulièrement chez les jeunes et les femmes». Elle a également mis en lumière les conséquences dramatiques des crises actuelles, parmi lesquelles les guerres, les conflits, l’impact du changement climatique et surtout l’occupation et la catastrophe humanitaire dans la bande de Ghaza, qui compromettent gravement les efforts de développement.
Al-Sayed rappelle le rôle de la CESAO comme plateforme régionale favorisant l’échange d’expériences
Dans ce contexte, elle a rappelé «le rôle essentiel de la CESAO comme plateforme régionale de coopération, favorisant l’échange d’expériences et l’alignement des stratégies sociales». «La CESAO a lancé plusieurs initiatives concrètes, notamment des études sur la pauvreté et des outils politiques pour renforcer l’inclusion des personnes vulnérables», a-t-elle souligné.
Selon les organisateurs, les travaux de cette session se concentreront sur les défis liés à la protection sociale en tant que levier d’égalité en débattant des réformes à engager pour assurer «une couverture sociale universelle et en améliorer l’efficacité dans le monde arabe».
Organisée par le ministère algérien de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme en partenariat avec la CESAO, la 16e session de la Commission du développement social, couplée au 4e Forum arabe pour l’égalité, se tient du 23 au 25 juin au CIC d’Alger.