Chaque année, au mois de mai et au jour d’Achoura, Djanet célèbre le pacte de paix, la S’biba, perpétuant ainsi une tradition plusieurs fois millénaire. A cet effet, l’ensemble des habitants du Tassili N’Ajjer se rencontrent à Djanet pour se rappeler et surtout reconduire le pacte de paix scellé entre eux.
Cette année, sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts, les activités du festival local de la S’biba ont été lancées lundi dernier en présence du wali de Djanet et des autorités locales. Dans une allocution prononcée en son nom par le directeur de la culture et des arts, Miloud Belheliche, la ministre du secteur, Soraya Mouloudji, a souligné la nécessité de la continuité de ce festival pour assurer la préservation de ce patrimoine culturel de la région et sa transmission aux générations futures dans toute son esthétique, après quoi seront lancées les représentations folkloriques de groupes locaux qui reflètent la diversité culturelle et artistique de la wilaya comme la troupe Tuhamat, l’ensemble Altindi Amzad, l’ensemble Dandaga et la troupe nationale pour la paix de l’association Mechaâl Al-Kashf.
Cette manifestation culturelle connaît un programme riche pour faire découvrir ce patrimoine culturel avec l’organisation, entre autres, d’ateliers de formation pédagogique sur les vêtements et les ornements traditionnels afin d’assurer la consolidation de cette tradition, en plus de l’organisation de soirées artistiques qui reflètent le caractère musical de la région, comprenant des spectacles, des ventes aux enchères et des expositions de produits traditionnels au niveau de la Maison de jeunes et de la place publique.
La fête de la S’biba, faut-il le préciser, remonte à des millénaires et se célèbre le jour de l’Achoura. Elle a lieu chaque année au même endroit, à proximité de l’oued de Djanet et rassemble des Touareg venus d’ailleurs et des touristes. Lors de cette fête locale, une simulation d’un combat entre deux tribus est exécutée et met en concurrence deux quartiers actuels de Djanet, El Mihane et Zelouaz.
Les femmes, portant des vêtements traditionnels et indigo et parées de leurs plus beaux bijoux, chantent sur le son de la guenga (tambour) pour encourager les hommes. Ces derniers «affrontent» leurs adversaires en dansant et en brandissant d’une main une épée et de l’autre un foulard en signe de paix. Le tout forme un spectacle haut en couleur et de toute beauté.
A l’issue de ce spectacle, deux heures le matin et deux heures l’après midi, chacun ira de son commentaire pour juger quel quartier a gagné d’après lui. Actuellement sous forme de festival, les dix jours qui précèdent la fête ne sont pas en reste : concerts en plein air, préparation et entraînement des deux quartiers chaque soir sauf la veille du jour J. Des expositions sur l’artisanat et le patrimoine local ont, à cette occasion, été mises également sur pied à la bibliothèque communale de Djanet pour mettre en valeur le legs culturel matériel et immatériel qui fait la fierté de la région.