Bâtir une véritable résilience algérienne est le défi que s’attellent à lancer les pouvoirs publics, conscients que les attaques cybernétiques qui ciblent l’Algérie, ses Institutions et ses entreprises, sont dangereuses pour la sécurité du pays.
En effet, les menaces du cyberespace et des données stratégiques, sont devenues une question de souveraineté nationale. C’est pourquoi, l’Algérie doit se doter de moyens, pour assurer sa transition numérique, en mesure d’arrimer son économie, à l’économie mondiale. D’aucuns parmi les experts en la matière, estiment que la sécurité numérique, est devenue un aspect important, de la souveraineté des Etats et un enjeu majeur, pour leur développement économique. D’où la nécessité, de faire de la cyber-sécurité, une véritable ligne de défense, pour protéger l’Algérie, ses Institutions, son économie et ses citoyens, mais également pour assurer la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des données.
Pour s’en convaincre, nous avons pris attache, avec le docteur Younes Guerrar, un expert en technologies de l’information et de la connaissance, qui nous a affirmé tout de go, que «l’Algérie, qui est pleinement consciente de l’importance de la souveraineté numérique, œuvre sans relâche, à la consolider à travers la stratégie nationale de transition numérique, tracée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en vue de construire une économie numérique globale, d’améliorer les services publics, et de consolider l’intégration numérique, dans le cadre de la protection et de la sécurisation des données, à caractère personnel».
L’attaque numérique est la quatrième arme, après l’aviation, la marine et l’armée de terre
Et d’ajouter à ce propos, que «les cybercriminels sont de plus en plus, compétents et les attaques de plus en plus sophistiquées. Ils se sont professionnalisés et, aujourd’hui, ils vendent leurs services, à des Etats pour les utiliser dans leurs conflits géopolitiques».
Notre interlocuteur a appuyé sa thèse en affirmant, que «le numérique est la quatrième arme, après l’aviation, la marine et l’armée de terre. Il y a ce qu’on appelle actuellement, la cyber-guerre avec des actions, d’Etat à Etat, d’espionnage, de sabotage et de déstabilisation».
Enchaînant dans le même ordre d’idées, l’expert Younes Guerrar a ajouté, que «les menaces sont diverses et variées. En moyenne, il y a des centaines de virus, qui apparaissent par jour. Ce sont des menaces, qui arrivent à cause des vulnérabilités qu’on découvre tous les jours et ce, essentiellement suite aux tentions géopolitiques. Il y a un ensemble de facteurs, qui font qu’aujourd’hui, on est dans une situation de menace accrue».
C’est pourquoi, notre expert estime, qu’«il faut mettre tous les moyens en avant, pour contrer les cyber-crimes, à travers notamment une gouvernance efficiente, axée sur la formation de la ressource humaine, et la sensibilisation à la cyber-sécurité».
La cyber-sécurité, un autre pilier fondamental de la sécurité nationale
«La cyber-sécurité est un autre pilier fondamental. Les mesures de sécurité, qu’elles soient logicielles ou matérielles, appliquées aux réseaux sociaux, sont vitales pour protéger les informations contre les menaces numériques», a-t-il ajouté. C’est pourquoi, selon notre interlocuteur, «un réseau local algérien serait, une opportunité riche en potentiel, pour les entreprises algériennes, mais aussi un défi pour les acteurs mondiaux, et un appel à l’innovation pour tous. Il s’agit de souveraineté numérique, d’identité culturelle et de sécurité des données, où le protagoniste principal, est notre pays qui cherche à façonner un avenir numérique, de ses propres mains».
De son côté, l’expert international Abdelmalek Serraï, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour indiquer, que «les menaces cybernétiques ciblent désormais, tout un chacun et il est indispensable, de sensibiliser les citoyens, aux moyens de protection contre ces risques».
Renforcer la formation et la législation, pour contrer les menaces cybernétiques
«Pour contrer les menaces cybernétiques, il est indispensable, de mettre sur pied des mécanismes portant sur la formation des individus, et le renforcement de la législation, et d’apporter un soutien aux établissements, dans leurs initiatives de formation dans le but de minimiser au maximum, les risques pour les citoyens», a-t-il recommandé, à cet effet.
En outre, pour notre interlocuteur, «l’Algérie n’est pas en marge du reste du monde, en matière de cyber-défense. Le ministère de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique, a mis en place des référentiels de sécurité, qui sont régulièrement mis à jour et transmis aux Institutions et Administrations publiques, et sont accessibles à toute entreprise désirant implémenter, une politique de sécurité. Certaines Institutions et entreprises économiques sont dotées, d’un système de sécurité à la pointe de la technologie, d’autres entreprises, ou Institutions de souveraineté, pratiquent la mise en quarantaine, ou bien un confinement total, de leur système d’information, ce qui leur permet d’être à l’abri, d’une cyber-attaque».
Aussi, pour notre interlocuteur, «même si l’Algérie est dotée de Lois et de textes concernant la cyber-sécurité et le numérique, en général, la création d’une école spécialisée, pour inscrire dans la durée la riposte, aux fake news et aux campagnes visant la stabilité du pays, demeure une nécessité».
L’implication des divers acteurs est primordiale
Pour contrer ce type d’attaques, l’expert recommande, «la création d’une Ecole nationale de cyber-sécurité, qui permettra à l’Algérie, «d’avoir ses propres cadres spécialisés dans ce domaine stratégique, pour contrer toutes les menaces ciblant la souveraineté du pays, sa stabilité politique et sa sécurité nationale. C’est dans ce sens, qu’il faut comprendre l’impérieuse nécessité, de créer cette infrastructure aux missions et rôles géostratégiques, de grande ampleur et de degré de responsabilité patriotique».
«En conséquence, il nous appartient, de fédérer nos compétences et nos moyens, pour protéger l’Algérie et ses Institutions, de ces menaces», affirme-t-il, soulignant la nécessité, de faire de la cyber-sécurité, «une véritable ligne de défense».
Ainsi, pour notre interlocuteur, «l’enjeu le plus important, est de repérer les talents. L’Algérie compte de très bons ingénieurs, en informatique et en cyber-sécurité, mais la plupart d’entre eux, se font offrir des perspectives, à l’international. L’idéal est de permettre à ces porteurs de projets, de pouvoir exercer leur métier en Algérie».
La sensibilisation et l’éducation des citoyens, sont des aspects cruciaux
Notre expert n’a pas manqué de souligner l’importance cruciale de la sécurité cybernétique, dans le contexte actuel qui, selon lui, est «non seulement stratégique, mais aussi opérationnelle pour garantir la souveraineté numérique de l’Etat algérien». «L’implication des divers acteurs, est primordiale dans ce processus. La coordination, entre les Institutions gouvernementales et l’Agence de sécurité des systèmes d’information, est essentielle, pour assurer une approche salvatrice de la sécurité numérique», a-t-il ajouté.
En outre, selon notre expert, «la sensibilisation et l’éducation des citoyens, sur les enjeux de la sécurité numérique, et sont des aspects cruciaux de cette démarche. Une population bien informée contribue, à renforcer la résilience face aux menaces cybernétiques. La coopération internationale est également nécessaire, pour faire face aux défis transfrontaliers, en matière de sécurité numérique. L’échange d’expertises et les partenariats avec d’autres Nations, peuvent renforcer les capacités nationales, dans ce domaine».
«L’Algérie s’est engagée résolument, à renforcer sa sécurité numérique. Avec une approche collaborative et proactive, elle vise à assurer la protection de ses systèmes d’information, et à préserver sa souveraineté, dans le cyberespace», a affirmé Abdelmalek Serraï, en guise de conclusion.