La filière de la pisciculture, autrefois occultée, a déjà pris son envol en Algérie, et les résultats sont là pour confirmer la pertinence du choix des pouvoirs publics, d’investir fortement dans ce secteur qui a connu une dynamique, au cours des dernières années. On peut même parler d’un saut en avant.
Il faut également souligner l’existence des nombreuses mesures d’encouragement, faites de facilitations bancaires et douanières, pour le développement de la pisciculture et ainsi répondre à la demande croissante des produits de la mer.
Selon les experts, le secteur de la pêche et de la pisciculture connaîtra un saut quantitatif et qualitatif, dans les années à venir, qui sera traduit par une production additionnelle, de 100.000 tonnes par an.
Ce défi est à la portée du pays, qui possède de grandes potentialités, pour développer la pisciculture et l’aquaculture marine, deux créneaux qui nécessitent une grande maîtrise pour pouvoir augmenter la production de poisson du pays.
«Les eaux côtières en Algérie sont favorables à l’émergence de ce type d’activité»
Interrogé à ce sujet, l’économiste Zoubir Sahli soutient que «le développement de la pisciculture passe inévitablement, par l’activation de mécanismes d’accompagnement», s’est voulu précis en citant, entre autres, «la construction de nouvelles infrastructures pour le stockage et le transport des produits, la fourniture de financements pour les entrepreneurs et les agriculteurs, et la formation des travailleurs du secteur».
Pour notre interlocuteur, «les eaux côtières en Algérie sont favorables à l’élevage des poissons (température adéquate), et à l’émergence de ce type d’activité. Cette situation place le pays en position plus favorable, que les pays de la Rive nord de la Méditerranée, pour promouvoir cette filière», a-t-il indiqué, avant de souligner que «les pouvoirs publics affichent une volonté à développer ce créneau, qui se traduit par des textes réglementaires et des mécanismes d’aide aux investisseurs».
«La pisciculture connaît aujourd’hui un déclic»
Etayant son argumentaire, le bienfondé de la réussite de ce créneau en Algérie, l’ expert en économie, a révélé que «notre pays produit actuellement, quelque 120.000 tonnes par an de poisson, dont 13.500 tonnes issues de la pisciculture», ajoutant : «Il existe en Algérie, 60 fermes aquacoles, dont 21 fermes marines, d’une capacité de production de 10.000 tonnes par an, et une centaine de fermes aquacoles actuellement en cours d’études. Ce qui permettra à l’avenir d’augmenter la production de poissons, d’eau douce et d’eau de mer.»
Or, si pour notre interlocuteur, «le ratio de poisson par habitant, se situe entre 6 et 10 kilos par personne, selon les normes de l’OMS, et que l’Algérien n’en consomme qu’une moyenne de 5 kg par an», ce dernier estime, que «la couverture de ce déficit passera par l’investissement, dans le domaine de la pisciculture».
Interrogé sur les possibilités d’exporter ces produits, l’économiste Zoubir Sahli a indiqué, que «les exportations algériennes vers les pays africains, en matière des produits de la pêche et de la pisciculture et aquaculture, devront dépasser les 35 millions de dollars, au premier trimestre 2024», précisant que «les principales exportations sont les produits halieutiques, expédiés à l’état vivant, frais et congelés, dont le thon rouge, les crustacés, les mollusques céphalopodes et certaines autres espèces de poisson».
Raisons pour lesquelles, notre interlocuteur reste persuadé que «la pisciculture connaît aujourd’hui, un déclic». «Une sorte de ‘’douce révolution’’, à voir le niveau des investissements et les produits qui constituent une preuve supplémentaire de l’importance que revêt ce secteur, dans l’économie nationale», a-t-il souligné.
Et de conclure en indiquant : «Le ministère de la Pèche et des Produits halieutiques, est entièrement disposé, à tous les niveaux de responsabilité, à accompagner l’investissement dans le domaine de la pêche et de l’aquaculture, et de lui accorder toutes les facilitations nécessaires, pour sa réussite.»
«Encourager l’investissement de la pisciculture en eau douce, pour renforcer la production nationale»
Pour sa part, l’économiste Brahim Guendouzi a tenu tout de go, à expliciter les types d’aquaculture et de pisciculture existants en Algérie, en indiquant : «Trois types d’aquaculture sont pratiqués en Algérie. Il y a d’abord l’aquaculture marine, avec ses trois filières prioritaires. La production escomptée est de 120.000 tonnes par an, répartie entre pisciculture marine en cages flottantes (loup méditerranéen, dorade), conchyliculture (moules et huîtres creuses) et la crevetticulture marine (élevage en étangs en terre pour des essais d’espèces).»
Interrogé sur les raisons pour lesquelles le développement de la filière de la pisciculture est incontournable, notre interlocuteur a indiqué : «Le secteur de la pêche en Algérie, connaît une baisse de production de poisson, au moment où les capacités de l’Algérie dans le secteur maritime, ne sont pas bien exploitées.»
«Une des raisons principales de l’encouragement de l’investissement de la pisciculture en eau douce, est de renforcer la production nationale des poissons», a-t-il mis en exergue
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Et de rappeler, que «la Chambre algérienne des pêches et de l’aquaculture a appelé les jeunes souhaitant investir dans le domaine de la pisciculture en eau douce, à s’inscrire pour bénéficier de l’accompagnement dans leurs projets. Deux types de poissons, tilapia rouge et tilapia, sont concernés par ce programme», dit-il avant de souligner, que «la pisciculture est une nouvelle technique, qui vient de commencer en Algérie et servira à la reproduction des poissons».
