Après une année 2022 record, la compagnie pétrolière nationale Sonatrach a annoncé avoir découvert dix nouveaux gisements au cours du premier trimestre de l’année 2023.
Dans un contexte de baisse globale de la production, la manne pétro-gazière ne tarit pas et place l’Algérie en position de force sur le marché international des hydrocarbures. L’Algérie augmente, ainsi, de manière considérable son potentiel pétro-gazier, confortant ainsi sa place de 18e producteur de pétrole au monde et de 3e en Afrique. L’Algérie est aussi le 10e producteur mondial de gaz et un fournisseur clé pour l’Europe vers laquelle la majeure partie du volume est exportée au moyen de gazoducs transfrontaliers.
Dans un contexte de marché international des hydrocarbures en dents de scie, sous la double influence des sanctions de l’Union européenne contre la Russie et de la crise dans le secteur bancaire, l’Algérie tend à prouver qu’elle est un acteur de premier plan pour ces matières premières. Ces découvertes démontrent l’attractivité du domaine pétro-gazier en Algérie.
«Des découvertes qui permettront à l’Algérie de s’imposer à l’international»
Contacté par nos soins, mercredi dernier, l’expert en énergie Ahmed Tertar n’est pas allé par trente-six chemins pour affirmer que «ces récentes découvertes vont permettre à l’Algérie d’évaluer ses capacités et ses sources de production».
Et d’ajouter en guise d’explication que «les récentes découvertes de Sonatrach permettront à l’Algérie de jouer un rôle important sur le marché international étant donné qu’elles lui permettront à l’Algérie d’augmenter ses réserves de pétrole et de gaz».
En outre, pour notre interlocuteur, «ces deux matériaux sont nécessaires surtout avec les répercussions récentes du conflit russo-ukrainien». «Après que Sonatrach ait annoncé huit découvertes en 2022 et dix au cours du premier trimestre de l’année 2023, l’Algérie peut se positionner dans les premiers rangs au sein des pays exportateurs de gaz. Dans l’OPEP également, où sa tolérance s’est accrue à travers sa production de cette énorme quantité de pétrole, de gaz et de réserves», a-t-il précisé.
Et d’ajouter dans le même ordre d’idée que «cela permettra aussi l’Algérie d’attirer des importateurs étrangers, notamment l’Union européenne qui cherche à signer des marchés avec l’Algérie». «Avec ces découvertes l’Algérie pourra répondre à ses engagements et sera à l’aise pour subvenir aux besoins de ces pays à travers son exploration et le flux de gaz algérien vers l’Europe via l’Italie et l’Espagne, se libérant ainsi de la rente, ce qui augmentera ses capacités de production et lui permettra également d’atteindre le développement économique durable visé par le programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune», a-t-il souligné.
Poursuivant son argumentaire, l’expert en énergie Ahmed Tertar n’a pas manqué de préciser que «l’utilisation optimale de ces ressources énergétiques renouvelables, en particulier les découvertes fossiles (pétrole et gaz), vont lui permettre de se positionner à la tête des pays africains dans la production de pétrole et de gaz et au sein des groupes des pays exportateurs de pétrole dans les pays arabes, une réputation positive pour l’Algérie au sein des instances et des organisations internationales».
«Les hydrocarbures, un secteur déterminant dans le développement économique de l’Algérie»
Pour sa part, l’expert en économie Abderrahmane Hadef estime qu’«avec les importantes découvertes d’hydrocarbures réalisées ces derniers mois en Algérie et les retombées du conflit en Ukraine, l’Algérie se dote ainsi d’assez d’arguments pour avoir une influence de plus en plus renforcée du pays sur le marché énergétique international». Pour notre interlocuteur, «l’Algérie a non seulement les ressources énergétiques, qu’elles soient fossiles ou renouvelables, mais aussi les moyens humains et réglementaires pour se positionner en tant que partenaire de premier plan au sein du bassin méditerranéen, en particulier en Europe».
En outre, pour cet expert, «avec le contexte géopolitique qui prévaut présentement en lien avec le conflit entre la Russie et l’Ukraine, l’Algérie, avec l’augmentation de ses ressources énergétiques, confortera sa position en tant que fournisseur énergétique de premier plan tant au niveau régional qu’intercontinental».
