L’Algérie fait aujourd’hui face à des défis dans tous les domaines, tout particulièrement dans ceux de l’innovation et des startups
Selon les économistes, l’Algérie a besoin, plus qu’avant, de l’apport de la science, de la connaissance et de l’innovation et de la valeur ajoutée qui sera apportée par les idées de notre jeunesse. Car, faut-il le souligner, le passage d’une économie de rente à une économie de production nécessite l’avènement d’une rupture avec les anciennes pratiques bureaucratiques. Il s’agit également de mettre la main dans la main et aspirer à édifier une économie forte, basée sur les compétences issues des universités algériennes, capables de concrétiser leurs idées avec le soutien de l’Etat à travers les différents dispositifs mis en place pour la promotion et le soutien de ces startups. Il faut également mettre en exergue le fait selon lequel le soutien apporté par l’Etat aux porteurs de projet innovant et aux startups traduit sa forte volonté de mettre en place une base solide en vue d’édifier une économie nationale axée sur la production avec un soutien solide aux entreprises créatrices de richesses et d’emplois.
«L’Algérie ambitionne de sortir définitivement de la seule rente des hydrocarbures»
Pour l’expert en économie Ishak Kherchi, que nous avons joint dimanche dernier, «l’Algérie, qui ambitionne de sortir définitivement de sa dépendance à la rente des hydrocarbures, a besoin d’une vision stratégique pour ce que nous voulons réaliser en 2023, 2024 et 2025».
En outre, pour notre interlocuteur, «il ne faut pas se concentrer seulement sur le nombre de startups créées, le plus important c’est que ces entreprises innovantes participent à la croissance du PIB national». Pour cela, recommande-t-il, «il est impératif de renforcer l’écosystème dans lequel évolue les startups. Actuellement, nous avons seulement les conditions pour la création d’une start-up. Toutefois, ce genre de sociétés innovantes nécessite une série d’autres conditions pour leur réussite».
C’est pour cela que, selon Kherchi, «nous avons besoin d’une vision stratégique basée sur les mécanismes d’appui à mettre en place pour le lancement et la réussite des startups».
«En effet, un grand travail reste à faire afin de développer l’économie de la connaissance et des startups dans notre pays. D’abord, il faudra renforcer l’écosystème de ce secteur, qui nécessite l’implication d’autres départements et acteurs économiques», a-t-il souligné. Et de poursuivre : «Le nombre d’incubateurs actuel est insuffisant. Il faut aller plus loin. On doit aller vers la création de plus d’incubateurs, notamment au niveau des universités, le bastion de la recherche. Il faudra aussi élargir cette expérience vers le secteur de l’enseignement et de la formation professionnelle». «Il y a beaucoup de travaux de recherche dans ce secteur. Nous devons y créer des incubateurs en mesure d’apporter des solutions innovantes à l’économie nationale», a-t-il ajouté en rappelant que «le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait ordonné d’associer les startups au développement des entreprises publiques».
«L’économie de la connaissance et de l’innovation, le créneau de l’Algérie nouvelle»
S’agissant de l’économie de la connaissance, notre interlocuteur a plaidé pour «le recours à l’expertise des pays leaders dans ce domaine à travers le transfert technologique et le savoir-faire». «Nous devons donner toute l’importance à ce secteur afin de le développer davantage et de faire sortir notre pays de l’économie de la rente», a-t-il souligné. Et d’ajouter, en guise de conclusion : «L’économie de la connaissance et de l’innovation est un créneau sur lequel l’Algérie table afin de diversifier son économie. Toute une stratégie est, à cet effet, déjà en place afin de développer ce secteur qui est en retard dans notre pays par rapport au reste du monde, notamment l’Afrique».
Contacté pour avoir son avis d’expert en économie innovante, Brahim Mouhouche a été affirmatif à ce sujet. «En effet, depuis 2020, le gouvernement algérien, sous la férule du président de la République Abdelmadjid Tebboune, est entré dans une course contre la montre pour baliser le terrain aux jeunes génies à travers l’élaboration d’un cadre juridique idoine pour l’émergence d’un tissu de sociétés innovantes connu sous le nom de start-up et, également, de mécanismes pour le financement de ces projets», a-t-il indiqué. Et d’ajouter pour conforter son analyse : «Selon les derniers chiffres rendus publics, plus de 6.000 demandes ont été recensées en 2022, dont 1.100 ont déjà obtenu le label ‘’start-up’’ ou celui de projet innovant». Sur ce point, notre interlocuteur a précisé que «la labellisation d’une start-up nécessite un certain nombre de conditions, à l’instar de l’innovation, sa forte croissance et son apport pour l’économie nationale. C’est dire que le porteur d’un projet innovant n’est pas automatiquement éligible à un financement du Fonds algérien des startups».