«La pisciculture est la roue de secours de la pêche maritime»
«La pisciculture est la roue de secours de la pêche maritime. A travers cette technique, 5 000 petits poissons élevés peuvent grandir à 30 centimètres, et avoir le poids de 20 kilos chacun», a souligné Guendouzi, avant de mettre en garde en indiquant : «Différents types de poissons, à part les tilapias, sont capables d’être élevés en pisciculture comme la carpe, la carpe argentée, la carpe grosse bouche et la carpe infernale. La pêche maritime rencontre une insuffisance dans la production des poissons, mais les nouvelles techniques de l’élevage augmentent la quantité et rendent les poissons disponibles.»
«La pisciculture en eau douce crée de l’emploi aux jeunes»
Sur un autre volet, notre interlocuteur a indiqué qu’«il existe 81 barrages en Algérie, ce qui est avantageux pour le lancement des projets de la pisciculture. Les poissons élevés par cette technique, pèsent lourds et sont vendus facilement», selon l’économiste, qui précise que «les investissements dans la pisciculture en eau douce, sont rentables pour les porteurs de projets dans ce domaine». «Des postes d’emploi pour les jeunes souhaitant travailler dans le secteur des productions halieutiques. Durant l’année scolaire 2021-2022, 2 360 étudiants ont été diplômés des instituts et des écoles de formation, relevant du secteur de la pêche et des productions halieutiques. Ces écoles et instituts ont assuré, durant la même période, la formation de plus de 10 000 étudiants», a-t-il indiqué.
Les opérateurs économiques, appelés à investir dans ce domaine
Aussi, l’économiste Brahim Guendouzi appelle les opérateurs économiques, à «investir dans le domaine de la pêche et de l’aquaculture, pour lequel l’Etat a consacré énormément de moyens et réuni toutes les conditions, pour la réussite de leurs projets initiés dans le cadre de la diversification de l’économie et, par conséquent, la contribution à la réduction de la facture d’importation, compte tenu des enjeux d’assurer la sécurité alimentaire, et de se tourner vers l’exportation», a-t-il clairement expliqué.
Evoquant la question des besoins annuels de l’Algérien, notre interlocuteur a indiqué : «Alors que les besoins nationaux, en matière de consommation du poisson, sont estimés à 200.000 tonnes/an, le secteur de la pêche n’en produit que la moitié. Pour combler ce déficit, il est primordial de développer la pisciculture.»
«Le secteur de la pêche et de l’aquaculture enregistre un déficit, en matière de production. «Nos besoins, en matière de consommation de poissons, sont estimés entre 200.000 et 220.000 de tonnes/an, alors que la production ne dépasse pas les 100.000 tonnes/an», a-t-il déploré.
Aussi pour l’expert, «ce déficit influe sur les prix du poisson, souvent instables, d’une part, et sur le ratio par habitant, d’une autre part».
«Nécessité d’encourager la consommation des poissons des eaux douces»
Dans le cadre d’un réseau de distribution supervisé par la Chambre algérienne de pêche et d’aquaculture, la consommation des poissons des eaux douces, notamment le tilapia rouge, est nécessaire, du fait que désormais, ils sont présents à des prix compétitifs.
Raison pour laquelle, l’expert économique, Brahim Guendouzi, a souligné, dans ce contexte, qu’il faut sensibiliser les consommateurs sur «l’importance de ce poisson d’eau douce, réputé pour sa valeur nutritive, tout aussi importante que les poissons marins, son goût et ses différents modes de cuisson».
Et d’ajouter pour appuyer sa thèse, qu’«il faut savoir, également, que la pisciculture est une des branches de l’aquaculture qui implique l’élevage commercial de poissons, dans des bassins ou des enclos, tels que des étangs à poissons».
En général, selon notre interlocuteur, «il y a deux types de pisciculture. Le premier est la pisciculture d’étang, avec un bassin en terre, dans lequel les poissons se nourrissent complètement ou partiellement, à partir de la production biologique du milieu. Le second est la pisciculture intensive en bassins artificiels ou cages, dans lesquels les poissons sont exclusivement nourris avec de l’aliment apporté par le pisciculteur».
Pour ce qui est des méthodes, Brahim Guendouzi a indiqué : « Il existe plusieurs méthodes utilisées dans la pisciculture, telles que le système de cages placées dans des lacs, les systèmes de fossés ou de bassins d’irrigation pour élever des poissons, l’utilisation de grands réservoirs en plastique placés dans une serre et d’autres. Dans la production de poissons d’eau douce, la nourriture est fournie aux poissons en élevage, vient de l’extérieur.»
Evoquant la portée de la pisciculture, notre interlocuteur a indiqué : «Les nouvelles techniques d’élevage des poissons sont une solution, pour augmenter la production locale et viser l’exportation dans l’avenir. Ce qui pourrait devenir l’obstacle, c’est le manque d’intérêt à la consommation des poissons des eaux douces par les Algériens. Les porteurs de projets dans ce domaine, doivent penser également à ce problème pour diminuer les risques d’échec», affirmant que «le développement de la pisciculture est un besoin impératif».