C’est avec une immense tristesse que nous annonçons le décès de Taha El Amiri, figure emblématique du théâtre et du cinéma algériens et héros de la Révolution, survenu mardi dernier à Alger à l’âge de 97 ans. Cette perte immense laisse un vide profond dans le monde artistique et militant de l’Algérie.
Né le 20 août 1927 dans la mythique Casbah d’Alger, Taha El Amiri, connu sous le nom de naissance Abderrahmane Bastandji, a vu ses premières scènes de vie au sein des Scouts musulmans algériens où il a commencé à mêler théâtre et engagement politique. Son parcours l’a conduit à intégrer le Parti du peuple algérien (PPA) et le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) avant de rejoindre en 1947 la troupe théâtrale de Mahieddine Bachtarzi.
Poursuivi par les autorités coloniales, il a trouvé refuge en Suisse en 1956 avant de rencontrer Mustapha Kateb. Peu après, il s’installe en Tunisie où il devient, en 1958, l’un des membres fondateurs de la troupe artistique du FLN, un acteur clé dans la lutte pour l’indépendance.
A l’ère post-indépendance, Taha El Amiri a enrichi le cinéma algérien avec des œuvres majeures telles que «Le serment» (1963), «La nuit a peur du soleil» (1965) et «Chronique des années de braise» (1975). Son empreinte dans le théâtre est tout aussi remarquable avec des rôles dans des pièces comme «Othello» et des créations révolutionnaires telles que «Awlad El Qassaba» et «El Khalidoun».
L’artiste a aussi occupé des postes importants dans le secteur audiovisuel, notamment comme directeur du Théâtre national algérien et de la télédiffusion. Son engagement pour la culture algérienne a été salué à plusieurs reprises, notamment lors du 15e Festival national de théâtre professionnel d’Alger en 2022 et par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel en 2023.
Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laïd Rebiga, a exprimé ses condoléances à la famille du défunt, saluant la contribution inestimable de Taha El Amiri à la culture et à la mémoire nationales. Il a rappelé que ce grand artiste et moudjahid faisait partie de ces figures exceptionnelles qui ont su faire résonner la voix de l’Algérie indépendante sur la scène internationale.
La cérémonie d’inhumation a lieu hier, mercredi, au cimetière de Sidi M’Hamed à Alger, après la prière du Dohr.