«Un nombre important de start-ups a déjà bénéficié d’un financement»
De plus, selon l’expert Brahim Mouhouche, «un nombre important de startups a déjà bénéficié d’un financement. Ces dernières sont en activité et contribuent à la croissance de l’économie nationale en commercialisant leurs services et produits».
Questionné sur la possibilité d’atteindre un million de startups et projets innovants en 2023, l’expert en économie innovante s’est montré optimiste. «Oui, c’est possible, notamment avec la création du régime de l’auto-entrepreneur», a-t-il déclaré. Ainsi, il a appelé à «l’implication du secteur privé dans le financement de ce genre de projets innovants créateurs de richesse et de valeur ajoutée».
Et pour atteindre cet objectif, Brahim Mouhouche a rappelé que «la loi de finances 2023 prévoit des mesures très incitatives concernant les domaines de la recherche, du développement et de l’innovation». Dans le même contexte, l’expert a indiqué que «les startups et tous les porteurs de projet sont en mesure d’apporter un plus à l’économie nationale. L’Algérie a fait, certes, un pas en avant dans ce domaine, mais nous n’avons pas encore exploité toutes les potentialités existantes. Il est plus que nécessaire d’élaborer une stratégie innovante pour permettre à notre économie de faire le grand saut vers l’autosuffisance alimentaire».
«Actuellement, en Algérie, il y a une volonté importante pour la promotion des startups»
C’est ainsi que, pour notre expert, «actuellement, en Algérie, il y a une volonté importante pour la promotion des startups, qui ont une structure agile et une capacité à s’adapter très rapidement à leur environnement. Ce type d’entreprise innovante évolue favorablement surtout par le soutien des pouvoirs publics et la volonté des entrepreneurs». Selon notre interlocuteur, «l’innovation et l’entrepreneuriat sont des moteurs fondamentaux de l’économie, ils sont liés par le même souci de créativité qu’il s’agisse d’élaborer de nouveaux produits, de nouveaux services, de nouveaux procédés ou de nouvelles organisations. Ces deux concepts restent essentiels pour les entreprises». Et d’ajouter : «Afin d’amorcer le plus rapidement une rupture claire sur le plan de la gouvernance macroéconomique, un autre modèle de croissance s’impose. Il est impératif que l’Algérie compte sur un autre modèle de croissance économique autre que les hydrocarbures, entre autres les start-ups, et ce, en raison de la contraction du secteur des hydrocarbures.»
C’est pourquoi, selon Brahim Mouhouche, «promouvoir les startups pourrait représenter un moyen de libérer le pays de sa dépendance aux hydrocarbures. Une dépendance qui n’a que trop duré à plus forte raison que les énergies fossiles ne constitue plus une assurance pour l’avenir du pays. Se libérer des hydrocarbures n’est plus un choix, c’est une obligation». «La motivation de l’Algérie de faire de la start-up un levier important de développement de l’innovation et de l’économie numérique et d’amélioration des services à la population est un pas vers l’avant, ce qui implique, entre autres, une nouvelle politique industrielle qui s’appuiera sur la redynamisation d’un secteur public reformé et l’implication du secteur privé à travers un réseau de PME et de start-up», a-t-il souligné. «Ces dernières font donc partie intégrante de l’équation de résolution des défis du pays.
Pour ce faire, le gouvernement est dans l’obligation de réfléchir à une politique pour mettre en place un écosystème adéquat qui va appuyer l’essor des startups dans le cadre de sa création, son développement et son expansion. Dans la plupart des pays, la start-up constitue un vecteur d’accélération de la productivité et du développement grâce à l’innovation, la créativité et un nouvel esprit d’entreprise. C’est pour cette raison que l’objectif de l’Algérie est de faire de la start-up et l’innovation le fer de lance de son économie», a-t-il conclu.