La sécurité alimentaire est le défi, que se sont lancés les pouvoirs publics, conscients que celle-ci a des conséquences sur la sécurité nationale.
En réalité, selon les experts, l’Algérie n’a jamais fait face à une crise alimentaire, grâce à la disponibilité de la production agricole nationale, et le recours à l’importation, en cas de nécessité pour approvisionner régulièrement le marché local.
C’est dire que notre pays a, de tout temps, œuvré à atteindre la sécurité et l’autosuffisance alimentaires, et à satisfaire ses besoins en matière de denrées, par le développement de l’agriculture, en s’employant à élargir les surfaces agricoles, et en récupérant les terres agricoles inexploitées, en plus d’encourager, à travers des avantages fiscaux et des mesures d’incitation, les agriculteurs à approvisionner le stock stratégique de l’Etat, en céréales notamment. Et si les signaux sont au vert, c’est dû au fait, que l’Algérie, dont l’agriculture constitue un levier important pour la diversifications économique, a toujours fourni un effort considérable, afin de maintenir les conditions adéquates, à l’importation des produits alimentaires de large consommation, tels que le lait en poudre, le sucre, le blé tendre…
Nous avons pris attache, samedi dernier, avec l’expert en agronomie Ahmed Melha, pour nous en dire davantage à ce sujet. En effet, à la question de savoir, si l’Algérie est à l’abri en matière de sécurité alimentaire, notre interlocuteur a répondu : «Le Sud du pays peut, à lui seul, garantir la sécurité alimentaire du pays. Le développement de l’agriculture saharienne et de la céréaliculture, dans le Sud du pays, commence à donner des résultats encourageants, ce qui incite à consentir plus d’efforts dans cette filière, garante de notre sécurité alimentaire».
La réforme du secteur agricole revêt un caractère prioritaire, pour les pouvoirs publics
«La réforme du secteur de l’agriculture revêt un caractère prioritaire, dans le programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, impliquant tous les acteurs, décideurs et intervenants, en aval et en amont du secteur. Une réforme est engagée, sur la base des enjeux et défis, retenus dans la feuille de route du Gouvernement, devant aboutir à une vision intégrée, pour un développement agricole durable, porté par les objectifs de sécurité alimentaire, et de diversification de l’économie nationale», a-t-il ajouté.
Par ailleurs, pour l’expert en agronomie, Ahmed Melha, «si l’agriculture algérienne s’est développée, au cours de ces dernières années, avec comme premiers impacts, l’augmentation de la production, la diversification des productions, l’amélioration de la sécurité alimentaire, du niveau de vie et de la santé, et la création d’emplois, c’est grâce à cette nouvelle vision».
L’Algérie, parmi les rares pays de la région, à pouvoir réaliser sa sécurité alimentaire
Il faut savoir, que selon notre interlocuteur, «l’Algérie est parmi les pays pionniers, aux niveaux régional et international, qui sont parvenus à réaliser la sécurité alimentaire, en s’appuyant sur la production locale, malgré le manque de pluviométrie». «Les pouvoirs publics, par le biais du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, est résolument décidé à faire du Grand Sud, le grenier de l’Algérie, en s’orientant dès l’année 2023, vers la création de pôles agricoles, destinés à l’agriculture intensive dans cette région, qui regorge de ressources hydriques, où plus de 400.000 hectares de terres ont été attribués, avec l’objectif d’atteindre un million d’hectares, d’ici la fin de 2025», a-t-il souligné.
De plus, pour notre expert, «l’Algérie œuvre à atteindre la sécurité et l’autosuffisance alimentaires, et à satisfaire ses besoins en matière de denrées, par le développement de l’agriculture, en s’employant à élargir les surfaces agricoles, et en récupérant les terres agricoles inexploitées, en plus d’encourager, à travers des avantages fiscaux et des mesures d’incitation, les agriculteurs à approvisionner le stock stratégique de l’Etat, en céréales notamment», a-t-il précisé, à ce sujet. Pour y arriver, notre interlocuteur n’a pas manqué de préciser, que «l’Algérie essaye de réduire la dépendance, en matière de sécurité alimentaire, en mobilisant toutes les ressources, afin d’insuffler un nouvel élan au développement du secteur de l’hydraulique, au vu des défis majeurs auxquels il fait face, notamment la réalisation de la sécurité hydrique, à l’ombre des changements climatiques».
