Le politologue et expert en relations internationales Mohamed Cherif Daroui a estimé, dimanche, sur les ondes de la Radio nationale que «le refus du régime militaire du Mali de l’accord d’Alger nuit avant tout au peuple malien». Plus précis, l’invité de la Radio nationale a indiqué à ce propos que «la décision des autorités maliennes issues d’un coup d’Etat militaire de désavouer l’accord de paix et de réconciliation conclu en Algérie en 2015 porte préjudice au peuple malien et à la valeur constitutionnelle de l’Etat malien, avant de nuire aux environs immédiats, représentés par la région du Sahel».
En outre, pour le politologue, force est d’admettre que «la décision de suspendre l’Accord d’Alger soulève de nombreuses questions et interrogations, car elle intervient dans une conjoncture internationale caractérisée par un chevauchement avec de nombreuses crises mondiales et conduira inévitablement à une nouvelle détérioration».
Etayant son argumentaire, l’invité de la Radio nationale estime que «la junte militaire au pouvoir au Mali n’a pas encore trouvé de solutions, de méthodes ou de réelles alternatives pour créer une relation politique et sociétale avec le peuple malien et cherche, à travers cette décision et cette déclaration en particulier, un débouché même s’il y a des pays qui veulent, d’une certaine manière, s’immiscer dans les affaires financières et se présenter comme un gardien de la souveraineté nationale».
Mohamed Chérif Daroui a ajouté : «L’élite financière est bien consciente que le conseil militaire au pouvoir au Mali est devenu, directement ou indirectement, un serviteur ou simplement un exécutant de fonctions pour les grands pays qui veulent s’immiscer dans les affaires financières et qui veulent également s’immiscer dans les affaires de la région du Sahel». Il a également affirmé que «les grandes puissances ont explicitement annoncé dans divers conseils politiques, militaires et même économiques leur intention d’augmenter les niveaux d’affrontements et de conflits dans le but d’établir une position sur le continent africain en créant des conditions d’instabilité, et la région du Sahel a toujours été le principal point de départ géographique de ces opérations, car elle est mieux préparée que d’autres à toute perturbation de l’ordre et de la stabilité sur l’ensemble du continent africain».
Fort de ces données, l’analyste politique Daroui prédit que «le peuple malien rejettera cette approche car ses conséquences seront désastreuses sur leur vie quotidienne et leur pouvoir d’achat compte tenu de la fragilité de l’économie et de la coexistence entre les différentes composantes de la communauté malienne à un moment où de nombreux experts et décideurs politiques du Mali s’expriment». «Il y a des signes d’une véritable guerre civile qui et sera plus grave pour le peuple malien frère», a-t-il souligné.
Dans le même contexte, le politologue a ajouté : «Pendant de longues années, les Maliens n’ont pas réussi à établir des institutions stables avant l’accord de paix et de réconciliation conclu sous les auspices de l’Algérie, mais les sept années de l’Accord d’Alger ont contribué au retour de la stabilité dans le pays comme en témoignent les gouvernements successifs et de nombreux pays intervenant dans l’accord, comme la France, les Etats-Unis d’Amérique et les Nations unies». «Les Nations unies ont déclaré que la stabilité était revenue à 100 pour cent», a-t-il précisé.
Pour rappel, l’Algérie a réagi à la dénonciation par les autorités de Bamako issues du coup d’Etat de 2021 de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali. C’est ainsi que, dans un communiqué rendu public, le ministère des Affaires étrangères a tenu à remettre les pendules à l’heure en sériant les faits ayant conduit à cette décision attendue.
Exprimant ses «regrets» et sa «profonde préoccupation» quant à cette dénonciation, dont il prend acte, la diplomatie algérienne a relevé le caractère «particulièrement grave pour le Mali lui-même» d’une telle décision, qui risque de remettre en cause les aspirations légitimes de toute une région à la paix et à la sécurité.
Affirmant l’engagement sans faille de l’Algérie en faveur de la mise en œuvre de cet accord «avec sincérité, bonne foi et solidarité indéfectible envers le Mali frère», le ministère des Affaires étrangères considère que les «raisons invoquées» pour justifier sa dénonciation ne correspondent «ni de près ni de loin à la vérité ou à la réalité».