Le ministre des Transports, Saïd Sayoud, a présidé ce samedi l’ouverture d’une conférence internationale sur la durabilité environnementale dans l’aviation civile, qui s’est tenue au siège de la compagnie nationale Air Algérie. En cette occasion, il a mis en avant la prise de conscience de l’Algérie quant aux impacts de l’activité aérienne sur l’environnement, tout en affirmant sa volonté de parvenir à un équilibre entre le développement économique et la protection de l’environnement.
Cette conférence, placée sous le slogan «La durabilité dans les esprits pour une aviation verte», s’est tenue en présence de la ministre de l’Environnement et de la Qualité de vie, Najiba Djilali, du secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Energie chargé des Energies renouvelables, Noureddine Yassaâ, du directeur général des Douanes algériennes, le général Abdelhafid Bekhouche, du président-directeur général d’Air Algérie, du directeur général de l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC), de cadres du secteur, d’autorités sécuritaires, de représentants d’organisations internationales et d’experts dans les domaines environnemental et aéronautique. Les travaux ont débuté par la diffusion d’un film documentaire mettant en lumière les efforts environnementaux déployés par Air Algérie.
«Les défis climatiques actuels imposent d’accélérer la transition vers un transport aérien plus durable»
Dans son allocution, le ministre Sayoud a souligné que les défis climatiques actuels «imposent aux Etats d’accélérer la transition vers des systèmes de transport aérien plus durables». Il a précisé que l’Algérie est «consciente de l’impact de l’activité aérienne sur l’environnement et œuvre à un équilibre entre développement économique et protection de l’environnement». A cet égard, il a exposé les grands axes de la stratégie du ministère des Transports, notamment le renouvellement de la flotte avec des avions à haute efficacité environnementale, le soutien à l’usage de biocarburants et d’énergies propres dans l’aviation, le développement d’infrastructures aéroportuaires conformes aux normes environnementales internationales, la modernisation des procédures de navigation aérienne pour réduire les émissions de gaz et la formation des ressources humaines et leur sensibilisation à l’importance de la transition écologique dans le secteur.
Le ministre a également insisté sur le fait que cette approche environnementale «ne se limite pas à l’aspect technique, mais inclut aussi le renforcement de la coopération internationale, l’échange d’expertises et l’ouverture à l’innovation verte».
En conclusion, Sayoud a appelé tous les acteurs du secteur à «redoubler d’efforts et à intensifier la coordination internationale afin de faire de l’aviation civile un secteur vert, sûr et en phase avec les exigences du développement durable».
Yassaâ souligne l’importance de la convergence des efforts pour une transition énergétique durable
De son côté, Noureddine Yassaâ a déclaré que cette rencontre est «une opportunité précieuse pour échanger des visions sur les moyens de renforcer la durabilité environnementale dans le secteur aérien», soulignant l’importance de «convergence des efforts pour réussir une transition énergétique durable en Algérie, notamment face aux défis climatiques mondiaux».
Le secrétaire d’Etat a indiqué que l’Algérie «a lancé un programme national ambitieux pour le développement des énergies renouvelables visant à produire 15.000 mégawatts d’ici à 2035». Il a ajouté que «la capacité installée a atteint 600 mégawatts à la fin de 2023, ce qui a permis une réduction notable de la consommation d’hydrocarbures et des émissions de CO₂».
Contribution du secteur énergétique au développement du carburant d’aviation durable
Yassaâ a également mentionné que «la première phase du programme a été lancée avec une capacité de 3.200 mégawatts comprenant 20 centrales solaires à travers le pays, en plus d’une centrale solaire stratégique dans la wilaya de Tindouf destinée à répondre aux besoins de la région et aux projets de la mine de Gara Djebilet».
Dans le même contexte, il a mis en avant la contribution du secteur énergétique au «développement de carburant d’aviation durable (SAF) à travers des projets pilotes de production de kérosène et de méthanol verts, qui permettraient de réduire jusqu’à 80 % les émissions du secteur aérien, selon les normes internationales». Il a également salué le lancement d’une stratégie nationale pour l’hydrogène vert, articulée autour de sept axes principaux, dont le développement des cadres réglementaires, la promotion de la recherche et de l’innovation et le renforcement des partenariats internationaux comme le programme «TaqatHy+» avec l’Union européenne (UE) et le projet du SoutH2 corridor pour l’hydrogène destiné à acheminer l’hydrogène algérien vers l’Europe.
Le secrétaire d’Etat a conclu en réaffirmant l’engagement de son secteur à «soutenir Air Algérie dans ses efforts pour atteindre un objectif de vol vert en fournissant de l’énergie propre, en développant des solutions technologiques durables et en renforçant les capacités nationales dans ce domaine vital».
«Air Algérie entend se positionner en tête du processus de transition énergétique en Afrique et dans le bassin méditerranéen»
Dans ce même esprit, le PDG d’Air Algérie, Hamza Benhamouda, a affirmé que «la compagnie entend se positionner en tête du processus de transition énergétique en Afrique et dans le bassin méditerranéen à travers l’adoption d’une stratégie globale couvrant tous les niveaux de son activité depuis l’évaluation de l’empreinte carbone de sa flotte jusqu’à l’intégration de cette évaluation dans ses activités d’exploitation, de maintenance, de ravitaillement et de services afin de bâtir une base de données permettant une prise de décision fondée sur des critères scientifiques et concrets».
Concernant la compagnie de transport intérieur affiliée à Air Algérie, Benhamouda a rassuré que les «préparatifs sont en cours en coordination avec toutes les parties concernées et que la feuille de route est prête, son dévoilement étant prévu dans les prochaines semaines».
Un plan d’utilisation du carburant durable pour les nouveaux avions à partir de certains aéroports étrangers
Le premier responsable d’Air Algérie a estimé que ce projet représente «l’aboutissement d’une stratégie lancée par l’Etat en 2019 pour remettre le transport aérien intérieur au cœur des priorités et s’adapter aux évolutions du secteur», en soulignant une hausse de plus de 25 % du nombre des passagers sur les vols domestiques entre 2019 et 2024.
Il a également annoncé «le début de la réception de nouveaux avions dès septembre prochain dans le cadre du programme de renforcement de la flotte avec 15 nouveaux appareils, notant un retard du côté du constructeur».
D’un autre côté, il a révélé «un plan d’utilisation du carburant durable pour les nouveaux avions à partir de certains aéroports étrangers», précisant que ce carburant «ne sera utilisé dans les aéroports algériens qu’après l’achèvement des préparatifs nécessaires à sa production locale dans les prochaines années».
Appel à l’élaboration d’un plan d’investissement immédiat pour la production de carburant durable
A son tour, Najiba Djilali a salué dans une déclaration à la presse l’engagement d’Air Algérie envers ses obligations environnementales, affirmant que «c’est l’une des premières compagnies africaines à avoir adopté le protocole de lutte contre les émissions de carbone».
Hassan Boulfelfel, directeur général de l’ANAC, a, quant à lui, appelé à «élaborer un plan d’investissement immédiat pour la production et l’approvisionnement en carburant durable, moderniser la flotte nationale selon les plus hauts standards environnementaux et renforcer les partenariats internationaux avec les différents acteurs du domaine afin de se conformer aux nouvelles normes internationales en matière de durabilité sous peine de sanctions financières dès 2027».
La conférence a été marquée par l’organisation de sessions scientifiques et d’ateliers de discussion au cours desquels ont été présentées des approches pratiques et des initiatives innovantes visant à ancrer une culture de durabilité dans le secteur et à proposer des solutions concrètes et efficaces aux défis environnementaux actuels.