La Journée mondiale du recyclage, que le monde célèbre le 18 mars de chaque année, a pour but de nous sensibiliser au recyclage, et de nous encourager à regarder nos déchets, sous un nouveau jour et comprendre le rôle fondamental que joue le recyclage, dans la protection des ressources et du climat.
Chaque jour, en réduisant nos déchets, en donnant une nouvelle vie à nos objets en les recyclant, nous luttons contre le gaspillage et préservons collectivement, nos ressources naturelles et l’environnement.
Parallèlement, notre pays célèbre, à l’instar de tous les autres pays, cette Journée mondiale du recyclage, car les pouvoirs publics et les experts en la matière, sont convaincus de l’importance du recyclage, pour la concrétisation de l’économie verte qui constitue l’un des principaux objectifs, de la politique sectorielle du pays.
Si le ministère de l’Environnement a pour objectif, à l’horizon 2035, la valorisation de 30 % d’ordures ménagères, 80 % de déchets dangereux et 50 % de déchets inertes, il est important de souligner, que pour la concrétisation du système de tri sélectif et des objectifs de valorisation des déchets ménagers, le rôle de la société civile, est extrêmement mis en avant.
L’Algérie ne recycle, que 10 % des déchets solides produits chaque année
Aussi, faute de gestion efficace de ses détritus, dont 80 % finissent dans les décharges, l’Algérie ne recycle, que 10 % des déchets solides produits chaque année. Sachant que 60 % sont recyclables, cela représente un coût, non seulement pour l’environnement, mais aussi pour l’économie du pays. L’Algérie perdrait ainsi, près de 300 millions d’euros, à cause du non recyclage de ses déchets, selon les chiffres du ministère de l’Environnement.
Nous avons pris attache, hier, avec l’expert en environnement, Samir Grimes, qui a bien voulu, pour les lecteurs de Maghreb Info, redevenir sur cette question lancinante du recyclage des déchets.
En effet, selon l’expert, «avec plus de 6 millions de sachets plastiques, utilisés chaque année en Algérie, soit 200 sachets par Algérien, par an, le pays est le cinquième consommateur de sachets plastiques, au niveau mondial». «Au lieu de terminer au fond de la mer, ou en haut des arbres, cette abondante matière, peut devenir une corde, un vêtement ou encore une nouvelle bouteille», a-t-il indiqué, en guise d’illustration.
Et de poursuivre son intervention en faisant savoir, qu’«il est important d’accorder une grande importance, aux mécanismes de gestion des déchets, à travers les nombreux types de recyclage et ce, dans le cadre d’une approche économique, garantissant leur valorisation et contribuant au développement de l’économie».
L’Algérie perd près de 300 millions d’euros, à cause du non recyclage de ses déchets
C’est pourquoi, pour notre interlocuteur, «le volume des déchets ménagers, produits annuellement en Algérie, représente une source importante de richesse, et nécessite de trouver des solutions innovantes, dans le domaine de gestion des déchets, permettant d’abord d’avoir accès à une meilleure qualité de l’environnement, à travers l’enlèvement de ces déchets et la relance de l’économie du recyclage performant».
«Dans la pratique, les centres de traitement des déchets, à tarer le pays, continuent de fonctionner et de s’étendre, sans tenir compte de l’exigence essentielle, de récupération et de recyclage des produits indistinctement acheminés, par les collectivités locales. Ce dysfonctionnement, dommageable à l’environnement et au cadre de vie des populations riveraines, n’est pas seulement lié à un défaut de moyens et d’équipement, mais au retard à consacrer d’une façon pérenne, la tradition de tri à la source, précisément dans les foyers», a-t-il précisé.
Evoquant la stratégies mise en place, concernant la gestion de déchets ménagers, l’économiste Samir Grimes, a affirmé que «la stratégie nationale de la gestion des déchets, tracée à l’horizon 2035, c’est de promouvoir le niveau du recyclage, et de l’analyse organique des déchets et leur valorisation, à travers l’optimisation du taux de traitement via le recyclage total des déchets ménagers, de 7% actuellement, à 20% à l’horizon 2035, avec l’augmentation du taux de traitement analytique organique, pour atteindre 50% sur la totalité du volume des déchets en 2035, en plus de la promotion des activités de valorisation», a-t-il indiqué.
Cela a amené notre interlocuteur, à faire un éclairage sur le concept de l’économie circulaire qui, selon lui, «offre beaucoup d’avantages».
L’Algérie s’est tournée résolument, vers l’économie circulaire et la valorisation des déchets
C’est ainsi, que selon lui, «les multiples avantages qu’offre l’économie circulaire, pour le développement de nouvelles activités et la consolidation des filières industrielles, ont été, une nouvelle fois, mis en avant par la ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables, qui estime, qu’il est judicieux dans ce contexte, de mettre l’accent sur son développement».
