L’Italie est en train de prendre une position de pointe en Europe sur la question migratoire. C’est, en tout cas, l’ambition affichée par la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni.
La conférence qui s’est tenue, ce dimanche, a regroupé les pays de la rive sud de la Méditerranée, du Proche-Orient, du Sahel, de la Corne de l’Afrique ou des États du Conseil de coopération du Golfe.
En effet, les travaux de la «Conférence internationale sur le développement et la migration» ont démarré, aujourd’hui après-midi, dans la capitale italienne, Rome, avec la participation du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Dans son allocution prononcée à l’ouverture des travaux de ce forum, ce dernier a indiqué : «Il me convient d’exprimer, au nom du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, mes sincères remerciements au gouvernement italien d’avoir invité l’Algérie à participer à cette importante conférence qui traite d’un sujet auquel mon pays attache une grande importance, qui constitue un lien étroit entre le développement et le phénomène migratoire et les défis et problèmes qui en découlent.» Et de poursuivre : «Je suis également heureux d’exprimer mes remerciements et ma gratitude au gouvernement italien pour l’accueil chaleureux et l’organisation rigoureuse des travaux.»
Cette rencontre, selon Aïmene Benabderrahmane, «qui est la nôtre, intervient dans un contexte caractérisé par l’exacerbation du phénomène de l’immigration clandestine dans notre région, avec les impositions de cette situation qui se traduit par la répétition de scènes tragiques, en termes de défis à différents niveaux». Et d’ajouter que «cela s’explique par de nombreuses raisons, notamment les déséquilibres structurels dans la trajectoire de développement de nombreux pays, que tout le monde connaît, ses causes et ses effets, outre les guerres et les conflits, l’expansion de l’instabilité et de l’insécurité, et le phénomène croissant du terrorisme transitoire et du crime organisé, des frontières, et des changements climatiques, et la détérioration des conditions économiques et sociales, en plus du phénomène de l’exode massif des pays souffrant de pauvreté et de famine, vers l’Afrique du Nord et l’Europe. Outre les défis liés à la prise en charge des millions de déplacés et de réfugiés, ainsi qu’au contrôle du flux d’immigrants illégaux».
«La question de l’immigration a pris une dimension particulière tant au niveau régional qu’international»
Pour Benabderrahmane, «ces dernières années, notamment après 2015, la question de l’immigration a pris une dimension particulière tant au niveau régional qu’international, avec l’augmentation du flux de personnes déplacées et de migrants vers l’Europe, conséquence des crises qu’ont connues de nombreux pays d’Afrique et de la région arabe».
«L’Algérie, de par sa situation géographique stratégique, et le développement économique qu’elle a connu dans la période récente, se distingue par sa stabilité, faisant d’elle un pays un pays d’accueil où les immigrants s’installent, en provenance des pays de la région d’Al-Salah et du désert, et de certaines zones de conflit dans certains pays arabes. Une situation exacerbée par les mesures de sécurité et les dispositifs de protection des frontières extérieures de l’Union européenne, et le durcissement de délivrance de visas», a-t-il ajouté.
«L’Algérie a adopté, depuis plusieurs années, une politique quelque peu clémente»
Et de poursuivre à ce sujet : «Malgré cela, l’Algérie a adopté, depuis plusieurs années, du fait de sa solidarité permanente avec les pays voisins, une politique quelque peu clémente. Cela a entraîné une augmentation sans précédent du nombre d’immigrants illégaux qui se sont installés sur son sol, avec les répercussions associées à différents niveaux.»
«Je ne doute pas que nous assisterons, à l’avenir, à une exacerbation de ce phénomène si les mesures nécessaires ne sont pas prises et mises en œuvre au bon moment. Ensuite, le traitement sécuritaire du dossier de l’immigration, bien qu’il réponde à l’impérieuse nécessité de maintenir l’ordre public et de lutter contre les réseaux de traite des êtres humains, ne fait aucun doute car il ne contribue pas de manière durable à faire face à ce phénomène», a-t-il souligné.
Le Premier ministre a indiqué qu’«il est donc nécessaire de concevoir des solutions globales qui garantissent la stabilité et font avancer la dynamique de développement et la création d’opportunités d’emploi pour les jeunes, afin de contenir le phénomène de l’immigration clandestine».
