Aussitôt la décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de convoquer le corps électoral le 7 juin en vue des élections anticipées qui auront lieu le 7 septembre prochain, les partis politiques sont sortis de leur léthargie, qui a caractérisé la scène politique nationale, pour se consacrer à la mobilisation des troupes, en fixant leurs boussoles sur ce rendez-vous électoral.
Si les premières réactions ont montré une unanimité, dans l’appréciation de l’acte politique, ce qui en soi, constitue une bonne nouvelle, pour le pays. Il est à souligner, que nombre de formations politiques ont annoncé, avoir installé une Commission nationale, qui aura pour mission d’assurer les préparatifs, pour ce scrutin.
Il est clair, que lorsque l’ensemble de la classe politique adhère à une démarche initiée par le chef de l’État, cela ôte toute lecture tendancieuse, sur une prétendue crise, qui aurait obligé le président de la République, à recourir au raccourcissement de son mandat, à la tête de l’État.
Une décision intelligente et rationnelle
Par ailleurs, cette décision d’écourter son mandat présidentiel, est conforme aux termes de la Constitution du 1er novembre 2020, qui stipule, dans son article 91, que le chef de l’État «peut décider, d’organiser des élections présidentielles anticipées». Au plan strictement légal, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, est dans son plein droit, et exerce, à travers cette démarche, une de ses prérogatives que lui accorde la Loi fondamentale de la République.
Pour l’analyste politique,Hakim Boughrara, que nous avons joint, hier, «la décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, d’organiser des élections présidentielles anticipées, est une décision, intelligente et rationnelle, et un facteur de stabilisation fort, résultant d’une réflexion approfondie». Poursuivant son analyse en faisant savoir, que «la décision a fermé la porte de la confusion, des rumeurs et de la spéculation, et l’a scellée hermétiquement, pour ceux qui veulent ouvrir une nouvelle phase de transition».
Aussi, pour notre interlocuteur, «la décision du président de la République est légale, et découle de la Constitution algérienne, qui confère au président de la République, ce pouvoir d’annoncer des élections anticipées, sans explication, ni motivation de la décision, donc la décision est légale, par excellence», mettant en exergue le fait, que «cette annonce a créé une nouvelle dynamique positive, notamment au niveau des partis politiques, qui ont réagi à cette décision». «Les partis ont eu ceci d’intéressant, c’est qu’ils se sont spontanément positionnés, pour constituer une sorte de muraille infranchissable, pour toute velléité, étrangère ou locale, de fragiliser l’édifice politico-institutionnel du pays», a-t-il souligné.
L’Algérie de 2024, n’est pas celle de 2019
Interrogé sur la réaction des partis politiques, notre interlocuteur a fait savoir : «On retiendra dans les réactions, au niveau de tout le paysage partisan, un respect de la Constitution, qui confère au chef de l’État, le droit de convoquer une élection présidentielle. Une prérogative, qui n’est soumise à aucun préalable. Les partis ont ainsi pris acte, de la légalité de la démarche et ne l’ont pas commentée. C’est là, un premier enseignement, qui renseigne sur l’évolution de la pratique politique, en Algérie.» «Le respect des Institutions constitue, en effet, un facteur essentiel, dans la stabilité de l’État et donne force au droit, ce qui, intrinsèquement, protège la Nation», a-t-il soutenu.
Et d’ajouter: «Le second enseignement qui ressort des nombreuses réactions enregistrées, tient à une volonté, également générale, de contribuer à la réussite du prochain rendez-vous électoral, indépendamment des tendances idéologiques, ou encore, du niveau de préparation à aborder un tel évènement qui, faut-il le souligner, pèse énormément, dans la conscience collective de la société.»
C’est ainsi, que pour l’analyste politique, Hakim Boughrara, «plus de quatre années après les dernière élections présidentielles, il est devenu plus qu’évident, que la Constitution doit s’imposer comme seule lanterne, pour tout le monde en Algérie». «La décision d’écourter son mandat présidentiel, est constitutionnelle. Il n’y a pas à polémiquer, disent les partis dans leurs réactions», a-t-il souligné, ajoutant qu’«une posture, qui fait gagner du temps à la République, dont les acteurs politiques pourront désormais, se consacrer sur l’essentiel, à savoir, passer une nouvelle étape, dans la construction d’une démocratie, authentiquement algérienne».
Un retour à la normalité, du calendrier électoral
Pour sa part, le politologue Mustapha Heddam considère, qu’«alors que des scénarios fleurissaient, ici et là, annonçant un probable report de l’élection présidentielle, la décision du président de la République, de les tenir de manière anticipée, vient contredire ces rumeurs qui se faisaient de plus en plus insistantes». «Non seulement, il n’y a pas de report des élections, qui auraient supposé une prolongation du mandat présidentiel en cours, mais ce dernier vient d’être écourté de trois mois, suite à la décision de la tenue d’une élection présidentielle anticipée, pour le 7 septembre 2024», a-t-il affirmé.
Or, selon notre interlocuteur, «toutefois, la tenue de l’élection présidentielle, trois mois avant sa date prévue, n’est pas sans raisons». En effet, «il ne s’agit, que d’un retour à la normalité, du calendrier électoral», a-t-il souligné.
Et d’étayer son argumentaire en indiquant, que «le mouvement populaire du Hirak avait marqué l’année 2019, ce qui a causé la perturbation du calendrier des élections. À l’époque, l’élection présidentielle, qui devait initialement avoir lieu en avril, a été reportée à juillet, puis finalement, tenue en décembre de la même année». «Cette situation a créé un décalage, dans le déroulement habituel des élections, dans le pays», a-t-il expliqué, en ajoutant à propos du président de la République, Abdelmadjid Tebboune : «Retenons un parcours exceptionnel pour le président Tebboune, qui a passé toute sa vie professionnelle, au service du citoyen et de la Nation.»
«Il gravit tous les échelons de la responsabilité locale, puis plusieurs fois, ministre de la République, Premier ministre, pour accéder à la magistrature suprême, en bénéficiant de 58% des suffrages exprimés, lors de l’élection présidentielle du 12 décembre 2019. Un scrutin qui a eu comme résultat, de faire faire à l’Algérie, un bond en avant, notamment dans la perception que le chef de l’État a de la dignité des Algériens», a-t-il rappelé, non sans conclure en indiquant, que «la décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, d’organiser cette élection anticipée du 7 septembre 2024, marque un tournant, dans la vie politique du pays». «Elle vise à rétablir la stabilité institutionnelle, et à répondre aux défis géopolitiques, auxquels l’Algérie fait face», dit-il, avec grande conviction.
Enfin, pour notre interlocuteur, «le président de la République a le droit à un deuxième mandat», et «généralement, quand un Président en exercice est candidat, et qu’il postule pour un deuxième mandat, c’est qu’il a toujours plus de chances d’être réélu», a-t-il souligné.