L’Etat veille, à travers les réformes financières adoptées, à ce que les financements publics soient orientés et utilisés, là où ils sont le plus nécessaires et utiles, comme le financement des projets d’investissement productif, et la lutte contre l’inflation.
La réforme financière menée en 2023, était nécessaire et dans l’intérêt de l’économie nationale qui, malgré un contexte international instable et difficile, a réussi à marquer des points et à maintenir sa solidité financière. L’année 2023 a été riche en évolution active du cadre réglementaire.
Parmi les révolutions réglementaires marquantes, figure particulièrement, la nouvelle Loi bancaire et monétaire, publiée en juin 2023 au Journal officiel, et qui prévoit plusieurs nouveautés, dont le renforcement de la gouvernance de la Banque d’Algérie, l’élargissement des prérogatives conférées au Conseil de la monnaie et du crédit (CMC), et la création d’une Commission nationale, chargée de mettre sur pied un projet de stratégie nationale de développement des moyens de paiement.
L’Algérie affiche un progrès significatif, en termes d’indicateurs financiers
Pour l’expert financier Souhil Meddah, que nous avons joint, «pour la troisième année consécutive, l’Algérie continue à afficher un progrès significatif, en termes d’indicateurs économiques et financiers, du fait des réformes structurelles opérées par les pouvoirs publics, dans les secteurs de l’économie réelle, de l’investissement ou encore, de celui des banques qui fait présentement, l’objet d’une profonde réforme, dans le cadre de la relance économique».
Etayant son argumentaires sur la portée de ces réformes financières sur le développement économique, notre interlocuteur a déclaré, «En effet, c’est un sujet macro-économique, qui revêt et requiert aujourd’hui, la plus grande attention, notamment une importance capitale, afin d’offrir des perspectives ouvertes, à l’économie nationale, en vue d’améliorer le quotidien et les conditions de vie, des citoyens et une meilleure vie économique des entreprises».
Et d’ajouter à ce propos : «L’Etat a pour rôle, entre autres, d’organiser, de réguler et d’orienter, la croissance potentielle et, par voie de conséquence, de promulguer des Lois de finances, qui constituent l’instrument de l’action de l’exécutif, dans les domaines économique, financier et social. En somme, c’est un ensemble de relations socio-économiques ; il y a, d’un côté, tous les citoyens concernés, par trois domaines clés, l’emploi, le pouvoir d’achat et le développement social, et, de l’autre, les agents économiques concernés, essentiellement, par la fiscalité ordinaire, les investisseurs, les ménages, les commerces et les services, source fondamentale, en matière de ressources fiscales».
L’Algérie ne peut se permettre, le luxe de fonctionner en marge des évolutions mondiales
Pour notre interlocuteur, «le souci est d’aller vers une professionnalisation du secteur public, dans la perspective de l’ouverture de l’Algérie, sur le monde économique, car la nouvelle économie est celle d’un monde, globalisé et mondialisé. L’Algérie ne peut pas se permettre, le luxe de fonctionner en marge des évolutions mondiales. Oui, financer les budgets-programmes de l’Etat, c’est piloter le budget de l’Etat, à un niveau économique élevé, c’est-à-dire, se préoccuper davantage des coûts, des prix de revient et de la rentabilité économique et financière, voire un budget sans déficit et sans inflation, à l’heure où le discours officiel du Gouvernement algérien prône une nouvelle économie».
Ainsi, a tenu à souligner l’expert financier Souhil Meddah, «le budget d’un Etat, est un paramètre par excellence, de l’évolution annuelle d’un pays, et doit reposer sur la planification économique et financière, stratégique visant la viabilité des finances publiques, en cohérence entre la macro-économique et la micro-économique, qui sont l’équilibre budgétaire de l’Etat, dont notamment les crédits d’exportation, les prix du marché, l’épargne publique et privée, l’investissement, le marché obligataire, le marché boursier etc…, la clé de voute de l’économie nationale».