Le plus important des atouts, dont dispose l’Algérie, est le facteur humain
Pour sa part, un autre expert en agronomie, en l’occurrence Abderrahmane Aya, appuie la thèse précédente, à savoir que «l’Algérie dispose d’importantes ressources matérielles, humaines et naturelles, lui permettant d’œuvrer pour assurer sa sécurité alimentaire, et éviter la dépendance aux marchés extérieurs».
«L’Algérie dispose de capacités naturelles, notamment dans la région du Sud, à leur tête, les eaux souterraines, et de vastes zones agricoles qu’il convient d’utiliser, rationnellement et scientifiquement, pour obtenir un plus grand et un meilleur produit, en exploitant le moins possible de ressources, notamment l’eau», a-t-il ajouté.
«Notre pays dispose de capacités techniques et humaines, que fournissent les Universités et les Etablissements de recherche scientifique en Algérie, pour servir le secteur agricole, en formant des ingénieurs et des techniciens, et pour assurer un soutien technique aux agriculteurs et les orienter vers des produits compatibles avec la nature du sol et du climat, de manière à garantir une meilleure rentabilité, et sans nuire à l’environnement», a-t-il soutenu.
Or, a-t-il tenu à souligner, «le plus important de ces atouts, est le facteur humain, en l’occurrence les agriculteurs, dont beaucoup disposent d’une expérience héritée au fil du temps, et maîtrisent le processus technique, l’esprit de travail et la créativité, ce qui leur permet de réaliser une croissance annuelle importante, de la production agricole, de manière à assurer l’approvisionnement du marché local, en produits nombreux et à orienter une partie de leur production, vers l’exportation», a-t-il précisé.
Par ailleurs, l’expert agronome Abderrahmane Aya a estimé, que «l’aisance financière de l’Algérie représente actuellement, une autre composante qui permet des réformes structurelles, pour les secteurs agricole et agroalimentaire, et une révision du schéma de gestion des subventions de l’Etat, aux produits de large consommation, sans affecter de manière significative, le pouvoir d’achat du citoyen».
L’Algérie couvre 70% de ses besoins, en produits agricoles
Dans le même contexte, notre expert a relevé l’intérêt porté par les pouvoirs publics, à la question de la sécurité alimentaire, et l’implication de nombreux secteurs, dans son étude. «Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique s’est récemment vu attribuer, par l’intermédiaire de la direction générale de la Recherche scientifique, un axe de recherche, lié à la sécurité alimentaire», a-t-il souligné.
Partant de ce postulat, Abderrahmane Aya a indiqué, que «l’Algérie a réussi, au cours de ces dernières années, à augmenter considérablement sa production alimentaire. Le Produit intérieur brut du secteur agricole, a plus que doublé, et la valeur de la production agricole, a augmenté ces dernières années, pour atteindre 23 milliards de dollars», non sans préciser, que «malgré cette croissance de la production agricole, il faut travailler davantage, pour assurer la sécurité alimentaire».
C’est pourquoi, notre interlocuteur n’est pas allé avec le dos de la cuillère, pour affirmer que «l’Algérie est sur la bonne voie, vers la réalisation de sa sécurité alimentaire», relevant néanmoins, que «d’autres efforts sont à consentir, avec la contribution et la mobilisation de plusieurs secteurs». «Assurer la sécurité alimentaire suppose également, s’intéresser à plusieurs autres aspects, tels que la rationalisation alimentaire et la politique des prix», a-t-il ajouté. En langage des chiffres, l’expert agronome a indiqué, que «l’Algérie couvre 70% de ses besoins en produits agricoles, et ambitionne d’atteindre 85%, en 2025. Le Gouvernement envisage de mettre en place, une stratégie, axée sur l’apport des centres, des instituts de recherches et des laboratoires nationaux, qui pourront valoriser le Patrimoine génétique national, ce qui permettra d’améliorer la productivité de trois filières essentielles : les céréales, les légumineuses et le lait».
«Nous savons, depuis toujours, que l’Algérie est un pays aride et semi-aride, mais la solution réside dans l’agriculture saharienne. L’Etat met à la disposition des agriculteurs, l’exploitation des terres agricoles, sous forme de concessions d’une durée de quarante ans renouvelables, et assure aux exploitations agricoles du Sud, un réseau de transport, dense et diversifié, avec l’apport de milliers de semi-remorques, et grâce au réseau de chemin de fer, qui continue de se développer, dans toutes les régions du pays», a-t-il soutenu.