Afin de diversifier son économie pour assurer sa sécurité alimentaire, l’Algérie entend valoriser les potentialités existantes au sud du pays, qui recèle d’importantes ressources à même de répondre aux besoins propres de ces régions en produits alimentaires des populations et de jouer un rôle important dans l’amélioration de la sécurité alimentaire de la nation.
Ceci se justifie, faut-il le préciser, par les conditions agro-climatiques des régions des piémonts de l’Atlas saharien, du bas Sahara (Biskra et El Oued) et même du centre du Sahara (Ouargla et Ghardaïa) qui offre l’opportunité à un développement des filières de productions hors saison. Aussi, avec l’apport des énergies renouvelables en relation avec l’agriculture saharienne, il faut s’attendre à des résultats époustouflants dès lors que l’Algérie recèle d’énormes potentialités dans tous les types d’énergie renouvelable.
Le tourisme saharien n’échappe pas à cette ambition ; les atouts touristiques ne manquent pas en ce sens avec l’existence de sites naturels et archéologiques à couper le souffle, un tourisme religieux, un patrimoine local mondialement reconnu, des oasis et vieux ksour merveilleux qui ne demandent qu’à être visités. Et c’est dans cette optique que le ministère du Tourisme et de l’Artisanat se prépare intensivement pour la saison touristique saharienne 2023/24, qui se déroule d’octobre à avril, afin de faire du Grand Sud une destination de choix pour les visiteurs nationaux et étrangers.
Pour l’économiste et expert agricole Laâla Boukhalfa, que nous avons joint ce mardi, «les perspectives d’investissement dans les dix nouvelles wilayas du Sud sont très prometteuses au vu des atouts qu’elles recèlent». «Il est important d’associer les responsables locaux au soutien et à l’accompagnement des opportunités d’investissement disponibles dans la wilaya, qui constituent un avenir prometteur pour l’économie nationale si elles sont convenablement exploitées», a-t-il ajouté. «Il faut viser la création d’investissements pour un véritable décollage économique du pays», a-t-il insisté.
S’agissant de la mise en valeur de terres agricoles dans les wilayas du Sud, notamment à Touggourt, El-Menia, El-Meghaier et Timimoun, notre interlocuteur a indiqué que «l’Etat est là pour assurer l’aide, l’orientation et l’accompagnement nécessaires en la matière. Toutes les instances sont concernées pour réaliser de meilleurs résultats».
«Dans le cadre de sa stratégie agricole, l’Algérie part à la conquête de son désert»
Pour être précis sur la question, l’expert agricole a indiqué : «L’Algérie accorde une attention particulière à l’agriculture saharienne pour son rôle dans le renforcement de la sécurité alimentaire avec une production agricole durable capable d’approvisionner les marchés et couvrir les besoins des consommateurs en produits agricoles tout au long de l’année.»
«Les politiques judicieuses adoptées par les pouvoirs publics ont également permis de mettre en place une base agricole solide dans toutes les régions du pays susceptible de s’accroître, de se développer et de s’étendre grâce aux incitations et facilitations accordées aux agriculteurs et producteurs des filières agricoles stratégiques, en particulier dans les wilayas du Grand Sud», a-t-il affirmé.
Pour l’expert agricole Laâla Boukhalfa «les investissements initiées par les pouvoirs publics au sud du pays sont prometteurs. La wilaya d’El Oued, autrefois région aride du Sahara algérien, est devenue un véritable pôle agricole international. Cela a permis de créer des emplois et de renforcer la sécurité alimentaire du pays. Dans le cadre de sa stratégie agricole, l’Algérie est partie à la conquête du désert».