Interrogé sur les implications sur la relance économique et le soutien de l’activité socio-économique du pays, notre interlocuteur n’est pas allé avec le dos de la cuillère. «La réforme financière, en Algérie, est un élément fondamental du dispositif économique, capable de relancer et soutenir l’activité socio-économique du pays. Elle doit faire référence, à la régulation économique, aux lieu et place de la régulation administrative, pour favoriser la stabilité de la croissance économique, et remédier aux risques qui peuvent peser, sur les finances publiques», a-t-il affirmé.
La réforme financière, un élément fondamental du dispositif économique
C’est pourquoi, notre interlocuteur estime, que «la privatisation partielle, du CPA et de la BDL, permettra de créer une plus grande compétitivité dans le secteur financier, en général, tout en accélérant l’inclusion financière, notamment pour attirer les fonds circulant en dehors du circuit bancaire. La nouvelle Loi monétaire et bancaire ouvre la voie aux banques spécialisées, telles que les banques d’affaires, les banques électroniques et les banques islamiques spécialisées».
Pour conclure et résumer, l’expert financier Souhil Meddah estime, qu’«il est primordial, de préparer la ressource humaine, notamment des agents comptables de l’Etat spécialisés, et le statut du comptable public rénové, pour être en mesure d’exercer leurs tâches et responsabilités, avec compétence et capables aussi, de défendre les intérêts de l’Etat, l’introduction des moyens informatiques modernes et, enfin, l’assainissement de la comptabilité publique et budgétaire».
L’analyste en économie et finances, Mahfoud Kaoubi, a, quant à lui, indiqué que «le plan de réforme du marché financier national, adopté par les pouvoirs publics, est constitué de deux phases : une première, réservée à la conception d’un schéma directeur et consensuel d’organisation, de fonctionnement du marché financier et une seconde consacrée, à la mise en œuvre des matrices d’actions, retenues lors de la première phase»
Or, pour notre interlocuteur, «le système bancaire et financier algérien, qui a fonctionné pendant longtemps, pour le service des entreprises du secteur public, de gestion administrée et à faible rendements, a fait l’objet d’une réforme radicale, pour mettre fin au mode de gestion centralement planifié, et transiter vers une économie de marché». Plus précis à ce propos, l’expert financier a tenu à souligner, que «le secteur bancaire algérien n’a commencé, à observer réellement, des mutations, qu’à partir de la promulgation de la Loi sur la monnaie et le crédit, en 1990. Cette Loi a offert au secteur bancaire, un cadre de développement réglementaire et fonctionnel, plus adapté à l’orientation de l’économie nationale, vers l’économie de marché».
Nécessité d’améliorer le management des banques
Par voie de conséquence, estime l’expert Mahfoud Kaoubi, «cette réforme donnera inéluctablement, un nouvel élan au secteur financier, qui s’apprête à des mutations profondes, dans un proche avenir, notamment avec le nouveau prochain départ, de la Bourse d’Algérie, à travers la création de nouveaux mécanismes, permettant de faciliter les opérations de financement, des entreprises et des projets, et de simplifier les conditions d’introduction en Bourse. Cette dynamique sera boostée, en outre, par la finance islamique, qui servira d’outil de financements, supplémentaires et alternatifs, outre la relance du mode de financement, par emprunt obligataire».
Par ailleurs, l’expert a salué «la décision prise par les autorités financières et bancaires algériennes, d’accorder plus de rigueur, dans l’évaluation et l’appréciation des crédits accordés aux opérateurs, de même que celle d’encourager l’innovation, axée sur l’élargissement de la gamme de produits offerts, des mesures prises dans l’objectif d’améliorer les rendements, et collecter plus d’épargnes et de ressources, qui seront par la suite, réinjectées dans l’économie».
De plus, a-t-il tenu à ajouter, «il faut améliorer aussi, le management des banques, à travers l’amélioration de la connaissance de l’environnement, la maîtrise des mécanismes et des instruments financiers, et le contrôle des risques, grâce à la mise en place et au suivi, d’une politique appropriée de prévention». «Il est question désormais, de dynamiser la relation de la banque avec son client, particulièrement les entreprises nationales (publiques ou privées), au vu de leurs poids économique majeur», a souligné l’expert financier, en guise de conclusion.