Le nombre des noyés dépasse celui de l’année dernière
Un été meurtrie
Si la période estivale est synonyme de repos et de vacances, elle est aussi, malheureusement, la période où le nombre des décès par noyade atteint des proportions alarmantes, que ce soit au niveau des barrages, des plans d’eau ou des plages.
Pour s’en convaincre, le dernier bilan établi par la Direction générale de la Protection civile fait état de 21 morts par noyade au niveau des plages et des plans d’eau en une semaine. Un nombre qui soulève des questions sur le pourquoi de la non-observance des nombreuses mesures de prévention par les baigneurs. Il est vrai, aussi, que les fortes vagues de chaleur qui continuent de s’abattre sur le pays ont poussé les citoyens à envahir les plages en quête de fraîcheur. De ce fait, la quasi-totalité des plages sont submergées d’estivants, et cela n’a pas été sans conséquences. Ce qu’il faut noter malheureusement, c’est qu’il ne se passe pas un jour sans que les services de la Protection civile fassent état de nouvelles noyades.
«Plus de 250 noyés depuis l’ouverture de la saison estivale»
Au total, selon la même source, le nombre des décès par noyade est passé à 250 depuis le début de la saison estivale le 1er juin. C’est en tout cas, ce qui ressort du bilan de la Protection civile. Interrogé sur ces chiffres alarmants, le chargé d’information à la Direction générale de la Protection civile (DGPC), le lieutenant Youcef Abdat a répondu : «Le bilan de l’été 2023 est d’autant plus calamiteux que ce n’est pas faute d’avoir des consignes et interdictions claires portant sur les conditions et les lieux de baignades autorisées ou non. Les principales causes de ces noyades sont la baignade dans les plages interdites, les plages surveillées mais avec drapeau rouge ou orange ou en dehors des heures de surveillance et au niveau des plans d’eau (barrages, bassins d’irrigation et oueds).»
Dans le même contexte, notre interlocuteur a imputé l’augmentation du nombre des noyades durant cette saison à «la forte affluence des estivants sur les plages en raison de la canicule exceptionnelle qui a sévi partout». Pourtant, a ajouté le lieutenant Abdat, «le dispositif de surveillance a été renforcé au niveau des plages surveillées, et des patrouilles sont effectuées avec les services de sécurité au niveau des plages interdites à la baignade».
«Un écart effrayant entre le nombre des noyés entre 2022 et 2023»
Commentant l’augmentation des cas de noyade comparativement à la dernière saison estivale, Youcef Abdat a indiqué : «Il y a un écart effrayant entre le nombre des morts par noyade entre 2022 et 2023. L’année dernière, un bilan du 17 août 2022 déplorait 116 cas de décès par noyade en deux mois, ce qui est déjà énorme. Pour l’année 2023, au 5 août, le bilan était déjà de 193 morts par noyade enregistrées depuis le 1er juin. C’est-à-dire que par rapport à l’année dernière, il y avait déjà 77 morts de plus cet été sur une durée d’environ deux mois. Au 22 juillet dernier, 22 décès par noyade ont été enregistrés en 24 heures, soit un mort environ par heure. Mais le pic a été atteint cette année durant la semaine du 28 juillet au 3 août avec 41 décès par noyade, dont 34 au niveau des plages. Le 4 août, Nous avions enregistré 67 noyés dans différents plans d’eau dont la majorité sont des adolescents.»
Raisons pour lesquelles, le lieutenant Abdat a tenu à rappeler que «la baignade dangereuse, aussi bien dans les plages interdites que dans les plans d’eau tels que les bassins et les barrages, constitue un véritable danger qui fauche des vies humaines à chaque saison estivale, d’où l’impératif de freiner ce phénomène en usant de divers moyens, dont la conscientisation des citoyens».
«La baignade doit rester synonyme de vigilance»
Il faut savoir que, selon notre interlocuteur, «parce que vacances riment souvent avec insouciance, la baignade doit rester synonyme de vigilance. Les autorités ont pris des mesures pour tenter de prévenir ces tragédies, comme la tenue de campagnes de sensibilisation sur les dangers de la baignade dans des zones non surveillées et l’amélioration de la présence des services de secours sur les plages les plus fréquentées. Cependant, malgré ces efforts, les noyades continuent de se produire, causant souvent de nombreuses pertes humaines». «La plupart des baigneurs morts par noyade dans les plages durant cet été sont des enfants et de jeunes personnes âgés entre 7 à 19 ans. Ils sont près d’une centaine à avoir trouvé la mort par noyade, soit dans les plages autorisées ou interdites à la baignade qu’au niveau des lacs ou encore dans les réserves d’eau. Un phénomène dangereux qui fait chaque année de nouvelles victimes», a-t-il déploré non sans poursuivre en guise de conclusion qu’«une surveillance permanente et rapprochée des enfants doit être exercée par un adulte responsable en tout lieu de baignade et même lorsqu’un dispositif de sécurité conforme aux normes et correctement utilisé est présent».
«La noyade se produit en quelques minutes seulement»
De son côté, le responsable de l’information et sensibilisation à la Direction générale de la Protection civile (DGPC), le capitaine Nassim Bernaoui, est tout aussi offusqué de constater que le taux des noyades en cette période estivale ait atteint des «proportions alarmantes». Tout en affirmant que les services de la Protection civile «détiennent les moyens d’intervention nécessaires, logistiques et humains», notre interlocuteur a indiqué que «la noyade se produit en quelques minutes seulement et souvent dans des endroits éloignés et isolés, d’où l’importance d’une prise de conscience réelle pour éviter que ce genre d’accident mortel ne se reproduise».
Par ailleurs, abordant les mesures prises pour réduire les cas de noyade, le capitaine Bernaoui a insisté sur «la nécessité d’intensifier les efforts de sensibilisation et les campagnes de communication de proximité». Dans le même contexte, le même responsable a également appelé à «la participation de tous les acteurs et intervenants à prendre part à ces campagnes de sensibilisation en plus de prendre des mesures pratiques telles que la possibilité d’étendre les heures de travail des agents en charge de la protection des baigneurs, notamment aux heures de pointe et les week-ends, pour réduire ce lourd bilan tragique». En effet, pour lui, «les étangs d’eau, les rivières et les plages non surveillés, qui, en plus, sont de nature rocheuse, ne sont pas couverts par les éléments de la Protection civile. Les risques sont donc plus grands». C’est pourquoi, notre interlocuteur fait appel à la responsabilité de chacun en appelant les citoyens à «éviter de se baigner dans ce genre d’endroits non surveillés où elle ne peut pas intervenir pour les sauver». «Il est impératif de se baigner sous surveillance. À la mer, les zones de baignade sont signalées par des drapeaux et la présence d’un maître-nageur qui siffle dès lors qu’un vacancier dépasse les limites de la zone», a-t-il précisé.
8 personnes noyées ces dernières 48 heures à travers le pays
Il est à souligner que, selon le dernier bilan de la Protection civile publié, hier, dans un communiqué, pas moins de 8 personnes sont mortes par noyade en mer et dans les plans d’eau dans plusieurs wilayas du pays au cours de ces dernières 48 heures. La même source a précisé, en outre, que 6 décès en mer ont été enregistrés dans les wilayas d’Alger, Mostaganem, Béjaïa et Tlemcen, e 2 au niveau des plans d’eau dans les wilayas de Tamanrasset et El Bayedh. En outre, dans le communiqué de la Protection civile il est précisé que «2.689 interventions ont permis de sauver 1.727 personnes de noyade et qu’il a été prodigué les premiers soins à 706 personnes, en plus du transfert de 151 personnes vers les centres de santé environnants».
