Le ministre des Finances, Laaziz Faïd, a présenté, lundi, lors d’une séance plénière, présidée par Brahim Boughali, président de l’Assemblée populaire nationale (APN), en présence de Basma Azouar, ministre des Relations avec le Parlement ainsi que de membres du Gouvernement, le projet de la loi de finances (PLF) 2025 aux membres de l’Assemblée.
A l’occasion, le ministre a confirmé que «l’élaboration du projet de loi de finances 2025 s’inscrit dans le cadre de l’application efficace du nouveau modèle de gouvernance, conformément aux dispositions de la loi organique n° 18-15 du 2 septembre 2018, modifiée et complétée, relative aux lois financières».
Faïd a souligné «la résilience de l’économie nationale malgré les conditions internationales telles que l’inflation, la faiblesse des échanges commerciaux et des investissements, ainsi que les politiques monétaires restrictives qui prévalent dans la plupart des économies mondiales», mettant en lumière «le contexte particulier dans lequel ce projet de loi a été préparé, notant que l’année 2024 est considérée comme une année cruciale en raison de l’échéance présidentielle, marquant la transition entre l’achèvement des programmes du premier mandat présidentiel et le début du programme du deuxième mandat du président de la République, Abdelmadjid Tebboune».
Il a précisé qu’avec ce projet, vient clôturer «une phase caractérisée par des défis budgétaires majeurs», notamment en lien avec la gestion de la pandémie de Covid-19 et la concrétisation des engagements importants pris dans le cadre du programme de rattrapage de Monsieur le Président de la République, relevant à ce propos l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens à travers l’exonération de l’impôt sur le revenu global (IRG), la révision du salaire national minimum garanti (SNMG), l’augmentation du point indiciaire, le dégel des promotions dans la fonction publique, l’instauration de l’allocation chômage, ainsi que la révision des pensions de retraite.
«Création de plus de 374.593 postes d’emploi dans la fonction publique entre 2020-2024»
A cet égard, le premier responsable du secteur a rappelé la «levée du gel sur les projets d’investissement à l’arrêt depuis 2014, la mobilisation des ressources financières nécessaires à la création de dix nouvelles wilayas dans le Sud, ainsi que la création de plus de 374.593 postes d’emploi dans la fonction publique durant la période 2020-2024».
De plus, il a mis l’accent sur «la poursuite de la réalisation des grands projets inscrits dans la nomenclature des investissements publics», affirmant «les efforts consentis à travers l’évolution des dépenses budgétaires, passant de 7820 milliards de DA en 2020 à 1.5275 milliards de DA en 2024», ce qui a permis, précise-t-il, de «réunir les conditions pour réaliser un taux de croissance de 4,4 % (selon les prévisions de clôture de l’exercice 2024)».
Cependant, poursuit le ministre, «l’économie algérienne continue de faire preuve de résilience, en dépit de tous ces risques», et «ce à travers l’amélioration des indicateurs macroéconomiques, notamment la poursuite de la croissance soutenue, à travers l’activité enregistrée hors-hydrocarbures, l’excédent de la balance des paiements et l’accumulation des réserves de change».
Pour maintenir cette dynamique, «les pouvoirs publics poursuivent le suivi des mesures prises ces cinq dernières années visant à mobiliser des ressources supplémentaires pour soutenir le développement socio-économique du pays, diversifier l’économie à travers l’appui à l’investissement et la promotion des différentes initiatives, relancer les grands projets structurants et résoudre le problème de pénurie d’eau en assurant l’approvisionnement en eau potable», affirme Faïd.
«La valeur des crédits alloués à l’économie à la fin de 2023 avait atteint 10 695 milliards de DA»
L’État maintient ses efforts pour réduire le déficit en infrastructures essentielles, sécuriser les réseaux de communication, favoriser la transition énergétique, numériser les services publics et soutenir l’économie de la connaissance. Tout cela s’accompagne d’une mobilisation de ressources fiscales supplémentaires, tenant compte des capacités contributives de chaque contribuable, sans augmenter la pression fiscale. Cela se traduit par un élargissement de l’assiette fiscale et par des mesures de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales.
Le ministre a souligné que «l’indicateur le plus révélateur de la dynamique de l’économie nationale est la valeur du PIB nominal de l’Algérie, estimée à 266,8 milliards de dollars pour l’année 2023, plaçant le pays au troisième rang en Afrique, derrière l’Afrique du Sud et l’Égypte».
