Le président américain Donald Trump a provoqué une onde de choc en annonçant son intention de placer la bande de Ghaza sous autorité américaine.
Accueillant le roi Abdallah II de Jordanie à la Maison-Blanche, Trump a réitéré son projet controversé de transformer l’enclave palestinienne en un centre touristique et commercial sous contrôle américain. Cette déclaration a suscité un tollé international, rencontrant une vive opposition des Palestiniens, des pays arabes et d’un large pan de la communauté internationale, qui dénoncent une tentative de déplacement forcé des Palestiniens et une violation flagrante du droit international.
Le roi Abdallah II de Jordanie a fait part au président américain de sa «ferme opposition au déplacement des Palestiniens de la bande de Ghaza et de Cisjordanie», précisant qu’il s’agit «d’une position arabe commune». «La priorité de tous doit être la reconstruction de la bande de Ghaza sans déplacer sa population et de faire face à la situation humanitaire difficile dans l’enclave palestinienne», a-t-il soutenu.
Le président de l’Etat de Palestine, Mahmoud Abbas, a, quant à lui, vivement apprécié les positions fraternelles et courageuses d’Abdallah II, roi du Royaume hachémite de Jordanie. Il a considéré ces positions comme «un prolongement des positions fermes de la direction jordanienne, soutenant les droits nationaux justes et légitimes de notre peuple, et s’en tenant à la paix fondée sur les résolutions de la légitimité internationale, l’initiative de paix arabe et le principe de la solution à deux Etats, concrétisant l’Etat de Palestine avec pour capitale El Qods-Est».
Mahmoud Abbas : «La Palestine n’est pas à vendre !»
Le président Abbas a salué l’annonce du roi concernant l’accueil d’enfants malades et blessés de la bande de Ghaza pour leur traitement, réaffirmant «l’importance de coordonner les efforts et positions arabes pour adopter la vision de la paix arabe lors du prochain Sommet arabe extraordinaire», tout en appréciant les efforts dans le cadre de la coalition mondiale pour «mettre en œuvre la solution à deux Etats et obtenir davantage de reconnaissances internationales de l’Etat de Palestine, en plus de tenir la conférence internationale pour la paix à la mi-2025, coprésidée par le Royaume d’Arabie Saoudite et la France».
Dans ce contexte, le président Abbas a renouvelé ses remerciements envers les positions fraternelles courageuses de la République arabe d’Egypte, du Royaume d’Arabie Saoudite, du Royaume hachémite de Jordanie et de tous les pays frères et amis qui ont rejeté les projets de déplacement du peuple palestinien et l’annexion de ses terres.
«Ces pays ont réaffirmé qu’il n’y a de paix ni de stabilité sans la création de l’Etat palestinien», en insistant sur «l’arrêt total de la guerre, le début immédiat de l’aide humanitaire à notre peuple, la prise en charge par l’Etat de Palestine de la responsabilité dans la bande de Ghaza et la reconstruction des destructions causées par l’occupation selon un plan détaillé bénéficiant d’un consensus palestinien et arabe, officiel et populaire, visant à reconstruire l’enclave en présence de notre peuple». Il a réitéré «l’engagement du peuple palestinien à rester sur sa terre, que ce soit dans la bande de Ghaza, en Cisjordanie ou à El Qods» et affirmé que «la Palestine n’est pas à vendre».
Le CNP exige un partenariat avec toutes les puissances arabes et islamiques afin de promouvoir les droits des Palestiniens
En outre, le Conseil national palestinien (CNP) a exprimé, dans un communiqué de presse publié ce mercredi, son appréciation pour les positions du roi Abdallah II de Jordanie concernant la question palestinienne. Il a ajouté que la position constante du roi jordanien «représente un véritable soutien aux droits du peuple palestinien. Son rejet catégorique de toute idée de déplacement ou de réinstallation de citoyens de la bande de Ghaza en Jordanie est une affirmation de l’engagement authentique de la Jordanie à la cause palestinienne et de son soutien historique aux droits palestiniens».
Le CNP a salué l’affirmation du roi jordanien lors de sa rencontre avec Trump que la cause palestinienne et la résolution des défis dans la région résident dans la fin de l’occupation et la création de l’Etat palestinien.
De plus, il a souligné l’importance «du partenariat avec la Jordanie et toutes les puissances arabes et islamiques afin de promouvoir les droits des Palestiniens et de réaliser leurs aspirations à la liberté et à l’indépendance et la nécessité de continuer à se coordonner et à lutter contre toute tentative de faire pression sur le peuple palestinien et de le priver de ses droits légitimes».
Liban : «L’idée de déplacer les Palestiniens est une question imaginaire»
Pour sa part, le président libanais, Imad Yousaf Aoun, a réaffirmé la position libanaise «ferme» sur la question palestinienne en faveur d’une solution à deux Etats qui préserve les droits des Palestiniens, met fin à leurs souffrances et réalise la stabilité souhaitée dans la région du Moyen-Orient.
Aoun a souligné l’importance de «l’Initiative arabe pour la paix adoptée par le Sommet arabe en 2002», rejetant «les propositions qui conduisent à tout type de déplacement des Palestiniens de leur terre ou à la violation de leurs droits légitimes consacrés par les résolutions des Nations unies». Cela s’est produit lors de la réception du président libanais, ce mercredi, du ministre des Affaires étrangères portugais Paulo Rangel, en présence du ministre des Affaires étrangères libanais Youssef Regi.
