Chaque année, la journée mondiale de prévention de la noyade est célébrée, le 25 juillet, dans le but de sensibiliser sur les risques liés aux activités aquatiques notamment. Depuis 2021, l’Assemblée générale des Nations unies et l’Organisation mondiale de la santé mettent en lumière les conséquences tragiques dues à l’absence de prévention sur les accidents et les risques de noyade, surtout lors de la saison estivale.
En Algérie, il est regrettable de constater que si la période estivale est synonyme de repos et de vacances, elle est aussi, malheureusement, la période où le nombre de décès par noyade atteint des proportions alarmantes, que ce soit au niveau des barrages, des plans d’eau ou encore des plages.
Aussi, les cas de noyade pendant la saison estivale constituent une grande source de préoccupation, au regard des derniers chiffres. Au total, 116 cas de décès par noyade ont été enregistrés et près de 43 000 personnes ont été sauvées en juillet et août 2022 sur les différentes plages.
Pour cette saison estivale, les services de la Protection civile ont signalé une triste augmentation des cas de noyade au niveau national. Durant la période du 14 au 20 juillet, 37 cas de noyade ont été enregistrés, dont 30 ont eu lieu sur les plages du pays.
C’est dire que le bilan est alarmant, compte tenu des mesures prises par la direction générale de la Protection civile pour sensibiliser les parents sur les dangers de la baignade, notamment sur les plages non surveillées, les plans d’eau et barrages.
«Une meilleure surveillance des plages serait l’unique solution pour réduire le nombre de noyades»
Pour le lieutenant Youcef Abdat, chargé de l’information à la Direction générale de la Protection civile (DGPC), «les principales causes de ces noyades sont liées à la baignade dans des zones interdites, ainsi que sur des plages surveillées où les drapeaux de baignade sont rouges ou jaunes, indiquant que la baignade est interdite ou dangereuse», poursuivant que «les noyades se produisent également dans des zones non surveillées, ainsi que dans les plans d’eau, les barrages, les bassins d’irrigation et les oueds».
«Afin de protéger les citoyens et de prévenir les accidents de noyade, la DGPC a mis en place un dispositif sécuritaire de surveillance des plages depuis le 17 juin. Ce dispositif compte 10 000 agents répartis sur 437 plages dans 14 wilayas côtières du pays. Depuis leur installation, ces services ont effectué 21 934 interventions de sauvetage, de secours et de transfert vers les centres hospitaliers», a-t-il indiqué.
Face à cette situation préoccupante, le lieutenant Abdat a lancé un «appel pressant aux citoyens pour qu’ils fassent preuve de vigilance et évitent de se baigner dans les zones interdites ainsi que dans les plans d’eau lorsque les drapeaux de baignade sont au rouge ou orange, indiquant des conditions dangereuses».
Et de rappeler qu’«au début de l’été, une campagne de prévention a été lancée, pour sensibiliser sur les dangers de la mer et la baignade dans les plans d’eau à travers tout le pays». Mais selon lui, «une meilleure surveillance des plages fréquentées serait l’unique solution pour réduire le nombre de noyades».
«L’OMS recommande de nombreuses mesures pour prévenir la noyade»
Pour notre interlocuteur, «l’OMS recommande de nombreuses mesures pour prévenir la noyade : l’installation de barrières pour contrôler l’accès à l’eau, la formation des témoins potentiels de noyades aux gestes sûrs de secourisme et de réanimation et l’enseignement aux enfants en âge scolaire des bases de la natation et des règles de sécurité dans l’eau».
Il faut savoir que le plus grand nombre des noyades survient dans les plages non autorisées à la baignade et les cours d’eau.
À ce propos, Youcef Abdat a indiqué qu’«un dispositif opérationnel destiné à la surveillance des plages autorisées à la baignade a été mis en place par la Direction générale de la Protection civile et ce, du 17 juin au 30 septembre, de 9h à 19h».
