Malgré l’évolution positive de la situation macroéconomique, les perspectives économiques de l’Algérie restent sensibles à la volatilité des prix du pétrole, d’où l’importance de poursuivre les réformes pour permettre au secteur privé, de devenir le moteur d’une croissance durable, et de la diversification de l’économie.
L’amélioration soutenue de la balance commerciale, et l’accumulation des réserves de change, renforcent la résilience de l’économie algérienne, face aux chocs extérieurs, mais les équilibres macroéconomiques restent sensibles aux prix mondiaux du pétrole, dans un contexte de profondes incertitudes, au niveau mondial.
C’est pourquoi, selon les spécialistes de la question, si le tableau de bord économique affiche des voyants qui passent, pour la plupart, au vert c’est, entre autres, en raison des rapports soutenus de l’Algérie, avec les autres pays de l’OPEP, afin de faire face aux évolutions du marché pétrolier mondial.
L’Algérie coopère avec les autres pays de l’OPEP, afin de faire face aux évolutions du marché pétrolier mondial
Interrogé, hier à ce propos, l’économiste et expert international, Abderrahmane Mebtoul, reste formel en indiquant, que «l’Algérie est toujours attentive aux cours du pétrole et du gaz, qui déterminent fondamentalement, le taux de croissance, via la dépense publique, le taux d’emploi et le niveau des réserves de change».
Et de revenir sur les fluctuations des marchés pétroliers mondiaux en indiquant, que «depuis début octobre 2023, les marchés redoutent une escalade de la situation géopolitique au Moyen-Orient, dont les tensions récentes avec l’Iran, qui contrôle le détroit de D’Ormuz, où plus de 20% des produits pétroliers y transitent. A cela s’ajoutent les tensions géostratégiques en Ukraine, ( un responsable de l’OTAN ayant déclaré le 04/4/2024, que les attaques continues de drones ukrainiens contre les raffineries russes, pourraient avoir perturbé plus de 15 % de la capacité russe, ce qui a eu un impact sur la production de carburant du pays), et les tensions en mer Rouge, plus de 12% du commerce mondial, plus de 1 000 milliards de dollars /an avant les tensions, dont le prix du transport a doublé, voire triplé, pénalisant le canal de Suez ( baisse de 42% des transactions), toutes ces tensions ayant influencé, entre /20/25%, sur le cours des hydrocarbures».
L’État algérien a déjà commencé à envisager des solutions alternatives, en investissant dans les énergies renouvelables
Concernant le proche avenir, notre interlocuteur reste affirmatif en soulignant, qu’«aucun expert ne peut prévoir, ce qui peut se passer au-delà de deux à trois ans, du fait d’importantes nouvelles mutations du modèle de consommation énergétique, et des impacts externes imprévisibles, la majorité des analystes ne prévoyant pas une généralisation du conflit, au Moyen-Orient».
C’est pourquoi, a-t-il tenu à préciser : «L’État algérien a déjà commencé, à envisager des solutions alternatives, en investissant dans les énergies renouvelables.»
Et d’expliquer en indiquant, que «l’année 2024 a connu un bond en avant, dans la réalisation du programme national des énergies renouvelables, et de l’efficacité énergétique en Algérie». «D’ailleurs, depuis janvier dernier, le projet de 2.000 mégawatts (MW), d’énergie solaire photovoltaïque, initié par la Sonelgaz, a été lancé et devra être bouclé au plus tard, au premier semestre 2025, avec l’installation d’une puissance d’énergies renouvelables (EnR), au niveau national, bien plus élevée que les 589,7 MW, recensés dans le bilan établi par le Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique», a-t-il détaillé.
Pour notre interlocuteur, «le projet des 2.000 MW consiste en la réalisation, de 14 centrales solaires photovoltaïques – au lieu des 15 prévues initialement (un lot concernant une centrale de 80 MW, ayant été annulé) – réparties sur 11 wilayas, d’une puissance unitaire, variant entre 80 et 220 MW, en plus des raccordements au réseau de transport électrique».
