A moins d’un mois de la célébration de l’Aïd el-Adha, la préoccupation de nombreux chefs de famille est d’acheter un mouton, à un prix raisonnable. Or, au vu des prix pratiqués, les ménages aux revenus modestes, seront obligés cette année, de rompre avec cette tradition ancestrale.
De plus, des signes avant-coureurs viennent confirmer cette thèse, en prédisant une hausse considérable, du prix du mouton. Les éleveurs pointent du doigt, la cherté des aliments du bétail, notamment le son de blé et l’orge, qui ont vu leur prix s’envoler, sur les marchés, officiel et parallèle. Ainsi, le prix du mouton sera fort probablement hors de portée, des bourses faibles et moyennes. Pour ces familles, l’achat d’un mouton relèvera, cette fois-ci, presque de l’impossible.
Contacté par nos soins, Brahim Amrani, vice-président de la Fédération nationale des éleveurs d’ovins, nous a déclaré : «Les prix des aliments du bétail ont augmenté. L’origine de cette augmentation, est la faible production, due à la sècheresse qui a touché plusieurs wilayas, ces deux dernières années. Une telle situation était prévisible. Nous sommes donc appelés, à nous montrer patients, et faire avec les moyens du bord, en attendant de recevoir de bonnes nouvelles. La période des récoltes étant prévue pour le mois de juin, nous espérons, que la situation se débloquera, et que les prix se stabiliseront.»
L’Etat fait tout son possible pour accompagner les éleveurs, dans cette phase difficile
Poursuivant son argumentaire au sujet de la cherté des aliments du bétail, notre interlocuteur a ajouté : «Le manque d’eau, nous a mis dans une situation délicate. S’il y aura davantage de pluie, lors des prochaines semaines, nous pourrons être dans une situation plus favorable, dans quelques mois.»
«Nous sommes optimistes, nous verrons ensuite ce que l’avenir nous réserve. Ce qui est sûr, par contre, c’est que l’Etat fait tout son possible, pour accompagner les éleveurs, dans cette phase difficile. Nous espérons, que les efforts que les éleveurs sont en train de fournir, mais aussi les responsables de l’agriculture, et ceux des ressources en eau, permettront de préserver notre cheptel national», a-t-il affirmé.
Selon Brahim Amrani, «les prix des aliments du bétail ont connu une hausse considérable, ces derniers temps. L’orge, par exemple, est vendue à 7.000 DA le quintal, alors que le son de blé, est commercialisé à 1.400 DA, et la botte de foin est à 1.400 DA. Une telle situation a poussé les éleveurs, dans différentes régions du pays, à multiplier leurs appels, pour qu’une solution soit trouvée».
Questionné au sujet des moutons importés de Roumanie, le vice-président de la Fédération nationale des éleveurs d’ovins, nous a répondu, qu’«ils sont destinés à l’abattage, pour l’approvisionnement du marché national en viande ovine, et non à la vente directe, au citoyen pour l’Aïd el-Adha».
Aucun programme d’importation de moutons destinés à la vente directe au citoyen, pour l’Aïd, n’a été mis en place
Et d’ajouter à ce propos, que «les moutons importés, s’inscrivent dans le cadre de l’opération d’approvisionnement du marché national en viande ovine, et seront destinés directement, à l’abattage sous la supervision des autorités vétérinaires compétentes. A ce jour, aucun programme d’importation de moutons, destinés à la vente directe au citoyen pour l’Aïd el-Adha, n’a été mis en place».
Evoquant l’organisation des marchés de la rahma, dédiés à la vente de moutons à l’approche de l’Aïd el-Adha, une mesure, prise dernièrement par le ministre du Commerce, nous a fait savoir, que «les éleveurs restent perplexes. Ils n’ont pas été avisés, et se demandent, qui va alimenter ces marchés annoncés dernièrement, par le ministre du Commerce».
Raison pour laquelle, Brahim Amrani estime, qu’«avant de prendre une telle décision, il aurait fallu accompagner, dès le départ, les professionnels de cette filière, et leur assurer un suivi. Il fallait penser aux éleveurs, lorsque les prix de l’orge et du son de blé, avaient augmenté, car cette flambée s’est répercutée automatiquement, sur le prix du cheptel. Aujourd’hui, il est impossible, que l’éleveur, qui a déboursé 10.000 dinars pour un quintal d’orge et un autre de son de blé, puisse adhérer aux marchés de la rahma».
Le mouton conforme aux exigences du sacrifice ne sera pas vendu, à moins de 50.000 DA
De son côté, le président de l’Organisation de protection et d’orientation du consommateur (APOCE), Mustapha Zebdi, qui dit s’attendre déjà à une flambée des prix des moutons, pour l’Aïd el-Adha, n’a pas manqué de tirer la sonnette d’alarme, au sujet de cette hausse des prix. «Les indices du marché du bétail, et les prix élevés des viandes rouges, font que le mouton conforme aux exigences du sacrifice, ne sera pas vendu à moins de 50.000 dinars», a-t-il souligné.
C’est pourquoi, notre interlocuteur a appelé, à «l’organisation d’un grand atelier, pour analyser la réalité du marché, avec la participation de tous les secteurs concernés, et se pencher sur l’Aïd el-Adha». Et de poursuivre en martelant, qu’«il fallait réfléchir plus tôt, à ces contraintes liées à la célébration de l’Aïd el-Adha, pour que nous ne soyons pas en retard, et contraints de recourir à des solutions de rafistolage, qui risquent de priver beaucoup de gens, de cette fête».
Il faut opter pour une véritable réforme du marché du bétail, et rendre les prix plus raisonnables
Dans le même sillage, Mustapha Zebdi n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour souligner, qu’«il faut opter pour une véritable réforme du marché national, pour, à la fois, aider les éleveurs dans leur profession, et rendre les prix plus raisonnables, pour le citoyen».
«Notre Organisation, l’Apoce, a, dans le cadre de ses prérogatives, déjà appelé le ministère de l’Agriculture, à prendre des mesures préventives, pour faire face à la flambée des prix des moutons de l’Aïd el-Adha, en soumettant une proposition pour l’importation de moutons, afin de casser les prix, qui s’annoncent hors de portée des petites bourses», a souligné Mustapha Zebdi, en guise de conclusion.