De ce point de vue, «la coopération Nord-Sud doit accorder une place importante à l’assistance et au soutien aux pays du Sud, notamment en élevant le niveau des contributions apportées à ces pays dans les domaines du développement, afin de mettre en œuvre des projets sociaux et économiques et de réinsertion, selon un calendrier précis, afin que l’on puisse mesurer l’efficacité des efforts et des politiques visant à lutter contre ce phénomène, ainsi qu’aux fins de lutter contre les réseaux de trafic d’immigrants et de traite des êtres humains», a-t-il ajouté.
Et de souligner : «C’est la vision adoptée par l’Algérie face à ce phénomène alors que des efforts inlassables sont déployés pour soutenir la paix et la stabilité. Notre pays poursuit également son soutien aux efforts de développement dans la région et en Afrique».
Et de conclure son intervention en indiquant que «le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé, récemment, d’allouer un montant d’un milliard de dollars pour soutenir le développement et l’intégration dans les pays africains».
Il est important de savoir que cette conférence se déroule en présence de nombreux pays de la Méditerranée, du Moyen-Orient et d’Afrique, ainsi que d’organisations et d’instances internationales telles que le Conseil européen, l’Union africaine, le Fonds monétaire international, le Fonds arabe pour le développement économique et social, ainsi que le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Le gouvernement italien, à l’origine de l’organisation de ce forum, vise à proposer un nouveau modèle basé sur la réduction des moteurs de l’immigration clandestine, en faisant avancer la roue du développement dans les pays qui assistent au déplacement d’un grand nombre de ses citoyens vers le continent européen, en particulier les groupes de jeunes.
Georgia Meloni : «Cette Conférence ouvre la voie à une nouvelle coopération fondée sur le respect et le dialogue»
Lors de l’inauguration des travaux de ce forum, la Première ministre italienne, Georgia Meloni, a apprécié le niveau de représentation à cette conférence «qui ouvre la voie à une nouvelle voie de coopération multilatérale fondée sur le respect et le dialogue, afin d’aboutir à des résultats tangibles et satisfaisants pour tous», a-t-elle indiqué.
Et d’ajouter que «ce dialogue, qui réunira les pays concernés par ce phénomène dans les deux sens, offrira de nombreuses opportunités de coopération et de coordination, afin d’unifier les efforts pour mettre fin aux drames humains engendrés par la migration irrégulière et les pertes économiques qui en découlent».
À cet égard, elle a expliqué que «l’un des engagements les plus importants de son gouvernement réside dans le soutien au développement des pays africains qui sont une source d’immigrants irréguliers, ce qui représente une grande perte dans leurs ressources humaines, en particulier les jeunes femmes», un objectif qui peut être atteint à travers «la création de projets de développement dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’énergie et des équipements de base, afin d’établir les bases de la stabilité dans ces pays», a-t-elle souligné.
Cependant, «pour cela, il faut trouver l’argent nécessaire, ce qui est l’un des principaux objectifs de cette Conférence internationale», a ajouté Mme Meloni.
En marge de sa participation, en tant que représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, aux travaux de la Conférence internationale sur le développement et la migration tenue à Rome, le Premier ministre, Aïmene Bennabderrahmane, s’est entretenu avec la présidente du Conseil des ministres italien, Georgia Meloni.
Bennabderrahmane a renouvelé la ferme détermination de l’Algérie à continuer à travailler avec l’Italie pour renforcer la coopération bilatérale et promouvoir les échanges économiques et les investissements entre les deux pays.
Pour sa part, Mme Meloni a exprimé ses vifs remerciements au président de la République pour la participation et «la précieuse contribution» de l’Algérie à la conférence initiée par son pays, soulignant sa «satisfaction quant au niveau des relations bilatérales et son aspiration à poursuivre le travail conjoint entre les gouvernements des deux pays, en vue de développer le partenariat algéro-italien».
Le Premier ministre, Aïmene Bennabderrahmane, a eu également des entretiens avec le Premier ministre libanais, Najib Mikati, au cours desquels ils ont abordé la réalité et les perspectives des relations bilatérales.
«Les deux parties ont affirmé leur volonté commune d’«activer les mécanismes de coopération bilatérale», précise la même source.