Dans le cadre de la numérisation des paiements, le Gouvernement a pris la décision, de s’orienter vers l’adoption d’une forme numérique de monnaie, dont l’émission, la gestion et le contrôle, seront assurés par la Banque d’Algérie, sous le nom de dinar numérique algérien.
Ce projet est en cours de préparation, selon le ministre des Finances, Laaziz Faïd, qui en a fait part, samedi dernier, au siège de son département ministériel, lors d’une conférence de presse dédiée à la présentation du bilan, de sa visite à Washington, à l’occasion des réunions de printemps des Institutions de Bretton Woods.
Ainsi donc, l’Algérie, qui s’efforce d’accélérer la reconfiguration et la numérisation du secteur bancaire et des établissements financiers, en vue d’améliorer leur gouvernance, est donc prête, à numériser ses services financiers et bancaires.
Le dinar numérique garantira la transparence des transactions
Ce projet devrait, selon les experts financiers, favoriser et accroître, l’inclusion financière, mais aussi mieux lutter contre le marché noir de la devise, le blanchiment d’argent, et la fraude fiscale.
Contacté dimanche dernier à ce sujet, l’expert économique Abderrahmane Aya, pour qui «l’adoption d’une monnaie numérique de banque centrale, gagne du terrain à travers le monde», considère, que «le dinar numérique garantira, la transparence des transactions, ce qui devrait favoriser les cours des cotations des entreprises, du fait de la disponibilité des liquidités».
Et d’ajouter à ce sujet, que «l’introduction du dinar numérique, en Algérie, est une occasion en or, pour moderniser le système financier algérien, et le fonctionnement des banques, où le client serait réellement central. C’est la meilleure des alternatives, à la monnaie fiduciaire et la suite logique à la monnaie électronique». Or, selon notre interlocuteur, «l’adoption réelle de cette monnaie sur le terrain, dépendra de la détermination du Gouvernement et des Institutions financières, de la confiance des opérateurs et des citoyens».
Le dinar numérique, une valeur monétaire virtuelle, qui n’est échangée que numériquement
Interrogé sur la différence existante, entre le dinar classique et le dinar numérique, l’expert économique Abderrahmane Aya, nous a indiqué, que «la monnaie, sous forme de pièce ou de billet, a une possibilité de fuir vers les marchés parallèles, contrairement à la monnaie numérique, où il n’y aucun moyen, qui lui permet de sortir hors secteur bancaire».
«Une monnaie numérique est considérée, comme une valeur monétaire virtuelle, qui n’est échangée que numériquement. C’est une valeur monétaire, qui est stockée, sous une forme électronique, y compris magnétique. C’est en quelque sorte, un équivalent numérique, de l’argent liquide», a-t-il précisé.
Dans le même sillage, notre interlocuteur a tenu à souligner, que «l’objectif assigné à ce projet de dinar numérique vise, à augmenter les moyens de paiement, par une autre forme de monnaie».
Pour ce qui est des avantages de l’émission d’un dinar numérique, l’expert économique a indiqué, qu’«en premier lieu, il faut d’abord augmenter les transactions numériques. Actuellement, la plupart des transactions et des paiements, dans le monde, se font à travers les transactions électroniques. Deuxièmement, cette monnaie attire les investisseurs et, troisièmement, elle minimise la masse monétaire, qui circule dans le marché parallèle».
Un défi et une opportunité, pour le pays
Concernant l’Algérie, Abderrahmane Aya reste convaincu, que «l’adoption du dinar numérique, qui soutiendrait à terme, la forme physique de l’actuelle monnaie fiduciaire, est considérée comme un défi et une opportunité, pour le pays. Cela devrait permettre, une plus grande inclusion financière, ne serait-ce que pour éviter à terme, les pénuries de liquidités, permettre une plus grande traçabilité des transactions et, pourquoi pas, réduire graduellement, l’économie informelle».
Plus explicite, notre interlocuteur a indiqué, que «le dinar numérique pourrait jouer un rôle essentiel, dans l’absorption des fonds circulant dans l’informel, par le système bancaire national, en incitant les Algériens, à délaisser le cash et adopter le paiement électronique, dans leurs transactions quotidiennes».
Par ailleurs, pour Aya, «l’idée de concevoir un dinar numérique, démontre la détermination des autorités, de lutter contre toutes les formes de crime financier, de renforcer l’inclusion financière dans le pays, de faciliter l’accès des citoyens et des entreprises, aux services financiers (comptes, épargnes, crédits, assurances…), et de réduire l’utilisation de l’argent liquide, dans les commerces et lors des échanges financiers».
«La numérisation du réseau bancaire et l’utilisation de la monnaie numérique devraient, en effet, sécuriser les paiements et les transactions financières, à l’ère du e-commerce. La Banque d’Algérie (BA), est plus que jamais déterminée, à digitaliser le système bancaire, pour s’adapter aux évolutions financières et économiques internationales», a-t-il ajouté.
Aussi, selon ce dernier, «l’objectif est, également, de renforcer l’inclusion financière, un maillon important du progrès socio-économique. Cela aidera les petites entreprises et les porteurs de projets, dans les régions rurales et isolées, à libérer leur immense potentiel économique, et bénéficiera aux habitants mal lotis de ces zones. Faciliter l’accès aux services bancaires et financiers, est la priorité majeure de la Banque centrale, qui vise la modernisation du système bancaire, et réfléchit à la numérisation de la monnaie nationale».
Et de conclure en affirmant, que «la reconstruction du système financier et bancaire du pays, est l’objectif principal du Gouvernement, qui lutte contre la bureaucratie, la corruption, la fraude fiscale, le blanchiment d’argent et l’informel, qui ont ravagé l’économie nationale».
Lutter contre le blanchiment d’argent et la corruption
Pour sa part, le conseiller fiscal et président de l’Association des conseillers fiscaux algériens, Boubekeur Sellami, estime qu’«à l’ère du numérique, le besoin de renforcer la sécurité et le contrôle des systèmes de paiement, fait ressentir de nouveaux enjeux, auxquels la Banque d’Algérie doit faire face»
«Le maintien de la stabilité financière exige, dans le cadre de la Loi, de la Banque d’Algérie, de présenter une liquidité d’urgence, en faveur d’une banque solvable, confrontée à un problème de liquidité temporaire. Parmi les principaux ateliers ouverts à la Banque d’Algérie, figure la numérisation des paiements, en s’orientant vers l’adoption d’une forme numérique de monnaie», a-t-il ajouté.
Et de souligner les objectifs assignés à ce projet en indiquant, que «parmi ses objectifs importants, il y a la limitation de l’usage des valeurs physiques, telles que les billets à petites et moyennes valeurs, surtout pour les pièces ,ou les billets qui divisent d’autres pièces ou billets, lesquels sont sollicités, pour les achats de grandes masses, mais aussi pour servir la contrepartie des monnaies à rendre, dans le cas où les billets présentés, dépassent leur valeur».
Il faut savoir, en outre, que, selon notre interlocuteur, «la monnaie numérique présente toutes les caractéristiques des monnaies fiduciaires, à l’exception de l’aspect matériel». «Elle est considérée, comme une représentation digitale, de la monnaie physique émise par une Banque centrale», a-t-il ajouté. «Au-delà des fonctions traditionnelles reconnues à une monnaie, c’est-à-dire un moyen de paiement, une réserve de valeur et une unité de compte, le dinar numérique vise aussi, la réduction des coûts d’intermédiation, et le renforcement de la sécurité des échanges, le remplacement des espèces, en développant une société sans cash, et la lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption», conclut-t-il.