Aussi, selon lui, «pour l’année 2023, sur les 616 plages que compte le littoral algérien, 437 ont été autorisées à la baignade et 179 interdites, dont la majorité pour diverses causes, essentiellement la pollution».
Pour ce qui est du dispositif mis en place, notre interlocuteur a tenu à préciser que «le dispositif opérationnel de cette année a été pourvu en moyens matériels supplémentaires, particulièrement les embarcations pneumatiques d’intervention avec 128 semi-rigides et canots pneumatiques qui ont été mobilisées comme moyens de renforts aux moyens déjà existants, ainsi que les matériels collectifs et individuels d’intervention».
Et de rappeler que «l’analyse des statistiques des cinq dernières années indique que la principale cause des noyades reste, toujours, la baignade sur des plages interdites ou en dehors des heures de surveillance et le non-respect des recommandations de sécurité».
«Inculquer aux citoyens la culture de la prévention du risque de noyade»
Afin d’éviter des bilans lourds, la Direction générale de la Protection civile, selon Youcef Abdat, a «lancé une campagne de prévention et de sensibilisation sur les risques liés à la saison estivale notamment les dangers de la mer et la baignade depuis le 7 mai 2023 à travers tout le territoire national, pour inculquer aux citoyens la culture de la prévention du risque de noyade et d’accidents (chute, intoxication alimentaire…) en particulier au niveau les plages interdites».
Concernant la baignade dans les réserves d’eau, un phénomène qui, selon notre interlocuteur, «ne cesse de se généraliser à travers le territoire national non sans provoquer des pertes humaines. A ce titre, 85 cas de décès ont été enregistrés durant l’année écoulée, dont la majorité sont des enfants, malgré les multiples campagnes de sensibilisation initiées durant toute la saison estivale».
«Malgré tous les moyens déployés, que ce soit opérationnels ou en matière de prévention et de sensibilisation, la conscience citoyenne reste la mieux indiquée, car savoir nager n’est pas un gage de sécurité», a-t-il estimé, non sans lancer «un appel aux citoyens, en particulier les parents, sur le respect strict des conseils de sécurité».
De plus, Il s’agit, selon le chargé de l’information à la Direction générale de la Protection civile, de «l’interdiction de la fréquentation des plages interdites, du respect des horaires de surveillance et de ne pas s’éloigner de la zone de baignade autorisée».
Poursuivant son appel, notre interlocuteur a ajouté que «les parents doivent surveiller attentivement leurs enfants, surtout ceux qui utilisent les matelas gonflables, respecter les fanions de signalisation de l’état de la mer et ne pas se baigner après une longue exposition aux rayons de soleil et juste après les repas».
«Les cas de noyade sont enregistrés sur les plages non surveillées et les retenues d’eau»
Pour sa part, le lieutenant Seddouki Meriem, de la cellule de communication de la Direction générale de la Protection civile, estime que «généralement, les cas de noyade sont enregistrés sur les plages non surveillées et les retenues d’eau et, à un degré moindre, sur les plages où l’inconscience des baigneurs les pousse à s’aventurer au large». Et d’ajouter que «les fortes vagues de chaleur qui continuent de s’abattre sur le pays depuis quelques semaines ont poussé les citoyens à envahir les plages, en quête de fraîcheur». «De ce fait, la quasi-totalité des plages sont submergées d’estivants et cela n’a pas été sans conséquences», selon elle.
Et d’ajouter: «Pour ceux qui sont éloignés des villes côtières, notamment les jeunes, les adolescents et même les enfants, ils prennent le risque de se baigner dans des réserves d’eau (barrages, mares d’eau, oueds…).»
Et de préciser, à juste titre, que «ces drames peuvent être évités, à condition que les estivants fréquentent les plages autorisées à la baignade et ne prennent pas le risque de se baigner sur les plages non surveillées, les plans d’eau, ou encore les bassins où la baignade représente un danger de mort certaine, outre les maladies que les nageurs risquent de contracter».