C’est pourquoi, a-t-il poursuivi : «L’Algérie s’est tournée résolument, depuis un certain temps, vers l’économie circulaire, et la valorisation des déchets. En accordant de l’importance à la revalorisation et le tri des déchets, le pays s’engage à développer de nouvelles activités, et à consolider ses filières industrielles.»
«Cette initiative s’inscrit, dans une perspective globale, où la valorisation des déchets joue un rôle crucial, dans la transition vers une économie plus durable et résiliente», a-t-il souligné.
Sur le plan des chiffres, au sujets des centres d’enfouissements des décents, l’économiste a indiqué, que «dans le cadre du programme national de gestion des déchets ménagers, 512 structures ont été réalisées, jusqu’en fin 2023, pour préserver la propreté des espaces publics, et améliorer le cadre de vie du citoyen». «Ces réalisations se traduisent, par la mise en place de 117 Centres d’enfouissement technique (CET), des déchets ménagers et assimilés, 52 CET de déchets solides, 156 décharges réhabilitées, 16 centres de recyclage et 10 centres de transfert. S’agissant de la gestion et de la valorisation, des déchets spéciaux et de déchets dangereux, les services du ministère de l’Environnement, ont procédé à l’accompagnement des opérateurs économiques, dans ce domaine et ce, par l’accréditation de 464 entreprises de collecte des déchets spéciaux, et de déchets spécifiques et dangereux, dont 114 en 2023, et l’agrément de 170 entreprises de transport des déchets spécifiques et dangereux, dont 44 autorisations au cours de l’année en cours», a-t-il conclu.
Les Algériens jettent, chaque année, 12 millions de tonnes de déchets ménagers et assimilés
Pour sa part, l’écologiste et expert en environnement, Abdelkrim Tedjani, qui a eu, auparavant, à inscrire la question du recyclage des déchets en Algérie, dans le carde l a généralisation de l’économie verte, et de l’économie circulaire, déplore aujourd’hui, qu’«en Algérie, le marché du recyclage des déchets est estimé, à 38 milliards de dinars. Les Algériens jettent, chaque année, 12 millions de tonnes de déchets ménagers et assimilés». «Seulement 12 % de cette énorme quantité, est recyclée, sachant qu’une tonne de papier recyclée, est l’équivalent de 1,41 tonne de bois économisée», a-t-il souligné
Pour ce qui est des mesures prises par les pouvoirs publics, qui, pour lui, «restent insuffisantes», notre interlocuteur a indiqué : «En ce qui concerne la gestion des déchets, outre de nombreuses Lois, l’Etat a créé plusieurs outils institutionnels : une Agence nationale des déchets (AND), un Centre national des technologies de production plus propres (CNTPP), l’Observatoire national de l’environnement et du développement durable (ONEDD), ainsi qu’un Conservatoire national des formations à l’environnement (CNFE). Suite au Plan d’action pour l’environnement et le développement durable, notre pays s’est également doté de deux programmes visant, une gestion intégrée de ce secteur», a-t-il énuméré.
Ce que nous appelons déchets ou ordures, vaut de l’or
Or, pour l’expert en environnement, Abdelkrim Tedjani, «malgré ces efforts, le secteur de la valorisation des déchets, reste vierge en Algérie. Les procédés de recyclage, en Algérie, sont loin d’atteindre les objectifs, malgré toute la volonté politique, en la matière. On en est encore au début des opérations».
C’est pourquoi, selon lui, «l’heure est à la bonne utilisation des ressources, quelle que soit leur nature. La biomasse issue des déchets industriels riche en matières organiques provenant principalement de l’industrie agro-alimentaire, peut être une source d’énergie, très intéressante pour l’Algérie. La biomasse peut être utilisée aujourd’hui, pour créer des produits commerciaux et industriels, tels que les lubrifiants, solvants, adhésifs, carburants et même de l’électricité».
Abordant la question environnementale, l’expert a indiqué : «Lorsque vous jetez des déchets, ils émettent des gaz à effet de serre, lorsqu’ils commencent à pourrir. Vous savez cette odeur nauséabonde, que l’on trouve généralement, près des poubelles. Ces gaz à effet de serre polluent l’environnement, et attirent les insectes, les mouches et les vers.» «Lorsque vous recyclez les déchets, au lieu de les envoyer à la poubelle, vous réduisez directement, la pollution. De plus, le recyclage de divers produits entraîne une réduction des émissions de carbone, ce qui réduit l’empreinte carbone de ce produit», a-t-il expliqué.
Plus rationnel, Abdelkrim Tedjani a schématisé le concept en indiquant, que «d’un côté nous préservons la nature et notre cadre de vie immédiat, de l’autre, nous donnons une autre vie à ces déchets, qui serviront dans la fabrication de divers objets». «Vous savez, dans le recyclage, tout est récupérable, transformable et réutilisable. Le verre, par exemple, broyé puis moulu, servira de matière première pour divers produits, tels que le nouveau carrelage brillant et lisse. Ce que nous appelons déchets ou ordures, vaut de l’or. Nous espérons, qu’il y aura d’autres initiatives, dans la récupération et le recyclage », a-t-il conclu.