L’industrie automobile, en Algérie, a connu une série de hauts et de bas, au cours de ces dernières décennies. Après plusieurs années de stagnation et de difficultés, des signes encourageants montrent, que ce secteur est en train de se redresser et de se réorganiser, promettant un avenir plus prospère.
L’Algérie a tenté, à plusieurs reprises, de développer une industrie automobile locale. L’objectif était de réduire la dépendance, vis-à-vis des importations, de créer des emplois et de stimuler l’économie nationale. Cependant, ces tentatives ont souvent été entravées, par divers obstacles, tels que des politiques incohérentes, un manque d’infrastructures adéquates, et des partenariats internationaux, inefficaces. Récemment, le Gouvernement algérien a adopté une série de réformes, visant à revitaliser l’industrie automobile. Malgré ces progrès, plusieurs défis subsistent.
Les décisions prises par le président de la République, vont dans le bon sens
Contacté par nos soins, l’universitaire et économiste Abderrahmane Aya a bien voulu nous en parler, en mettant en exergue les défis à relever, en la matière. Selon notre interlocuteur, qui se réjouit de l’émergence d’une industrie automobile en Algérie, après des années de mise en veilleuse, a indiqué que «les défis vont bien au-delà de simples objectifs, en matière d’émergence d’une industrie automobile, et d’une régulation du marché. Les décisions prises par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, vont dans le bon sens, et permettront l’émergence d’une véritable industrie automobile, et une régulation stricte du marché».
Interrogé sur les facteurs et les conditions à réunir, pour que cette industrie se fasse sur des bases solides, et des objectifs économiques réalisables, l’économiste Abderrahmane Aya nous a répondu : «Le fait de négocier directement, avec les constructeurs, est une bonne chose. Il faut que ces derniers s’installent sur le marché, mais il faudra, par la suite, que ces constructeurs adaptent les évolutions, que connaît le marché mondial, au marché algérien».
Les constructeurs sont appelés à jouer un rôle stratégique, pour l’émergence d’un tissu industriel
Aussi, selon notre interlocuteur, «les constructeurs automobiles parlent eux-mêmes, de nouveaux paradigmes et de technologies révolutionnaires, dans le domaine de l’automobile, qu’il faudra impérativement, adapter au marché algérien, dans le futur. Il faut par-dessus tout, éviter que l’Algérie devienne un marché de substitution, il faut que ces exigences soient, sur la table des négociations. Il ne s’agit pas seulement, de construire des véhicules localement, mais de s’acheminer vers une véritable industrie, qui tient compte, à la fois, des spécificités du marché algérien, de l’évolution technologique que connaît le domaine automobile, à travers le monde, mais aussi des ambitions économiques de l’Algérie, à travers une orientation claire, vers l’exportation».
Pour cela, a tenu à préciser notre interlocuteur, «les constructeurs sont appelés, à jouer un rôle stratégique, pour l’émergence d’un tissu industriel, à travers l’implantation de sous-traitants, dans la périphérie des usines, et par des partenariats, avec les entreprises algériennes».
L’Algérie peut devenir un hub industriel, des constructeurs pour l’Afrique
Pour ce qui est des challenges, en rapport avec l’industrie automobile naissante du pays, l’économiste Aya nous a indiqué, qu’«effectivement, les challenges sont beaucoup plus importants, et se rapportent, entre autres, à la nécessité d’accroître, la part du secteur industriel, dans le Produit intérieur brut (PIB). L’ambition en la matière, est de pouvoir atteindre très rapidement, le taux de 10% au minimum. Il s’agit aussi de permettre à l’Algérie, d’exporter et de devenir un acteur de taille, sur le marché africain».
Par ailleurs, selon Abderrahmane Aya, «l’Algérie a toutes les capacités, de devenir un hub industriel des constructeurs, pour l’ensemble du Continent africain». Pour cela, a insisté notre interlocuteur, «il faut que les constructeurs, et les autres investisseurs, intègrent aussi les notions de prise de risque, et de rentabilité. C’est un marché de 300.000 à 400.000 véhicules par an, voire d’un million de véhicules, si l’on intègre les retards accusés, ces dernières années. C’est le deuxième marché africain, après l’Afrique du Sud, ce qui signifie que la prise de risque, est très rapidement contrebalancée, par la taille du marché et les perspectives d’une bonne rentabilité, et d’une viabilité économique, des projets d’investissement. Ces facteurs liés à la taille du marché, et aux perspectives en matière d’exportation, sont d’importantes garanties, pour mobiliser les financements nécessaires».