Evoquant les richesses fossiles de l’Algérie, notre interlocuteur a précisé qu’elle «dispose d’un énorme potentiel en matière d’énergies fossiles (pétrole et gaz) par rapport aux réserves trouvées et d’autres qui sont déjà en exploitation».
«Une réputation positive pour l’Algérie au sein des organisations internationales»
Et d’ajouter dans le même contexte que «les années 2022 et 2023 ont connu une reprise d’une réelle relance de la production dans ces deux segments qui sont matérialisés par une augmentation de la production que ce soit de pétrole ou de gaz».
C’est pourquoi, Abderrahmane Hadef a appelé à «mettre l’accent sur les découvertes qui ont été enregistrées durant la même période par Sonatrach», qui, selon lui, «prouvent que, pour les années à venir, le secteur pétrolier sera déterminant dans le développement économique du pays dans la mesure où il permettra à Sonatrach de développer son programme d’investissement, soit plus de 40 millions de dollars de réserve pour les trois prochaines années pour le financement de cet investissement», a-t-il souligné.
«L’Algérie se dote d’arguments pour avoir une influence de plus en plus renforcée»
A propos du développement des autres secteurs en lien avec le secteur de l’énergie, Hadef a déclaré : «Il faut savoir que le même secteur va avoir des effets d’entraînement pour d’autres secteurs, en particulier le domaine de la pétrochimie sur lequel Sonatrach a annoncé des projets sérieux pour les années à venir dans le domaine des dérivés du pétrole et du gaz. Les autres secteurs pourraient tirer profit de cette dynamique et permettre à l’Etat d’avoir une nouvelle source de devises qui permettrait d’orienter l’investissement dans d’autres secteurs d’activité qui constituent une priorité pour le gouvernement comme ceux des mines et de l’industrie.»
«Les avantages des richesses souterraines de l’Algérie»
Concernant le redéploiement de l’Algérie sur la scène internationale suite à ces nouvelles découvertes, notre expert économique a tenu à préciser que «le marché du pétrole et du gaz est en train de connaître une mutation assez importante, et l’Algérie ambitionne d’être un acteur important dans ce marché, en particulier le marché européen où l’Algérie dispose d’avantages solides. Le projet de réalisation d’un deuxième gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie prouve qu’il y a une volonté d’accroître aussi bien les capacités de production que les capacités du gaz et de liquéfaction du gaz notamment».
Pour réaliser cette ambition, l’expert a indiqué que «l’Algérie doit, d’une part, réajuster sa stratégie de développement afin de l’adapter au contexte énergétique global, actuellement en grande mutation. Un changement essentiellement lié à la volonté des pays, européens entre autres, d’assurer, à moyen et long termes, leur sécurité énergétique. D’autre part, l’Algérie devrait tabler sur la capacité de la compagnie publique de pétrole Sonatrach à honorer ses engagements contractuels vis-à-vis de ses partenaires. Un atout majeur qui a contribué au succès de la firme publique depuis plusieurs années et qui devrait l’aider à renforcer son influence».
«L’Algérie, troisième pays pétrolier d’Afrique»
Aussi, selon notre interlocuteur, «la démarche doit également s’accompagner d’une industrie du renouvelable, créatrice de beaucoup d’emplois, ce qui permettra à l’Algérie d’anticiper sa propre sécurité énergétique et de limiter la dépendance de l’économie nationale à l’exploitation pétrolière».
Toutefois, bien que la crise ukrainienne soit une opportunité pour le gaz algérien d’augmenter ses parts de marché, notre interlocuteur n’a pas manqué de souligner «la nécessité pour le pays, d’explorer son potentiel en gaz de schiste, sous peine de rater le coche». Et de conclure en indiquant que «l’Algérie, troisième pays pétrolier d’Afrique avec plus de 12 milliards de barils de réserves, réalise depuis le début de l’année une performance opérationnelle remarquable, marquée par plusieurs découvertes significatives d’hydrocarbures».
En définitive, avec ces nouveaux gisements d’hydrocarbures, il est permis de se convaincre que la moisson n’est certainement pas terminée. Et pour cause, la compagnie pétrolière nationale Sonatrach a programmé, dans le cadre de son plan annuel, le forage de 45 puits dans toutes les régions du pays.