«La décision d’investir dans les wilayas du Sud tombe à point nommé»
Pour sa part, l’économiste Kamel Kheffache est formel en indiquant que «la décision des pouvoirs publics d’investir dans les wilayas du sud du pays tombe à point nommé. L’idée de la valorisation des terres sahariennes était initialement liée aux choix de certaines cultures adaptées à la culture en serre et autres solutions techniques et modes de production qui ont permis, au fil du temps et de l’expérience, l’amélioration de leur qualité et l’augmentation de leur rendement». Et d’ajouter : «L’agriculture saharienne est devenue un moteur principal de la croissance économique du pays et a prouvé sur le terrain sa capacité à fournir les produits de première nécessité sur les marchés locaux. Elle constitue une véritable source d’exportations en dehors du secteur de l’énergie.»
«Les opportunités d’investissement dans le Sud sont très prometteuses»
Aussi, pour notre interlocuteur, «les opportunités d’investissement dans le Sud sont prometteuses en raison de la disponibilité de vastes surfaces et d’eaux souterraines, ce qui se répercutera positivement sur le volume de production agricole, en particulier des cultures stratégiques, mais aussi sur l’amélioration du niveau de vie des citoyens».
C’est pourquoi l’économiste Kamel Kheffache a affirmé : «Avec sa nouvelle politique d’investissement dans le secteur agricole au Sud, l’Algérie peut atteindre et assurer l’autosuffisance alimentaire d’ici quelques années à condition de poursuivre l’encouragement des investisseurs intéressés par les produits agricoles stratégiques.»
Dans ce contexte, notre interlocuteur n’a pas manqué d’estimer «nécessaire d’accélérer la modernisation de l’agriculture saharienne et d’aller vers le développement des industries de transformation en fournissant la mécanisation et les équipements modernes, en construisant des entrepôts pour recevoir les cultures, en reliant les pôles agricoles aux chemins de fer et aux routes et en exploitant les aéroports».
Pour l’économiste, «il existe des millions d’hectares agricoles vierges dans le Sud, soutenus par de grandes capacités hydrauliques, susceptibles de garantir l’avenir de l’agriculture en Algérie à travers le développement des filières des céréalières, de la datte et des fourrages, de l’élevage et des industries manufacturières liées aux produits agricoles».
«La wilaya de Biskra occupe la première place dans la production de nombreuses cultures et est capable de doubler sa production, notamment dans les filières légumes et dattes en exploitant l’énergie des jeunes dans l’investissement agricole, en accompagnant les filières des céréales, de l’aviculture et de l’élevage et en soutenant les filières agro-alimentaires et fourragères», a-t-il précisé. «Les wilayas du Grand Sud disposent de zones pastorales et agricoles très importantes que les pouvoirs publics devraient développer et étendre pour résoudre le problème d’approvisionnement en viande et en lait frais et mettre définitivement à l’exportation ces matières à l’avenir», a-t-il conclu.
«Le tourisme saharien, un véritable levier de croissance de l’économie»
Pour ce qui du tourisme saharien, véritable levier de croissance de l’économie nationale, l’expert international en tourisme Saïd Boukhelifa est formel : «Hormis l’agriculture et les énergies renouvelables, l’Algérie a mis à profit les potentialités existantes au Sud pour favoriser un développement économique et social durable en s’appuyant sur le secteur touristique, créateur de richesse et pourvoyeur d’emplois.»
Et d’ajouter : «Le succès de la destination du désert du pays est corroboré par les milliers de touristes nationaux qui ont séjourné dans la région et l’afflux attendu à l’occasion de l’ouverture de la saison touristique prévue ce mois d’octobre.» Et de préciser à ce propos : «Le flux touristique national et international peut avoir un impact financier considérable pour les opérateurs et autres professionnels du tourisme activant dans la Saoura, qui possède des atouts touristiques importants. Les potentialités touristiques naturelles du Sud et la générosité de sa population sont à l’origine du succès touristique et de l’engouement que connaît cette destination auprès des touristes.»
Ces potentialités naturelles, selon l’expert Boukhelifa, «constituent un facteur d’attractivité pour l’industrie touristique, et le ministère de tutelle s’est engagé à encourager les opérateurs économiques, publics et privés, à investir dans les différents créneaux économiques, notamment au niveau des zones à vocation touristique à l’image de Taghit».