«Il est très important d’avoir un réseau de distribution, performant et professionnel, régi par une réglementation, claire et exigeante. Le cahier des charges en question, doit faire obligation aux concessionnaires, de travailler directement avec les constructeurs, et doit asseoir les règles, d’une meilleure traçabilité des transactions, afin de pouvoir éviter les erreurs du passé», a-t-il souligné, en guise de conclusion.
L’Algérie veut asseoir une véritable industrie automobile
Pour un autre économiste et néanmoins, expert en la matière, en l’occurrence Kamel Kheffache, «l’Algérie veut asseoir une véritable industrie automobile. D’ailleurs, dans sa feuille de route, le ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique a fixé l’objectif, d’avoir au moins entre 4 à 8 constructeurs solides, dans un premier temps. Avant l’entrée en production de ces constructeurs, l’ouverture du marché automobile à l’importation, n’est qu’une première étape, et une procédure d’urgence, pour répondre à la forte demande, et réduire le déficit sur le marché, après plusieurs années de rupture, en attendant l’entrée en production, des usines automobiles».
Or, ce qui est important à relever pour notre interlocuteur, «c’est d’aller résolument, vers une véritable industrie automobile, créatrice de richesse, de valeur ajoutée et d’emplois. Une usine est déjà opérationnelle, celle de Fiat, qui est implantée à Oran, et d’autres usines sont en train de s’installer. Par ailleurs, plus de 30 dossiers dans le domaine de la construction automobile, sont en cours de traitement. Il s’agit, entre autres, de la marque chinoise Cherry, qui est en train de construire une usine à Bordj Bou Arréridj, la marque JAC, à Aïn Témouchent, Geely à Médéa, et également l’engagement de Hyundai, pour la réalisation d’une usine, en Algérie». «L’Algérie ne compte pas aller vers le montage, car l’objectif assigné par les plus hautes autorités du pays, est d’avoir au moins, entre 6 à 8 de constructeurs automobiles, solides», a-t-il souligné.
Interrogé sur un aspect important de cette industrie automobile, à savoir le taux d’intégration, notre interlocuteur a répondu : «Concernant le taux d’intégration, les constructeurs sont appelées, à atteindre un taux de 10%, à la fin de la deuxième année du lancement de son usine, à 20%, à la troisième année et à 30%, à partir de la cinquième année».
Le développement réussi de la sous-traitance, un pilier de compétitivité de l’industrie nationale
Pour ce qui est de la sous-traitance avec des entreprises algériennes, qui pourraient relever le défi de la fabrication des composants automobiles, l’économiste Kamel Kheffache a affirmé, qu’«en effet, il y a des PME algériennes, d’ores et déjà identifiées, et qui sont capables d’évoluer, dans l’écosystème de sous-traitance. Dans la bourse de la sous-traitance, plusieurs PME existent, et peuvent être d’un important apport technologique et industriel, aux constructeurs automobiles. Ce qui est bien, est que ces sous-traitants, sont implantés dans différentes régions du pays, et sur diverses lignes de métiers».
Et d’aller plus loin dans son analyse en affirmant, que «l’Algérie se trouve à un tournant de son développement industriel, dans le secteur automobile. L’essor de la production automobile, associé à la montée en puissance, de la sous-traitance, ouvre de nouvelles perspectives, pour le pays. Toutefois, des défis subsistent, notamment en matière de qualité, de normes internationales et d’attraction d’investissements étrangers».
«Le développement réussi, de la sous-traitance automobile en Algérie, pourrait contribuer à renforcer, la compétitivité de l’industrie nationale, et à créer des emplois, de qualité. Cependant, il est essentiel, que les acteurs gouvernementaux, les opérateurs locaux, et les investisseurs étrangers, travaillent de concert, pour concrétiser cette vision. L’Algérie a toutes les cartes en main, pour devenir un acteur majeur, de l’industrie automobile, en Afrique et au-delà, mais le chemin à parcourir, reste semé de défis passionnants », a-t-il conclu.