En Algérie, la finance islamique, qui a connu un démarrage timide, connaît actuellement un intérêt grandissant. Dans les années 1990, l’offre de produits islamiques a créé une demande latente, pas clairement exprimée. Aujourd’hui, c’est l’inverse qui se produit. Les deux banques islamiques en Algérie, Al Baraka et Al Salam, agréées par la Banque d’Algérie, en septembre 2008, se partagent le marché de la finance islamique, d’autres banques privées, telles qu’AGB et Housing Bank, essaient de rattraper le retard.
La finance islamique est, désormais, une revendication sociale demandée par la clientèle et constitue même pour les banques publiques une opportunité pour diversifier le marché et le portefeuille de ces banques. Pour elles, cela constitue indéniablement un moyen d’aller vers la politique d’inclusion financière visant à diversifier les canaux de drainage des fonds circulant hors circuit bancaire.
Sue ce sujet, les experts du secteur bancaire ont affirmé «le succès de l’expérience algérienne dans le domaine de la banque islamique, trois ans après la promulgation de son cadre réglementaire», soulignant que «la loi monétaire et bancaire, qui vient d’être promulguée, contribuera à la poursuite du développement de cette activité, notamment à travers l’ouverture de banques spécialisées exclusivement dans la finance islamique».
Lors d’une conférence sur la finance islamique, organisée par le Conseil suprême islamique, en présence du président du Conseil (HCI), Bouabdallah Ghlamallah, les participants ont évoqué «l’approche adoptée par les pouvoirs publics à travers le gradient législatif, en passant des règlements et instructions de la Banque d’Algérie à la loi monétaire et bancaire», appelant à «l’instauration de règles de précaution pour les banques, surtout avec ce mode de financement alternatif».
L’expérience algérienne dans le domaine de la finance islamique porte ses fruits, trois ans après son lancement
À cet égard, Abderrahmane Belhafsi, un expert bancaire, a déclaré que «trois ans après le lancement du cadre réglementaire des services bancaires islamiques en Algérie, l’expérience algérienne peut être considérée comme réussie, au vu des résultats obtenus, notamment à travers la généralisation des services bancaires agences qui étaient au nombre de plus de 500».
L’intervenant a souligné que «la loi monétaire et bancaire renforcera l’espace bancaire en créant de nouvelles banques et institutions financières spécialisées exclusivement dans la banque islamique».
Il est à noter que la loi monétaire et bancaire comporte un certain nombre de mesures, notamment le renforcement de la gouvernance et des pouvoirs de la Banque d’Algérie, du Conseil monétaire et des emprunts, du Comité bancaire, des banques et établissements financiers, et la mise en place d’un cadre juridique de l’exercice d’une activité liée à la banque islamique.
Dans le même ordre d’idées, Belhafsi a appelé à «la mise en place d’un marché financier dans lequel les valeurs mobilières islamiques sont échangées et à l’établissement de règles de précaution pour les banques islamiques», soulignant l’importance de «préparer un plan d’action solide qui montre clairement la pratique des mesures visant à faciliter le travail des institutions actives dans le domaine bancaire islamique, telles que les banques, les institutions financières et les guichets».
La préparation du lancement des sukuk islamiques est très avancée
Pour sa part, le professeur Mohamed Boudjellal, membre du Conseil suprême islamique et expert en finance islamique, a déclaré que «le projet de cadre réglementaire pour le lancement des sukuk islamiques, en tant qu’outil de financement des institutions et de l’économie, connaît des progrès très significatifs».
Il a expliqué, dans une déclaration à l’APS, que «le projet passe d’abord par la modification de la loi commerciale en vigueur, suivie par l’étape de préparation des décrets exécutifs relatifs à l’encadrement et à l’organisation de cette formule alternative de financement conforme aux principes de la loi islamique», ajoutant que «la Cour suprême islamique a présenté ses propositions dans ce cadre».
Pour sa part, Abdelhamid Bouloudnine, directeur général de la Banque d’Algérie, a indiqué que «la banque islamique est sur le point de se développer davantage en Algérie», soulignant que «la Banque d’Algérie travaille actuellement au développement de l’écosystème de cette industrie».
Le même responsable a expliqué que l’affaire est liée à la préparation de règlements et d’instructions qui seront achevés «avant fin 2023», pour créer un marché monétaire entre banques permettant aux banques actives dans le secteur bancaire islamique, qui disposent d’un excédent de liquidités, de prêter à d’autres banques le manquant de liquidités.
Dans le même contexte, «la Banque d’Algérie travaille également à l’élaboration d’autres réglementations relatives à la gouvernance charia, au contrôle interne des banques, à l’audit charia et au système comptable et de supervision de l’activité bancaire islamique», selon l’intervention.