Le festival culturel local Sbiba, qui se déroule ces jours-ci dans la wilaya de Djanet, à l’extrême sud-est du pays, est un événement annuel visant à mettre en valeur la richesse et la diversité du patrimoine culturel du Tassili Najer.
Cet événement distingué (13-16 juillet), qui coïncide avec la célébration du jour de l’Achoura, le 10 du mois de Mouharram, occupe une place particulière dans les coutumes et traditions établies des habitants de la région car il s’agit d’une occasion de faire connaître le patrimoine culturel immatériel et contribuer à sa valorisation.
Le festival Sbiba a commencé à attirer différentes nationalités des pays arabes et étrangers, surtout après son inscription sur la liste du patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO en 2014.
La fête de la Sbiba, faut-il le préciser, remonte à des millénaires et se célèbre le jour de l’Achoura. Elle a lieu chaque année au même endroit, à proximité de l’oued de Djanet, et rassemble des Touareg venus d’ailleurs et des touristes. Lors de cette fête locale, une simulation d’un combat entre deux tribus est exécutée et met en concurrence deux quartiers actuels de Djanet, El Mihane et Zelouaz.
Les femmes, portant des vêtements traditionnels et indigo et parées de leurs plus beaux bijoux, chantent sur le son de la guenga (tambour) pour encourager les hommes. Ces derniers «affrontent» leurs adversaires en dansant et en brandissant d’une main une épée et de l’autre un foulard en signe de paix. Le tout forme un spectacle haut en couleur et de toute beauté. Les danseurs, en tenue guerrière, et les chanteuses se rendent dans un lieu appelé loghya pour pratiquer le rituel. Une fois arrivés, les danseurs forment un cercle rituel en faisant cliqueter leurs épées en continu tandis que les femmes chantent des chants traditionnels au rythme des tambourins pour encourager les hommes.
On y simule le combat pour ne plus le livrer. On danse l’épée dans une main et le foulard dans l’autre pour signifier le conflit et le pacte de paix. Féerie de musique, de chants et de danses, de couleurs des costumes, de reflets des bijoux dont les femmes se parent ou des armes que les Touareg brandissent, la Sbiba est un moment magique et inoubliable.
A l’issue de ce spectacle, deux heures le matin et deux heures l’après-midi, chacun ira de son commentaire pour désigner le quartier qui a gagné d’après lui. Actuellement sous forme de festival, les dix jours qui précèdent la fête ne sont pas en reste : concerts en plein air, préparation et entraînement des deux quartiers chaque soir sauf la veille du jour J. Des expositions sur l’artisanat et le patrimoine local ont, à cette occasion, été organisées à la bibliothèque communale de Djanet pour mettre en valeur le legs culturel matériel et immatériel qui fait la fierté de la région.