Le commerce en ligne, en Algérie, ou e-commerce, est une nouvelle activité qui commence à prendre une place sur le marché national. Toutefois, faire les achats sur Internet, mettra le consommateur dans l’incertitude.
Plusieurs ménages, ayant commandé des produits en ligne, ont été «arnaqués», en recevant des produits et appareils de moindre qualité, qui, parfois, ne fonctionnent même pas… En effet, selon certaines indiscrétions, nombreuses sont les victimes d’escroquerie, qui ont fait confiance à des vendeurs en ligne, via des plateformes des réseaux sociaux. Aussi, quand on parle d’e-commerce, on évoque également la possibilité d’une cyber-arnaque, un phénomène devenu de plus en plus récurrent, en Algérie.
Il est important de mettre en exergue le fait, qu’il devient de plus en plus fréquent, que des internautes algériens se fassent escroquer en ligne. En effet, le nombre de plaintes, portées au tribunal à ce sujet, a augmenté ces dernières années. Par conséquent, le législateur algérien a établi des sanctions visant, à punir ce genre de délit.
Par ailleurs, force est d’admettre que le meilleur bouclier contre les dépassements et les fraudes électroniques, passe par la création d’un contrôleur électronique du commerce, spécialisé et formé dans le domaine des technologies. Ce dernier assurera la surveillance des transactions commerciales du réseau, en recherchant les infractions portant atteinte aux droits des consommateurs. D’autre part, l’amendement de la Loi, portant sur le commerce électronique, comme c’est le cas en Algérie, va vers une meilleure protection du consommateur, et l’établissement d’une confiance entre le fournisseur électronique et le consommateur.
Un problème récurrent, que beaucoup d’acheteurs en ligne rencontrent
Contacté, par nos soins, le président de l’Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), Mustapha Zebdi, considère, que «c’est un problème récurrent que beaucoup d’acheteurs en ligne rencontrent. A cause de ce genre de comportement, le commerce électronique aura des difficultés à se développer, dans notre pays». «Le commerce électronique n’est pas assez développé en Algérie. Pour avoir une réelle activité du e-commerce, il faut que le paiement soit également développé. Actuellement, les plateformes et sites activant dans ce domaine, proposent des produits et le paiement se fait en espèces», a-t-il déploré.
En effet, pour notre interlocuteur, «beaucoup de choses ont été faites, mais cela reste insuffisant», citant les avantages de la carte de payement électronique, qui, selon lui, «protège les droits du consommateur, de toute arnaque des opérateurs, qui doivent être agréés pour commercialiser des produits sur le net».
De plus, Mustapha Zebdi n’a pas manqué de citer certaines causes de l’utilisation timide de cette carte qui, selon lui, sont dues, entre autres, à «l’enregistrement de l’arnaque infligée aux consommateurs, par des opérateurs informels dans le marché du net. On peut citer aussi l’enregistrement des délits électroniques, au niveau des services de Police et de la Gendarmerie. Ce qui provoque un manque de confiance, entre l’opérateur en ligne et les consommateurs, et le refus d’utiliser la carte de payement électronique».
On trouve du formel, et de l’informel, sur le marché du net
«Notre Organisation organise, depuis des années, des campagnes de sensibilisation, pour inciter les consommateurs à utiliser la carte, qui garantit le droit du consommateur, la transparence, la traçabilité du produit acheté… D’autant plus, que dans certains cas, les conditions poussent les consommateurs, à avoir une carte de payement, pour effectuer leurs achats en ligne», a-t-il souligné, non sans relever que «l’on trouve du formel, et de l’informel, sur le marché du net. Dans le marché officiel, on peut sanctionner le vendeur». «Contrairement aux vendeurs informels, qui peuvent disparaitre sans aucune trace, et l’acheteur, qui est induit en erreur, ne peut plus les poursuivre», a-t-il souligné.
Interrogé sur la meilleure manière d’éviter ce genre de fraude, notre interlocuteur a indiqué : «Le meilleur bouclier, contre les arnaques et les fraudes électroniques, demeure la création d’un contrôleur électronique du commerce.»
