Les accidents de la route continuent de faire des victimes quasi quotidiennement, malgré la multiplication des campagnes de sensibilisation initiées par les pouvoirs publics, sur la sécurité routière.
Cependant, malgré les appels à la vigilance, lancés à travers les différents canaux de communication, la route demeure meurtrière. Malheureusement, les accidents de la route font, désormais, partie du quotidien des Algériens. Pas un jour ne passe, sans son lot d’accidents avec des bilans lourds enregistrant plusieurs morts et blessés.
Ces accidents sont dus, selon des sources émanant de la Protection civile, à l’excès de vitesse, aux manœuvres dangereuses et aux comportements de certains conducteurs, notamment les jeunes, qui pour non-respect des mesures de sécurité, et les dépassements dangereux, au niveau des autoroutes et les voies connaissant un trafic dense.
Le comportement humain demeure la principale cause, des accidents de la route
Ce qui est clairement établi, c’est que le facteur humain demeure la principale cause de ces accidents, en raison du non-respect du Code de la route.
Contacté par nos soins, le chargé de l’information de la DGPC, le capitaine Nassim Bernaoui, n’est pas allé par trente six chemins, pour indiquer que «le mauvais comportement et l’inconscience au volant, restent la cause principale, des accidents de la route, en Algérie».
Et de préciser à ce sujet en indiquant, que «l’inconscience des chauffeurs, et le manque de culture routière, sont les principales causes, de ces pertes, humaines et matérielles, et l’absence de contrôle quotidien du véhicule, est le premier facteur de risque».
Ainsi, poursuit notre interlocuteur : «A l’ origine de ce cycle infernal d’ascension des accidents et des victimes de la route, que connaît notre pays, le facteur humain est incriminé, à 95,47% des cas, le véhicule, la route et son environnement, partagent le reste, en tant qu’autres facteurs complémentaires.»
La culture du signalement des manœuvres dangereuses des conducteurs, doit être développée
Comme mesure idoine, pour tenter de freiner cette hécatombe sur nos routes, Nassim Bernaoui a souligné le fait, que «la culture du signalement des manœuvres dangereuses, et de la conduite téméraire des chauffards, doit être développée, car elle est à même de contribuer efficacement, à endiguer ce phénomène et à réduire les accidents de la circulation, qui font, chaque jour, de nombreuses victimes».
Plus illustratif, notre interlocuteur, pour étayer son argumentaire, a indiqué que «le signalement des manœuvres dangereuses, en contactant directement les services de la Gendarmerie ou de la Sûreté nationales, en joignant des vidéos des infractions commises, est un moyen coercitif pratique, pour lutter contre les comportements aberrants des chauffards à l’origine, de bien des drames», ajoutant : «Les dépassements dangereux, les manœuvres dangereuses, ou encore, le refus de priorité et le non-respect de la distance de sécurité, constituent autant de facteurs à l’origine du nombre d’accidents enregistrés quotidiennement.»
Eviter les vitesses excessives, la conduite en état de fatigue et l’utilisation du téléphone
C’est pourquoi notre interlocuteur n’a pas manqué de faire appel aux conducteurs, pour «éviter les vitesses excessives, la conduite en état de fatigue et d’épuisement, l’utilisation du téléphone portable, l’indifférence au volant, de ne pas laisser une distance de sécurité suffisante, et les manœuvres dangereuses». «Ces dernières sont fréquentes, sur les routes du pays», a-t-il indiqué.
Et de rappeler, que «de nombreux conducteurs effectuent des dépassements à droite, zigzaguent entre les voitures, changent subitement de voie, roulent parfois, à contresens sur l’autoroute, roulent avec des camions surchargés et à vive allure, et utilisent, sans gêne, le téléphone au volant. En ville, les conducteurs accélèrent au niveau des passages piétons, au lieu de s’arrêter ou de ralentir, roulent à vive allure en pleine agglomération, roulent sans les feux allumés de nuit, stationnent partout et gênent la circulation automobile, et la liste des infractions au Code la route, est encore longue».
L’inclusion de l’éducation routière, en milieu scolaire, saluée
Pour sa part, l’expert et chercheur international en sécurité routière, le Dr Salama Kouache, qui a exprimé son regret, quant au développement effrayant des accidents en Algérie, a indiqué que «les accidents étaient causés, auparavant, par des infractions routières et, qu’actuellement, ils sont dus à la violence routière, et au terrorisme routier, provoqué par les chauffards qui sèment la terreur sur nos routes».