Le président Aoun a appelé les pays de l’Union européenne (UE) «à faire pression sur l’entité sioniste pour qu’elle termine son retrait dans le délai fixé au 18 février», soulignant «la nécessité de respecter l’accord conclu à cet égard».
Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a, quant à lui, déclaré aujourd’hui que l’idée même de déplacer les Palestiniens de la bande de Ghaza vers l’Egypte et la Jordanie est une «question imaginaire» et souligné «l’importance de la combattre par plus de solidarité arabe». Ces propos ont été tenus lors d’une interview avec la télévision officielle, rapportée par l’Agence nationale de presse libanaise dans le cadre de ses commentaires sur la position de son pays concernant «le projet sioniste d’éliminer l’Etat palestinien soutenu par l’Administration américaine».
L’importance de combattre avec plus de solidarité arabe l’idée de déplacement soulignée
Salam a déclaré : «Je dénonce ces propos. Non seulement l’idée de déplacer les habitants de la bande de Ghaza vers l’Egypte et la Jordanie est une question imaginaire, mais aussi de les déplacer vers la Cisjordanie est inacceptable et répréhensible moralement, politiquement et légalement. Comment pourrait-on créer un Etat palestinien en Arabie Saoudite ?». Il a souligné, selon la même source, «l’importance de faire face à ce plan avec plus de solidarité arabe capable d’arrêter ces projets et d’empêcher leur mise en œuvre».
Par ailleurs, le ministre portugais des Affaires étrangères a, quant à lui, affirmé que son pays soutenait de manière constante la solution à deux Etats et la reconstruction de la bande de Ghaza, en donnant à l’Autorité palestinienne la capacité de gérer ce processus, en plus de la nécessité de maintenir le cessez-le-feu dans la bande de Ghaza et au Liban.
Erdogan : «La création d’un Etat palestinien souverain ne peut plus supporter plus de retard»
De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que la création d’un Etat palestinien souverain et doté de l’unité de son territoire sur les frontières de 1967 et de sa capitale à El Qods-Est ne pouvait plus supporter plus de retard.
Erdogan a déclaré ce mercredi lors d’une conférence de presse avec son homologue indonésien, Prabowo Subianto, que «la création d’un Etat palestinien souverain et ayant son unité territoriale sur les frontières de 1967 et sa capitale à El Qods-Est ne peut plus supporter de retard».
Il a également ajouté que «toute mesure, proposition ou projet qui mettrait en péril cela est illégal à nos yeux et signifierait plus de conflits, plus de sang et plus d’instabilité». Le président turc a souligné que «si les Palestiniens n’obtiennent pas la paix, il ne sera pas possible de parvenir à la stabilité dans les pays de la région».
Chine : «Ghaza appartient aux Palestiniens et fait partie intégrante du territoire palestinien»
La Chine a, quant elle, exprimé son refus du déplacement forcé des Palestiniens et de l’évacuation de la bande de Ghaza. Selon l’agence de presse chinoise Xinhua, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Guo Jiaquan, a déclaré ce mercredi lors d’une conférence de presse que «la bande de Ghaza appartient aux Palestiniens et fait partie intégrante du territoire palestinien» et souligné «l’opposition de son pays au déplacement forcé des habitants de la bande de Ghaza».
Le président français Emmanuel Macron a appelé au «respect» des Palestiniens et a rejeté les projets du président américain Donald Trump de déporter massivement les Ghazaouis. «On ne peut pas dire à 2 millions de personnes : ‘OK, maintenant devinez quoi ? Vous allez déménager’», a-t-il déclaré tout en soulignant qu’il ne s’agit pas d’une question «d’immobilier» mais d’une «opération politique». Macron a également déclaré que toute réponse «efficace» à la reconstruction de la bande de Ghaza «ne signifie pas automatiquement que vous devez manquer de respect envers les personnes ou les pays», tout en soulignant le souhait des Palestiniens de rester dans leur pays et la réticence de la Jordanie et de l’Egypte à accepter un grand nombre de réfugiés Ghazaouis.
Des activistes et des organisations aux Etats-Unis se lèvent contre le déplacement des Palestiniens
Le plan de Trump a rencontré un rejet généralisé de la part des Palestiniens, des Arabes et de la communauté internationale. Les attaques des forces sionistes ont tué plus de 48.200 Palestiniens et dévasté la bande de Ghaza depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023.
Des activistes et des organisations de défense des droits humains aux Etats-Unis ont lancé une campagne électronique sur les réseaux sociaux sous le slogan «Ghaza n’est pas à vendre» pour rejeter le plan proposé qui prévoit le déplacement forcé des citoyens de l’enclave palestinienne vers des pays voisins. Les militants ont exprimé leur indignation face à ces propositions, qu’ils considèrent comme une «tentative inacceptable» de violation des droits fondamentaux des Palestiniens et un rejet des principes de dignité humaine. Ils affirment que «cette politique va à l’encontre des principes de justice et de droit international, en particulier le droit au retour des réfugiés palestiniens».
Les manifestants ont également appelé à une solution juste et durable au conflit en insistant sur le «rejet des solutions fragmentées ou temporaires qui risquent de prolonger le cycle de violence dans la région». Ils demandent un règlement global basé sur «le respect des droits humains et une paix durable qui tienne compte des aspirations légitimes du peuple palestinien».