Voulant savoir si l’association qu’il préside a déjà eu à traiter ce genre d’affaires, Mustapha Zebdi a indiqué : «Effectivement, nous avons eu à traiter ce genre de dossier. Nous avons été sollicités, par un grand nombre de consommateurs, victimes d’une annonce sur Internet, de la part de fraudeurs qui disparaissent aussitôt leur acte accompli.»
Et de poursuivre, quant à la réactivité de son Organisation : «Nous saisissons, dans ce genre de situation, la direction du Commerce.» «Nous optons également, pour la voie de la justice, afin de rétablir le consommateur dans ses droits», a-t-il indiqué.
Fraude, abus de confiance, tromperie sur la qualité, et bien d’autres scénarii, sont à déplorer
C’est ainsi, que pour le président de l’APOCE, «le rôle des associations est complémentaire de celui de l’administration». «Notre champ de compétence est limité à la sensibilisation et au dépôt de plaintes, au niveau des instances et services compétents. Nous ne sommes pas des contrôleurs, et nous n’avons pas de budget, mais cela ne freine pas notre engagement et notre volonté, de changer les choses pour mieux protéger le consommateur», a-t-il conclu.
Pour sa part, le juriste et expert en droit, Boudjemâa Souilah, estime à ce sujet, que «les victimes des arnaqueurs ne sont, certes, pas nombreuses, comparé à d’autres pays, qui ont découvert ces plateformes bien avant les Algériens, lesquels, de surcroît, n’ont pas la culture de dénoncer une tromperie concernant la qualité, le prix d’un produit acheté sur internet, ou même un harcèlement. Cela dit, avec le e-commerce et les réseaux sociaux, les risques de se faire arnaquer augmentent, d’autant plus que le nombre d’internautes est monté en flèche, ces dernières années». «Il faut savoir, que le rapport sur l’utilisation d’Internet, dans le monde pour 2023, fait ressortir que la moitié de la population algérienne l’utilise, et que plus de 25 millions, sont actifs sur les réseaux sociaux. Le rapport en question fait état de plus de 59% de personnes connectées, enregistrant une hausse de 16%, comparé à janvier 2022. Un Algérien sur deux, utilise les réseaux sociaux, et 6,3% des hommes et 3% des femmes, effectuent des transactions en ligne», a-t-il précisé.
Et de poursuivre son argumentaire en affirmant, que «le seul tord des victimes est d’avoir cru, que le commerce en ligne pouvait être facilement dompté, pour être utilisé sans s’exposer à des escroqueries, des arnaques et d’autres dangers de la toile». «Fraude, abus de confiance, tromperie sur la qualité, fausses relations et transactions, intimidations et harcèlement, et bien d’autres scénarii, sont à déplorer», a-t-il précisé.
L’Algérie a adopté des Lois contre les fraudes électroniques
Interrogé au sujet de la législation en vigueur, notre interlocuteur a répondu : «En 2020, les services de sécurité, tous corps confondus, ont adopté un plan d’action complémentaire, qui a pour mission principale, de doter le personnel de moyens technologiques innovants, pour lutter contre toutes les formes de cybercriminalité, et garantir à tous, un espace numérique sans danger. Aujourd’hui, le phénomène ne connaît pas de frontières, et les services de sécurité ont procédé, à la création de brigades cybercriminelles, dans chaque wilaya. Ces dernières misent, sur les campagnes de sensibilisation des utilisateurs d’Internet.»
«Le citoyen peut signaler un dépassement, une infraction ou un crime constaté sur les réseaux sociaux, en appelant le 15-48 ou en contactant la DGSN, sur les pages de ses réseaux sociaux, et déposer plainte au niveau des brigades. Cela permettra la prise en charge des victimes, par des experts qui mèneront les investigations pour ce genre de crime. Aujourd’hui, les mêmes services de sécurité sont parvenus, à mettre hors d’état de nuire, des personnes impliquées dans des crimes liés à la sécurité des systèmes informatiques, d’escroquerie via Internet, et d’autres formes de cybercriminalité», a-t-il précisé.
Et de rappeler dans ce contexte, qu’«aujourd’hui, il est clair qu’avec la digitalisation des moyens de communication, se protéger des arnaques renvoie, certes, à faire preuve de vigilance, mais aussi à connaître ses droits, d’autant plus que l’Algérie a adopté des Lois contre les fraudes électroniques».