La campagne moisson-battage 2023/2024 a démarré sous de bons auspices en Algérie, après une saison marquée par l’importance des précipitations, contrairement à la saison précédente, qui avait connu une forte baisse de la production céréalière, en raison de la sécheresse. Un phénomène qui, pour rappel, a touché les régions céréalières, ce qui a eu un impact lourd, sur les rendements.
Il est important de souligner à cet égard, que le développement de la céréaliculture, est un objectif stratégique pour le Gouvernement, d’autant plus que l’objectif tracé est très ambitieux. Il s’agit, comme annoncé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors des dernières assises sur l’agriculture, de porter la production de céréales, à plus de 9 millions de tonnes par an, et atteindre ainsi l’autosuffisance, à l’horizon 2024/2025. C’est pourquoi, une stratégie, impliquant les départements de l’agriculture, de l’énergie, des transports et de la recherche scientifique, a été établie, d’autant plus que la feuille de route, tracée par le ministère de l’Agriculture, s’oriente plus que jamais, sur l’agriculture saharienne, en tant que principal vecteur de développement de la céréaliculture.
Concernant le blé, selon les experts, la production moyenne, était ces cinq dernières années, de 3,2 millions de tonnes, contre 3 millions de tonnes, en 2022/23, et des prévisions de 2,5 millions de tonnes, pour 2023/24. Parallèlement, pour les céréales secondaires, la moyenne était de 1,4 million de tonnes, ces cinq dernières années, pour une production de 1,1 million de tonnes, la saison dernière. Un volume identique, à celui attendu pour la campagne qui démarre.
La récolte s’annonce bonne
Contacté pour davantage de précisions, l’expert agricole Laâla Boukhalfa a fait savoir en préambule, que «si la récolte s’annonce bonne, en tout cas meilleure que celle de l’année dernière, il faut mettre en évidence, le fait que la filière céréalière fait face actuellement, à des contraintes liées à la faible pluviométrie, qui affecte le pays».
De plus, pour notre interlocuteur, «si le département de l’agriculture a lancé un programme d’irrigation d’appoint, les risques liés aux incendies de récoltes, nécessitent aussi une prise en charge». Dans ce contexte, l’expert agricole Laâla Boukhalfa a évoqué, «le lancement de la préparation d’une campagne de lutte, contre les incendies de forêts au sein de l’Autorité nationale de lutte contre les incendies, sachant qu’il sera procédé, à l’installation d’une Commission, composée de 13 secteurs ministériels, qui aura pour mission d’élaborer un programme d’actions initial, pour protéger l’environnement forestier dans le pays, contre ce danger».
Pour ce qui est de la récolte escomptée, à la faveur de la campagne moisson-battage, selon notre interlocuteur, «le Gouvernement a estimé la production, à 3 millions de tonnes, avec un rendement moyen, de 50 à 60 quintaux par hectare enregistré dans les wilayas du Sud, avec des pics, de 85 quintaux par hectare. Pour cette saison, les pluies enregistrées, en mars et au début d’avril, au Centre et à l’Est du pays, font que l’espoir d’une bonne récolte de céréales en Algérie, est permis». Et d’ajouter : «Au delà de la question de la récolte, les responsables du secteur se sont penchés, sur le troisième Recensement général (RGA), dont le déroulement s’étalera du 19 mai au 17 juillet prochain. Cette opération permettra à notre pays, de passer vers une agriculture durable, en disposant de données plus exhaustives, sur les filières du secteur. Cette opération pourrait aussi, être prolongée de 15 jours, dans certaines régions.»
Nécessité pour les agriculteurs de livrer leur production, directement aux coopératives des céréales
Dans le même sillage, notre interlocuteur a évoqué la nécessité pour les agriculteurs, de livrer leur production, directement aux coopératives des céréales et légumes secs, de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). «Pour cette année, une série de mesures vient d’être prise par les pouvoirs publics, afin d’inciter les céréaliculteurs, à livrer le maximum ou l’intégralité de leur production, aux coopératives des céréales et des légumes secs (CCLS), de l’OAIC. La principale mesure prise dans ce sens, est la révision des prix, proposés par l’OAIC aux agriculteurs, qui passent dès cette année, de 4.500 à 6.000 DA le quintal, pour le blé dur, de 3 500 DA à 5.000 DA, pour le blé tendre, et de 2.500 à 3.400 DA, pour l’orge et l’avoine», a-t-il souligné. Néanmoins, a poursuivi notre interlocuteur, «ces mesures, bien qu’elles soient attractives pour le blé, de l’avis de certains acteurs du secteur de la céréaliculture et d’autres spécialistes, elles restent à être renforcées, pour ce qui est des céréales destinées à l’alimentation animale».
En tout état de cause, a ajouté l’expert agricole Laâla Boukhalfa, «les pouvoirs publics ne semblent pas perdre de vue, le défi que représente la collecte des récoltes, notamment en céréales destinées aux cheptels, pour que le scénario de la saison dernière, ne se reproduise pas. Pour la campagne 2022/2023, les collectes d’orge n’ont pas dépassé les 135.000 quintaux, ce qui reste largement en-deçà des attentes, lorsque l’on sait que les besoins, en ce produit fortement demandé par les éleveurs, sont de 8 millions de quintaux par année».
Pour éviter le maigre bilan de l’an dernier, les pouvoirs publics ont mobilisé tous les moyens
De son côté, l’expert économique Brahim Guendouzi estime, que «la céréaliculture demeure la filière stratégique, de l’agriculture algérienne qui retient le plus l’attention des pouvoirs publics, tant les contraintes sont nombreuses, concernant son développement». «Parmi les mesures d’encouragement, on peut citer l’augmentation des capacités de stockage des céréales, qui vont contribuer à la réduction des importations et, surtout, au renforcement de la sécurité alimentaire du pays», a-t-il ajouté.
Au sujet de la campagne moisson-battage de cette année, notre interlocuteur a indiqué, que «pour éviter le maigre bilan de l’an dernier, les pouvoirs publics ont mobilisé tous les moyens nécessaires, pour réussir la campagne de cette année, en prenant une série de mesures, pour la collecte et le stockage de toute la production, tout en évitant les erreurs du passé. Aussi, pour assurer un suivi plus efficace de cette campagne, des Commissions locales ont été installées, au niveau de chaque daïra, dans le but de procéder à un Recensement des agriculteurs, à la collecte de la production et à son stockage».
«Durant ces dix dernières années, la meilleure collecte, réussie par l’OAIC, est celle de 2020, où elle a avoisiné les 35 millions de quintaux, pour tous les types de céréales, mais elle ne représentait, que 58% de la production totale», a-t-il précisé.
Pour ce qui est moyens mis pour le stockage des céréales, notre interlocuteur a fait savoir, qu’«en matière de moyens logistiques, notamment en infrastructures mobilisées pour réceptionner les volumes collectés, le ministère de l’Agriculture a fait état de capacités de stockage, de près de 70 millions de quintaux, qui seront mis à la disposition des producteurs, dont des silos de près de 35 millions de quintaux, au niveau des CCLS, et de 25 millions de quintaux, auprès des opérateurs privés, comme les minoteries et les semouleries».