Selon le même responsable, «pour une cause ou une autre, les automobilistes roulent à tombeau ouvert, et provoquent des accidents de la route, dont les conséquences sont désastreuses, aussi bien pour la cellule familiale, que pour l’économie du pays».
C’est pourquoi, notre interlocuteur a salué, dans ce cadre, «l’inclusion de l’éducation routière en milieu scolaire», précisant que «l’enfant d’aujourd’hui, est le conducteur de demain», ajoutant que «cette initiative contribuera, à transmettre la culture routière et le respect et l’application du Code de la route».
Appliquer la Loi, dans toute sa rigueur, contre les contrevenants
Aussi, pour l’expert en sécurité routière, le Dr Salama Kouache, «il est nécessaire d’appliquer la Loi, dans toute sa rigueur, contre les contrevenants, pour faire de la sécurité routière, une priorité nationale, face aux accidents de la circulation, en Algérie».
Pour étayer on argumentaire sur les comportements dangereux, ce dernier a fait savoir à ce sujet, que «de nombreuses distractions peuvent altérer la capacité de conduire. Celle causée par les téléphones portables, constitue une préoccupation croissante, pour la sécurité routière», expliquant, que «les conducteurs utilisant un téléphone portable, sont environ 4 fois plus susceptibles, d’être impliqués dans un accident, que les conducteurs n’utilisant pas de téléphone portable. L’utilisation d’un téléphone au volant, ralentit les temps de réaction (notamment le temps de réaction au freinage, mais aussi la réaction aux feux de circulation), et rend difficile, le maintien dans la bonne voie, et le maintien des bonnes distances de suivi», poursuivant : «Les kits mains libres n’offrent pas beaucoup plus de sécurité, que les téléphones tenus à la main. L’envoi de SMS, augmente considérablement le risque d’accident.».
Toujours au sujet des comportements dangereux qui provoquent la plupart des accidents de la circulation, l’expert Salama Kouache n’a pas manqué d’indiquer, qu’«en cas de conduite en état d’ébriété, il y a un risque d’accident, dès qu’il y a un taux d’alcoolémie, même bas, et ce risque augmente sensiblement, lorsque le taux est élevé. En cas de conduite sous l’emprise de stupéfiants, le risque d’accident augmente différemment, selon la drogue utilisée». «Par exemple, le risque d’accident mortel, chez ceux qui ont consommé des amphétamines, est multiplié par cinq environ, par rapport à celui d’une personne, qui n’a pas pris ce type de produit», a-t-il précisé, avant de conclure en indiquant : «Si chacun d’entre nous adopte durablement, une conduite responsable, nous pourrons éviter les drames de la route.»
A quand l’application du permis à points ?
De son coté, le président du Syndicat national des auto-écoles, Meziane Manari, qui considère que «le formateur, tout comme l’enseignant, est avant tout, un éducateur et pas un commerçant», n’en pense pas moins, que «ce qui se passe sur les routes comme accidents, ne relève pas d’une mauvaise formation des auto-écoles», dès lors que, selon lui, «ceux qui détiennent de nouveaux permis de conduire, sont autant responsables, que ceux qui conduisent depuis longtemps».
Evoquant la formation au niveau des auto-écoles, notre interlocuteur a fait savoir, que «l’auto- école enseigne la conduite et le Code de la route, mais n’est nullement responsable, des conduites dangereuses qui provoquent des accidents de la circulation».
Concernant les comportements dangereux sur les routes, notre interlocuteur plaide pour l’application du permis à points.
En effet, pour Meziane Manari, «le système du permis à points, qui a fait ses preuves dans les nombreux pays où il a été adopté, s’inscrit dans une logique incluant, à la fois, une dimension éducative et répressive, laquelle permet de modifier durablement, le comportement des conducteurs, étant donné que le droit de conduire se trouve intimement, lié à la façon de se conduire en circulation».
Toutefois, souligne notre interlocuteur, «certains observateurs considèrent, que le permis à points, tel qu’il est conçu aujourd’hui, est loin d’être applicable, pour la simple raison, qu’il n’existe pas actuellement une Instance de justice pour trancher les litiges». «C’est tout simplement l’équivalent d’un casier judiciaire, pour que le point soit retiré, il faut que l’affaire passe en justice, et que le magistrat décide de sa soustraction», a-t-il déploré.
En définitive, pour le président du Syndicat national des auto-écoles, Meziane Manari, «investir durablement, en faveur de la sécurité routière, constitue un gain économique et social et la diminution de l’insécurité routière aura des retombées positives immédiates, et serait de grande portée, sur la santé publique et la croissance économique».