Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf a salué le soutien apporté par l’administration américaine au travail de l’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura.
Dans une interview accordée à Al-Monitor, un site d’information basé à Washington, Attaf est revenu sur la déclaration américaine publiée après sa rencontre, le 9 août courant, avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, dans laquelle le chef de la diplomatie américaine «a réitéré son plein soutien au travail de l’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, alors qu’il consulte intensivement toutes les parties concernées pour parvenir à une solution politique».
Il a souligné, à ce titre, que «l’administration Biden n’a pas du tout approuvé la décision de l’ancien président américain Donald Trump concernant la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental».
«L’administration Biden n’a pas du tout approuvé la décision de Trump. Au contraire, elle prend explicitement ses distances avec la position exprimée par l’ancien président américain», a-t-il affirmé.
Le Front Polisario, qui a repris le conflit armé en 2020, a rejeté le plan du Maroc en faveur d’un référendum. Attaf a fait référence à la déclaration américaine publiée après sa réunion avec Blinken, dans laquelle le secrétaire d’État a «réitéré son soutien total» au travail de l’envoyé de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura.
«Ce que nous demandons réellement à cette administration, c’est une chose très spécifique : contribuer à relancer le processus de paix, et c’est précisément ce qu’elle fait à travers des appels comme celui-ci», a-t-il déclaré.
Tournant dans les relations entre l’Algérie et les États-Unis
S’agissant des relations entre l’Algérie et les Etats-Unis, le ministre des Affaires étrangères a assuré que «nous travaillons à renforcer l’amitié algéro-américaine». «Vous ne pouvez pas imaginer la substance que ces relations acquises au cours des deux dernières années en termes de dialogue politique», s’est-il réjoui.
À ce titre, Attaf a estimé que «la présence de compagnies pétrolières et gazières américaines en Algérie était l’un des signes des importantes relations entre les deux pays».
Au début du mois de juin, le ministre de l’Énergie de l’Algérie a déclaré qu’ExxonMobil et Chevron étaient sur le point de finaliser des accords pour forer dans ce pays riche en gaz.
«L’Algérie gagne aux yeux, non seulement de l’administration, mais aussi de la communauté d’affaires américaine», a déclaré Attaf.
«L’Algérie adopte le principe de l’intérêt national dans ses relations internationales»
Alors que l’Algérie cherche à renforcer ses liens avec les États-Unis, elle approfondit également sa coopération avec la Chine, adversaire des États-Unis. Le ministre est également revenu sur les relations entre l’Algérie et la Chine et la récente visite du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dans ce pays à la mi-juillet où il a signé près de 20 accords avec son homologue chinois, Xi Jinping.
Il a notamment fait savoir que «l’Algérie adopte le principe de l’intérêt national dans ses relations internationales». «Si c’est la Chine, c’est la Chine. Si c’est la Russie, c’est la Russie. Si ce sont les Etats-Unis, ce sont les Etats-Unis. La chose la plus importante est notre intérêt national», a-t-il assuré.
Evoquant, par ailleurs, la crise en Ukraine, le ministre a fait savoir que «l’Algérie, qui occupera un siège non permanent au Conseil de sécurité en 2024, soutenait « une solution politique au sein des Nations unies».
«La priorité doit continuer à être accordée à la solution politique à la crise au Niger»
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a souligné que «la priorité doit continuer à être accordée à la solution politique à la crise au Niger», soulignant que «l’option militaire, proposée comme dernier recours par les dirigeants ouest-africains, ne garantit pas le succès de la résolution du conflit dans ce pays voisin».
«En discutant de la crise au Niger (avec les responsables américains), je pense que nous nous sommes mis d’accord sur trois grands principes: le respect de l’ordre constitutionnel et démocratique, le rétablissement du président Mohamed Bazoum en tant que président légitime du Niger et la priorité doit continuer à être accordée à la solution du conflit», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne.
«Je crois que sur ces principes, il y a un accord total entre nous. Nous devons maintenant essayer de travailler ensemble pour traduire ces principes dans la réalité politique du Niger», a-t-il ajouté.
Au sujet d’une possible intervention militaire au Niger, évoquée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) comme dernier recours, Attaf dira que «l’option militaire risque de ne pas contribuer à la bonne résolution du conflit».
«Personne n’est sûr, même au sein de la CEDEAO, qu’une intervention militaire a une chance acceptable de succès. Vous pouvez commencer une intervention militaire, mais vous ne savez jamais comment elle se terminera. Alors ils (la CEDEAO) sont très prudents, ils montrent un maximum de retenue concernant cette option», a-t-il ajouté dans ce contexte.
Déclarant ignorer les exemples d’interventions militaires couronnées de succès, il a rappelé que celle en Libye «a abouti à une catastrophe pour toute la région».
Et de souligner aussi que «la CEDEAO considère toujours la voie diplomatique pour résoudre la situation comme une priorité».
Pour rappel, le président légitime de la République du Niger, Mohamed Bazoum, est retenu depuis fin juillet par des membres de sa garde.
Plusieurs pays et organisations internationales ont appelé au rétablissement de l’autorité constitutionnelle dans le pays.
«La situation au Sahel est très grave et elle nécessite une forte coordination»
Interrogé par ailleurs sur la menace du terrorisme au Sahel, Attaf a déclaré que «l’Algérie, en ce qui concerne le Sahel, on a cessé de parler de groupes armés, on parle d’armées de terroristes. Et nous avons vraiment affaire dans la région à des armées de terroristes qui menacent directement le Burkina Faso, le Mali, certaines régions du Tchad et le Niger».
Pour l’Algérie et les Etats-Unis aussi, la situation dans la région «est très grave» nécessitant «une forte coordination et une coopération étroite entre les pays de la zone pour relever ce défi», a-t-il souligné.
Appel à traiter le problème de l’immigration clandestine sur le plan politique et diplomatique
Quant à la question de la migration irrégulière, le ministre a souligné qu’«il ne s’agit pas exclusivement d’une question politique que l’on peut traiter dans le cadre d’un accord international», avant de poursuivre: «Dans cette région (Niger, Mali, Tchad et toute l’Afrique de l’Ouest), il s’agit également d’un énorme problème économique.»
Ces gens quittent leur pays «parce qu’ils sont à la recherche d’une vie meilleure et, pour certains d’entre eux, pour nourrir leur famille. Il faut donc traiter le problème sur le plan politique et diplomatique. Mais si la composante économique de la solution n’est pas présente, le problème ne sera pas résolu», a-t-il estimé.