Dans ce contexte, le ministre des Finances a indiqué que «les crédits alloués à l’économie avaient atteint 10.695 milliards de DA à la fin décembre 2023, contre 10.112 milliards de DA en 2022, ce qui représente une augmentation de 5,8 %».
Le montant total des crédits destinés au secteur public a atteint «4.458 milliards de DA à la fin de 2023, en hausse par rapport aux 4.350 milliards de DA enregistrés à la fin de 2022, soit une progression de 2,5 %».
En ce qui concerne les crédits alloués au secteur privé, ceux-ci ont enregistré «une forte hausse de 8,2 % à la fin de 2023, atteignant 6.236 milliards de DA, contre 5.762 milliards de DA à la fin de 2022, représentant ainsi 58 % du total des crédits à la fin de l’année dernière».
Une hausse de 4,5 % est attendue pour l’économie en 2025 et 2026
Aussi, les principaux indicateurs du cadrage macroéconomique et budgétaire du projet de loi de finances 2025 ont été présentés par le ministre. Pour la période 2025-2027, le prix de référence fiscal du baril de pétrole brut a été fixé à 60 dollars, tandis que le prix de marché est estimé à 70 dollars. En termes de croissance, l’économie devrait enregistrer une hausse de 4,5 % en 2025 et 2026, avec une croissance hors hydrocarbures de 5 % prévue pour 2025. Le produit intérieur brut (PIB) est estimé à 37.863 milliards de DA (278,71 milliards de dollars). Les exportations de biens devraient atteindre 50,9 milliards de dollars, tandis que les importations se chiffreraient à 46,07 milliards de dollars, ce qui donnerait une balance commerciale excédentaire de 4,83 milliards de dollars. Ainsi, la balance des paiements devrait également afficher un excédent de 1,17 milliard de dollars. Les réserves de change sont projetées à 72,95 milliards de dollars, représentant 16 mois d’importations de biens et services. En matière de recettes budgétaires, une augmentation de 3,5 % est attendue, atteignant 8.523,06 milliards DA, avec une fiscalité pétrolière s’établissant à 3.453,96 milliards DA. Cependant, les dépenses budgétaires devraient augmenter de 9,9 %, atteignant 16.794,61 milliards DA, entraînant un déficit budgétaire de 8.271,55 milliards DA.
La Commission des finances formule une série de recommandations, d’observations et de modifications
Lors de la présentation de son rapport préliminaire, la Commission des finances et du budget de l’APN a exposé une série de recommandations, d’observations et de modifications. Certaines relèvent de la forme, tandis que d’autres visent à reformuler ou à supprimer des articles du projet.
Le rapport, présenté par le rapporteur de la commission, souligne «la nécessité de créer un environnement favorable aux affaires et de simplifier les démarches fiscales afin de dynamiser le commerce». Il met également l’accent sur «l’importance d’attirer et de stabiliser les investissements en renforçant la transparence des transactions fiscales, tout en prenant en considération la capacité de mobiliser les ressources requises pour faire face aux besoins socio-économiques croissants, qui ne peuvent être satisfaits dans le cadre des soldes financiers prévus».
La commission a également proposé un plan global visant à «améliorer l’environnement fiscal par le renforcement du système de contrôle à tous les niveaux des services et administrations publiques, dans le cadre d’une approche budgétaire par programmes et objectifs». De plus, elle a souligné «la nécessité de moderniser le système comptable et de mettre en place un système d’information financière (SIF) basé sur des données économiques et financières fiables».
Par ailleurs, le rapport recommande que le Gouvernement soumette au Parlement, avant la fin du premier trimestre de l’exercice financier, «un rapport sur l’évolution de la situation économique du pays et l’orientation des finances publiques», tout en suggérant «de limiter l’augmentation de la vignette automobile aux véhicules utilitaires de plus de 15 CV afin d’éviter d’imposer des charges supplémentaires aux citoyens».
À l’issue de l’exposé, les députés de l’APN ont été invités à débattre des dispositions de ce projet de loi de finances, les discussions étant prévues pour se conclure demain par les interventions des présidents des Groupes parlementaires et la réponse du ministre des Finances aux préoccupations exprimées par les députés.