Décédé en novembre dernier, le regretté sociologue et urbaniste Rachid Sidi Boumediene a laissé pour la prospérité un intéressent ouvrage intitulé L’arbre des couscous, unité et diversité publié aux éditions Chiheb International.
Dans ce dernier ouvrage intitulé, le sociologue Rachid Sidi Boumediene, disparu en 2022, propose à ses lecteurs d’arracher leur mémoire collective à la somnolence engendrée par le familier et les fausses évidences autour de ce patrimoine culinaire nord-africain. Publié dernièrement à titre posthume aux éditions Chihab, cet ouvrage de 190 pages plonge dans l’histoire pour prouver l’ancestralité de ce mets et résister au piège de la familiarité avec un patrimoine trop proche de nous en adoptant une approche par les rites de consommation. L’auteur propose d’établir «comment et en quoi le couscous est un patrimoine immatériel (…) que chacun considère comme une propriété personnelle et collective» et de redonner à ce patrimoine immatériel de l’humanité, classé par l’Unesco en 2020, toute sa diversité oubliée par facilité.
Rachid Sidi Boumediene restitue d’abord tous les noms donnés à ce mets en Algérie, en Afrique du Nord, au Sahel, en Afrique centrale ou encore en Europe du Sud et le replace dans le contexte global des cuisines traditionnelles en Algérie, incluant, entre autres, la diète méditerranéenne ou encore l’alimentation targuie, considérée comme «une continuité et une transition».
L’auteur explore également la profonde notion de partage que renferme le couscous, qu’il considère comme «un outil d’expression privilégié du lien social». Selon lui ce partage se manifeste dans une palette de base commune, une correspondance entre le type de couscous et les circonstances de sa consommation, ou encore dans l’existence d’évènements collectifs où son usage «est quasi standardisé selon les circonstances».
L’ouvrage aborde aussi les variations saisonnières, géographiques et climatiques qui influent sur les différentes recettes et compositions du couscous et établit également un tableau des différentes recettes et ingrédients selon les circonstances et les cercles de consommation, noyau familial, cercles de proximité apparentés, fêtes rituelles et autres.
Rachid Sidi Boumediene, qui s’était intéressé à l’art de vivre algérien à travers la cuisine, considère qu’il est impossible de «dissocier les pratiques sociales des attentions vis-à-vis des autres (…) dans un univers où la violence est bannie» et où règne le partage.
L’ouvrage propose également ce que l’auteur définit comme «une anthologie des couscous» pour montrer la diversité et la richesse culinaire et la multitude de préparations possibles et connues de ce plat, qui revient aussi à de nombreuses occasions traditionnelles et religieuses comme symbole de partage et de paix, déjà consacré dans un autre élément du patrimoine culturel immatériel algérien, le Rakb Sidi Cheikh, classé au patrimoine de l’humanité par l’Unesco en 2013.