L’Algérie, qui enregistre des performances remarquables en matière de production agricole, s’emploie, au moment où le monde célèbre la Journée mondiale de l’alimentation (le 16 octobre de chaque année), à travers des actions et des mesures adaptées, pour une sécurité alimentaire durable.
En effet, consciente du défi majeur que constitue la sécurité alimentaire, un souci partagé par tous les gouvernements à travers le monde, l’Algérie a accentué les actions pour garantir son autosuffisance alimentaire.
Un avis largement partagé par l’économiste Abdelrahmi Bessaha, qui considère que «la sécurité alimentaire contribue grandement à la réalisation de la croissance économique et, sans une stratégie de sécurité alimentaire, cette croissance se heurtera à des obstacles et à des coûts supplémentaires. Les pays qui souffrent de niveaux élevés de malnutrition ont des difficultés à développer le capital humain nécessaire pour parvenir à une croissance durable».
«L’Algérie n’a jamais fait face à une crise alimentaire»
Concernant l’Algérie, considérée comme un modèle en la matière, notre interlocuteur affirme qu’elle est «sur la bonne voie vers la réalisation de sa sécurité alimentaire», relevant néanmoins que «d’autres efforts doivent être consentis avec la contribution et la mobilisation de plusieurs secteurs». A ce titre, l’économiste Abdelrahmi Bessaha a tenu à rappeler que «l’Algérie n’a jamais fait face à une crise alimentaire grâce à la disponibilité de la production agricole nationale et au recours à l’importation en cas de nécessité pour approvisionner régulièrement le marché local».
D’ailleurs, selon ce dernier, «le rapport de la FAO, élaboré conjointement avec le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres organisation onusiennes, a classé l’Algérie parmi les pays à stabilité alimentaire et dans la catégorie des pays où la proportion de personnes souffrant de malnutrition est inférieure à 2,5% de la population totale». De plus, pour notre économiste, «l’Algérie œuvre à atteindre la sécurité et l’autosuffisance alimentaires et à satisfaire ses besoins en matière de denrées par le développement de l’agriculture en s’employant à élargir les surfaces agricoles et en récupérant les terres agricoles inexploitées, en plus d’encourager, à travers des avantages fiscaux et des mesures d’incitation, les agriculteurs à approvisionner le stock stratégique de l’Etat en céréales notamment».
Or, selon notre interlocuteur, «assurer la sécurité alimentaire suppose également s’intéresser à plusieurs autres aspects tels que la rationalisation alimentaire et la politique des prix. La diversification alimentaire est primordiale, d’où la nécessité de rendre accessibles tous les produits qui constituent une alimentation équilibrée».
«L’Algérie s’est dotée, très tôt, d’une politique alimentaire consacrant le droit à l’alimentation»
Il en est de même pour un autre économiste, en l’occurrence Ali Daoud en sa qualité d’expert en économie agricole. A cet égard, ce dernier a estimé que «les changements survenus depuis 2020 sur tous les plans confirment la vision prospective du président de la République Abdelmadjid Tebboune, qui a inscrit la nécessité de la mise en place d’un plan urgent de modernisation de l’agriculture parmi ses 54 engagements afin d’assurer la sécurité alimentaire, répondre aux besoins nationaux et mettre fin à la dépendance alimentaire».
Evoquant ainsi l’Algérie face au spectre de l’insécurité alimentaire, l’économiste Ali Daoudi a indiqué : «L’Algérie s’est dotée, très tôt, d’une politique alimentaire consacrant le droit à l’alimentation avant même que ce droit ne soit clairement préconisé par les organisations internationales, notamment les Nations unies.»
«Mais, c’est un autre volet, celui de la dépendance aux importations en céréales et autres produits, qui menace la sécurité alimentaire de notre pays», a-t-il ajouté. Interrogé sur les voies et moyens pour y remédier, l’expert Daoudi a répondu : «Rien que par rapport à sa dynamique démographique, notre système alimentaire doit accroître en permanence ses capacités productives et ses performances.»
Selon notre expert, «la transition vers un modèle de croissance basé sur l’amélioration de la productivité est classée au chapitre des priorités. Sa réussite sera garante de l’amélioration du taux de croissance agricole actuel. Un défi stratégique au regard de l’évolution attendue de la population, soit 51 millions en 2030 et plus de 70 millions d’habitants en 2050».
«L’eau, un autre facteur qui pèsera lourdement sur la sécurité alimentaire»
Hormis le développement de l’agriculture, l’économiste Ali Daoudi a évoqué la question hydrique, en l’occurrence l’eau. En effet, pour notre interlocuteur, «l’eau est un autre facteur qui pèsera de tout son poids dans cette équation de la sécurité alimentaire. Le déficit pluviométrique est clairement perceptible. De plus, une pluviométrie faible augmente la forte pression existante sur l’eau mobilisée et diminue la recharge des aquifères déjà surexploitées».
En tout état de cause, notre interlocuteur a affirmé que «l’Algérie dispose d’importantes ressources matérielles, humaines et naturelles lui permettant d’œuvrer pour assurer sa sécurité alimentaire et éviter la dépendance aux marchés extérieurs».
Il a, dans ce sens, relevé «les capacités naturelles dont dispose l’Algérie, notamment dans la région du Sud, et à leur tête les eaux souterraines et de vastes zones agricoles qu’il convient d’utiliser rationnellement et scientifiquement pour obtenir un plus grand et meilleur produit en exploitant le moins possible de ressources, notamment l’eau».
D’autre part, l’économiste Ali Daoudi a souligné «les capacités techniques et humaines que fournissent les universités et les établissements de recherche scientifique en Algérie pour servir le secteur agricole en formant des ingénieurs et des techniciens pour assurer un soutien technique aux agriculteurs et les orienter vers des produits compatibles avec la nature du sol et du climat de manière à garantir une meilleure rentabilité et sans nuire à l’environnement».
«Face aux changements climatiques, le plus important c’est le facteur humain»
Poursuivant son argumentaire, notre interlocuteur a tenu à mettre en exergue le fait selon lequel «le plus important de ces atouts est le facteur humain, en l’occurrence les agriculteurs, dont un grand nombre dispose d’une expérience héritée au fil du temps et maîtrise le processus technique, l’esprit de travail et la créativité. Ce qui leur permet de réaliser une croissance annuelle importante de la production agricole de manière à assurer l’approvisionnement du marché local en produits nombreux et à orienter une partie de leur production vers l’exportation».
Et d’ajouter dans le même contexte : «L’aisance financière de l’Algérie représente actuellement une autre composante qui permet des réformes structurelles pour les secteurs agricole et agroalimentaire ainsi qu’une révision du schéma de gestion des subventions de l’Etat aux produits de large consommation sans affecter de manière significative le pouvoir d’achat du citoyen.»
«Le phénomène du changement climatique, qui affecte négativement la production agricole par la hausse des températures, la baisse des précipitations et la baisse de la qualité des sols, nécessite des travaux pour exploiter les potentiels naturels et humains disponibles de manière scientifique et rationnelle en augmentant la production de diverses denrées alimentaires de façon à garantir la sécurité alimentaire», a-t-il souligné en guise de conclusion.