Parti trop tôt en 1995 alors qu’il n’avait que 48 ans, Sirat Boumediene avait voué sa vie entière à la scène et à l’actorat exprimant, sur les planches et à l’écran, son besoin viscéral de multiplier les interprétations et de créer sans cesse de nouveaux personnages pour analyser sa société dans un habillage comique avec d’autres grandes figures du 4e art algérien.
Né en 1947 à Oran, Sirat avait débuté comme agent administratif du Théâtre régional de sa ville, avant que le grand dramaturge Ould Abderrahmane Kaki ne lui mette le pied à l’étrier en 1966 en le distribuant dans la célèbre pièce de théâtre El Guerrab oua essalhine grâce à laquelle une brillante carrière a débuté et une nouvelle étoile est apparue sur les planches.
Un autre fils prodige de la ville d’Oran va également sceller une longue collaboration avec ce comédien d’exception. Abdelkader Alloula va lui confier des rôles dans El Algue, El Khobza, Hammam Rabbi, Litham, Toufah, El Meida ou encore la célèbre Ladjoued, une pièce qui va le mener en 1986 aux Journées du théâtre de Carthage en Tunisie où il rafle le prix du meilleur comédien au célèbre acteur égyptien Abdallah Gheïth.
Cette collaboration avec cette figure du théâtre de la halqa va se poursuivre quand, en 1990, Sirat Boumediene va rejoindre la coopérative du 1er-Mai, créée par Abdelkader Alloula. Avec la création de nombreuses coopératives de théâtre Sirat Boumediene va également rejoindre en 1992 le fameux Théâtre de la qalaâ, qui comptait des praticiens de renom comme les regrettés Sonia (1953-2018), Sakina Mekkiou de son vrai nom, Azzeddine Medjoubi (1945-1995) ou encore Mhamed Benguettaf (1939-2014). A la même époque il entre dans les foyers des Algériens avec la série Aâyech bel haf et son succès connu de tous, Chaâïb Lekhdim où il crée et interprète de très nombreux personnages pour montrer à la société ses propres tares et en analyser les phénomènes et l’évolution.
Au cinéma, le prodige avait fait sa première apparition sur les écrans en 1975 aux côtés des fameux Yahia Benmabrouk (1929-2004) et Hadj Abderrahmane (1940-1981) dans L’inspecteur Tahar marque un but avant d’être distribué dans des oeuvres comme «Sous les cendres» d’Abdelkarim Baba Aïssa ou encore Hassan Nya réalisé par Ghaouti Ben Deddouche à la fin des années 1980 avec le grand Rouiched à l’affiche. Il va également collaborer avec Belkacem Hadjadj dans Le voisin et, malgré la maladie, il va participer à un dernier film, Le portrait, en 1994 avec, entre autres, Fatiha Berber (1945-2015) et Omar Guendouz (1950-2021) sous la direction de Hadj Rahim (1934-2017).
Jusqu’à ses derniers jours, rongé par la maladie, Sirat Boumediene continuait de rendre hommage à son acolyte Abdelkader Alloula, assassiné en mars 1994 par la main de la violence terroriste ; il avait rejoué de nombreuses fois ses œuvres sur les planches avant de succomber à son mal le 20 août 1995.
De nombreux jeunes pratiquant le 4e art considèrent le défunt dramaturge Sirat Boumediene comme une source d’inspiration dans l’interprétation en tant que personnalité artistique dotée d’un charisme ayant marqué la scène théâtrale et le public, que se soit sur scène ou à l’écran, même après 28 ans de sa disparition.
Ce brillant artiste, né en 1947 à Oran, que ses camarades appelaient «Didene», planait bien au-dessus de la scène, agissant avec son esprit et son cœur pour amener le public à suivre ses gestes sur scène ou ses mouvements à l’écran, faisant de sa performance d’acteur une expérience artistique distinguée, qui a attiré de nombreux jeunes acteurs ayant découvert son travail sur Internet car n’ayant pas eu l’occasion de le voir sur scène.