Les milliers de Gazaouis qui sont venus à sa rencontre en ce 1er juillet 1994 n’en croient pas leurs yeux. Pour la première fois depuis 29 ans, Yasser Arafat va fouler le sol de la Palestine avant de s’y réinstaller définitivement quelques semaines plus tard, d’abord à Gaza, puis, lorsqu’il sera élu président de l’Autorité palestinienne en janvier 1996 à Ramallah, en Cisjordanie.
A 15h14, la Mercedes noire du leader de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) franchit le poste-frontière avec l’Egypte, à Rafah, et s’immobilise au milieu de la foule. Ce jour-là, la Palestine avait un rendez-vous spécial avec le chef Yasser Arafat, dit Abu Ammar, et c’était la première fois qu’il retournait dans sa patrie pas en tant que combattant, mais dans le cadre de l’accord Oslo signé par l’OLP et renforcé par la reconnaissance internationale sous le regard de millions de personnes à travers le monde qui ont regardé les scènes de son retour sur les écrans. A 03h00 de l’après-midi, Yasser Arafat exécute de l’autre côté de la frontière avec l’Egypte une prière de remerciement et de louange à Dieu pour son retour dans sa patrie après une absence forcée.
La place du Soldat inconnu à Gaza est bondée de dizaines de milliers de personnes assoiffées de voir Abu Ammar, qui symbolise la liberté et la dignité retrouvées. Dès son apparition, la foule se précipite vers lui comme une énorme vague. Arafat se rend ensuite au camp de Jabalia, où le soulèvement a commencé, et a dit : «Parlons franchement : cet accord ne répond peut-être pas aux aspirations de certains d’entre vous, mais c’est ce que nous pouvions obtenir de mieux vu les circonstances internationales et arabes actuelles.»
Le lendemain, il traverse la bande de Gaza dans sa voiture, s’arrêtant de temps en temps pour serrer la main de plusieurs Palestiniens venus à sa rencontre. La foule est si excitée qu’Abu Ammar ordonne aux policiers de les laisser s’approcher de lui et de le toucher.
Le 3 juillet, Arafat se déplace de Gaza à Jéricho en hélicoptère, et les citoyens sont là pour l’accueillir avec un enthousiasme qui rappelle les scènes de Gaza. Les barrières protégeant la plate-forme ne résistent pas sous la pression de la foule. Arafat scande alors avec les Palestiniens venus l’accueillir : «Nous sacrifions nos âmes avec du sang, ô Palestine.»
Au nouveau siège de l’Autorité palestinienne dans la ville de Jéricho en Cisjordanie, le premier gouvernement palestinien prête le serment constitutionnel, et Arafat, suivi de 12 ministres, déclare : «Je jure par Dieu le Tout-Puissant d’être fidèle à mon pays, à ses valeurs sacrées et à son sol national, de respecter la Constitution et la loi, de travailler pour l’intérêt du peuple palestinien et de faire mon devoir avec sincérité et Dieu en est témoin.»
Dix jours après son retour dans la patrie, Yasser Arafat s’apprête à quitter la Tunisie pour la patrie pour s’y installer définitivement. Là il reçoit un adieu officiel en Tunisie le 12 juillet. Le même jour, Abu Ammar arrive à Gaza, se rend dans son bureau et tient tenu la première réunion avec ses collègues de la direction palestinienne, la mission de construire l’autorité nationale et établir ses institutions est ouverte.