«L’Algérie fait face à une double vulnérabilité : climatique et économique. D’abord le risque climatique, avec les canicules, sécheresses et incendies de forêts… Mais aussi la dépendance économique de l’exportation des sources d’énergies fossiles», a alerté, lundi, le Pr Noureddine Yassaa, commissaire aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique auprès du Premier ministre.
«Cette forme d’énergie étant responsable des émissions de gaz à effet de serre, l’Algérie appelle à une transition progressive, inclusive et équitable qui tienne compte des spécificités de chaque pays», a indiqué le spécialiste lors de son passage sur les ondes de la Chaine 3 de la Radio nationale.
Elu vice-président au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) lors de sa 59e session, tenue du 25 au 28 juillet 2023 à Nairobi au Kenya, le Pr Noureddine Yassaa insiste : «L’Algérie doit opérer une transition efficace en développant les énergies renouvelables, mais surtout en maîtrisant la consommation et l’efficacité énergétique, d’autant plus que durant ces périodes de grandes chaleurs nous atteignons des pics de consommation d’énergies.»
«Le GIEC prévoit une hausse de la température à 1,5° C en 2030»
L’expert a signalé que le GIEC, à savoir le panel de l’ONU sur les changements climatiques, a déjà élaboré six cycles d’évaluation du climat et que «le dernier dresse un constat alarmant sur le réchauffement planétaire et fait état d’une hausse de la température de 1,2° C alors que les projections pour 2030 tablent sur une hausse qui atteindrait 1,5° C».
De fait, selon le Pr Yassaa, «la problématique du climat est à l’agenda des plus hautes autorités internationales et est présente dans toutes les politiques nationales». Et d’ajouter : «Le GIEC ne se contente pas d’établir un état des lieux, il propose également des mesures d’adaptation aux Etats afin de les accompagner avec des données scientifiques pour freiner les émissions de gaz à effet de serre et aider les pays à développer leurs capacités de résilience face aux changements climatiques.»
«10% des pays les plus riches responsables de 45% des émissions mondiales de gaz à effets de serre»
Le GIEC a également démontré la responsabilité historique des pays industrialisés dans cet état de fait. «Jusqu’à 45% des émissions mondiales de gaz à effets de serre sont générés par 10% de la population mondiale avec les revenus les plus élevés.
Or, nous sommes face à une injustice climatique car ce sont les pays en voie de développement, qui ne sont pas responsables du réchauffement climatique, qui en subissent les effets néfastes de plein fouet», déplore le Pr Yassaa. Ainsi, les pays en voie de développement, notamment les Etats africains, appellent à rétablir la justice climatique et à mettre en place une compensation financière de la part des pays responsables du réchauffement planétaire.
«Lors de la COP 27 qui s’est tenue à Charm-El-Cheikh en novembre 2022, les pays en voie de développement ont arraché, pour la première fois, la création d’un fonds spécial dédié à la compensation pour pertes et préjudices liés aux changements climatiques», a rappelé le commissaire aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique auprès du Premier ministre.
Les négociations dans le cadre de l’accord de Paris sur les changements climatiques sont toujours en cours pour alimenter les différents fonds, notamment celui d’adaptation. Mais, pour le moment, l’expert prévient que «les flux de financement sont très loin des objectifs affichés, à savoir 100 milliards de dollars par an, pour accompagner les pays les plus vulnérables face à la menace climatique. C’est pourquoi les pays en voie de développement doivent maintenir leur mobilisation et revendiquer leur droit à être soutenus dans la lutte contre les changements climatiques».
