Si, dans son ouvrage Zelda, paru en 2022, Meriem Guemache a essayé de présenter l’image de la femme dans la société algérienne, notamment le statut de la femme divorcée, l’amour à distance, la féminité, l’amitié, la trahison et le divorce, notre consœur a récidivé dans son dernier opus, L’absente, publié récemment aux éditions Casbah dans lequel elle revient sur des thématiques communes, tirées d’un quotidien familier de notre époque et parfois du passé, avec un regard particulier et une pointe d’humour.
Meriem Guemache, qui semble avoir pris goût à la littérature, propose en 153 pages dix nouvelles, de petites histoires très proches du lecteur et qui regorgent du vécu de son auteure. Parmi ces nouvelles, aussi captivantes les urnes que les autres, on peut citer «Virus horribilis» dans laquelle elle revient sur une période «inhabituelle, bizarre et surréaliste» de l’histoire très récente de l’humanité imposée par la pandémie de Covid-19 et sur tous les chamboulements subis par la vie et les habitudes de l’humain pendant au moins deux longues années.
Il est tout à fait clair que, dans ce texte, l’auteure raconte comment elle a vécu le confinement dû à la pandémie de Covid-19 et l’adoption de ce nouveau vocabulaire par l’humanité tout entière, avant de revenir sur les sourires disparus derrière des masques, le drame des proches atteints ou disparus, la menace permanente, mais aussi les différentes réactions de la société entre résilience, acceptation et résistance, parfois inconsciente.
L’auteure évoque également avec beaucoup d’humour ses propres nouvelles habitudes et des situations parfois burlesques d’un quotidien surréaliste qui s’était imposée aux Algériens et à toute la planète.
Dans un texte en hommage à sa mère intitulée L’absente, qui donne son titre à l’ouvrage, Meriem Guemache raconte avec une grande sincérité le quotidien vécu avec sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. Dans les détails elle propose au lecteur la vision de la fille qui doit assister sa maman dans ces moments très délicats. Avec beaucoup de tendresse, l’auteure évoque les bêtises enfantines de «sa maman, sa fille» et décrit la métamorphose que cette situation a imposé à son caractère devenu beaucoup plus souple, calme et patient, confiant avoir «beaucoup grandi à l’ombre de la maladie» pour pouvoir assister celle qui n’est plus que l’ombre d’elle-même jusqu’à son dernier voyage laissant «tant de présence dans son absence».
Le destin de Gamra et Saâd, un jeune couple vivant à Reggane et attendant leur premier enfant pour le printemps 1960, est relaté par l’auteure dans Cicatrice nucléaire, un texte qui raconte les séquelles des essais atomiques de l’opération Gerboise bleue menée par l’armée coloniale française un 13 février 1960. Loin du récit historique, Meriem Guemache décide de donner vie à ce drame en le relatant tel qu’il aurait été vécu par les habitants d’El Hamoudia, secoués par cette explosion qui a fait trembler la Terre et qui «a éteint la vie qui n’avait pas encore été allumée».
La lavandière, La voix, Faux semblants ou encore La mer à boire sont autant de nouvelles de ce recueil qui se présente avec, pour couverture, la toile «Solitude» de l’artiste peintre Maria Eltsova.
Titulaire d’une licence en anglais et journaliste, Meriem Guemache est l’auteure de la série Lotfi destinée aux enfants avant de publier en 2018 le recueil de nouvelles La demoiselle du métro. Elle revient un an plus tard avec Un jour tu comprendras qui sera suivi de son premier roman, Zelda.