Et d’ajouter à ce sujet : «Cette vision du Gouvernement algérien s’appuie, sur une stratégie axée sur la mise en valeur des ressources inépuisables, comme le solaire et leur utilisation pour diversifier les sources d’énergie, et préparer l’Algérie de demain. Grâce à la combinaison des initiatives et des intelligences, l’Algérie s’engage dans une nouvelle ère énergétique durable.»
Aussi, pour l’expert Abderrahmane Mebtoul, «l’Algérie doit profiter de cette conjoncture particulière, qui ne durera pas, car le pilier du développement, est la bonne gouvernance et la valorisation du savoir, devant forcément réaliser la transition numérique et énergétique (sobriété énergétique, développement des énergies renouvelables, et de l’hydrogène vert), où le réchauffement climatique, entre 2022 et 2030, sera de plus en plus intense en Afrique, incendies, sécheresse, pluies diluviennes, disparition de villes des côtes, avec la hausse du niveau des mers, avec des impacts sur la crise alimentaire, et la crise de l’eau douce pouvant conduire à des guerres)».
L’Algérie a pris conscience de ces effets pervers, par la mise en place de mécanismes de protection
Pour parer à ces types de risques, selon notre interlocuteur, «l’Algérie a pris conscience de ces effets pervers, préjudiciables à l’avenir de l’humanité, par la mise en place de mécanismes de protection».
Pour sa part, l’expert international en économie et développement, Abdelmalek Serraï, considère à ce propos, que «depuis le début du conflit en cours au Moyen-Orient, on observe une volatilité accrue des prix du Brent, liée aux risques des répercussions des tensions géopolitiques sur l’offre, et aux craintes du ralentissement de la croissance mondiale». «La consommation mondiale de pétrole devrait atteindre, un niveau record en 2023, à la faveur de la solidité de la demande en Chine. Les prix du pétrole devraient reculer à 81 dollars le baril en 2024, (contre 83 dollars en 2023), et continuer à fléchir en 2025. Ces prévisions sont sujettes à des risques haussiers, dont notamment la prolongation des réductions de l’OPEP+, au-delà du premier trimestre 2024, et de possibles perturbations de l’offre au Moyen-Orient. Une croissance plus lente que prévu, en particulier en Chine, pourrait en revanche, conduire à des prix plus bas», a-t-il expliqué.
L’Algérie a intensifié ses efforts dans les projets liés aux énergies, éolienne et solaire
C’est pourquoi, en réaction à ces bouleversements qui apparaissent sur les marchés pétroliers mondiaux, notre interlocuteur a affirmé, que «l’Algérie a intensifié ses efforts dans les projets liés aux énergies, éolienne et solaire. Cependant, tout comme d’autres pays de la région arabe, elle doit encore multiplier par 20, sa capacité en énergies renouvelables, pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles, notamment le gaz, estiment les experts rédacteurs du rapport, qui soulignent également, que l’Algérie, qui dépend largement des ressources fossiles, a réussi à atteindre une capacité opérationnelle en énergie renouvelable, de plus de 10 mégawatts, au cours des 12 derniers mois».
Cette démarche, selon l’expert Abdelmalek Serraï, est «on ne peut plus éclairée, puisque, au-delà de ses immenses ressources en énergies fossiles, la capacité totale, actuelle et future, en énergies solaire et éolienne à grande échelle de l’Algérie, est estimée à 7.000 mégawatts, pour l’énergie solaire». «Cependant, le rapport de la Banque mondiale souligne, que les progrès réalisés dans le domaine des énergies renouvelables, restent relativement modestes, par rapport à d’autres pays et régions», a-t-il souligné.
Car , selon l’expert international, «le même rapport mentionne, que l’Algérie aurait besoin de 50 gigawatts d’énergie solaire, et 10 gigawatts d’énergie éolienne, pour remplacer la production électrique, actuellement assurée par les centrales à gaz et à pétrole».
En définitive, a tenu à souligner notre expert : «La croissance, que connaît l’économie nationale devra, désormais, s’appuyer essentiellement sur les investissements privés, nationaux et étrangers, en particulier, dans les secteurs hors hydrocarbures, afin de la rendre plus durable et surtout, moins vulnérable à la volatilité des prix du pétrole et du gaz.»