L’Algérie célèbre aujourd’hui, jeudi, la Journée nationale de l’artiste, coïncidant avec la date symbolique de l’assassinat le 8 juin 1958 de l’artiste chanteur, parolier et compositeur Ali Maâchi.
Le nom de Ali Maâchi, inscrit en lettre de sang dans la culture algérienne, a également été attribué au premier lycée national des arts, un premier établissement pilote qui a ouvert ses portes à Alger, à la rentrée scolaire 2022, en application des décisions du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour la création d’un baccalauréat artistique.
Cette journée est également une occasion pour tous les établissements culturels de présenter et promouvoir de nouvelles créations ou rendre hommage à des figures marquantes de la culture et des arts en Algérie, mais aussi une occasion pour discuter des conditions de travail et faire évoluer le dossier du statut de l’artiste tant attendu et auquel la ministre de la Culture et des Arts, Dr Soraya Mouloudji, accorde un intérêt des plus importants.
A cet effet, un programme riche et varié a été concocté par les institutions culturelles, à travers le pays, en guise de célébration de cette Journée nationale de l’Artiste.
En effet, selon un communiqué du ministère de la Culture et des Arts, le complexe culturel Abdelouahab Salim du Chenoua, dans la wilaya de Tipasa a abrité le 5 juin dernier, une soirée littéraire et poétique animée par une pléiade d’écrivains et de poètes. Pour la journée du 8 juin qui coïncide avec la journée nationale de l’artiste, une exposition collective d’arts plastiques aura lieu au même lieu. Le même jour à la salle du 8 mai 1945 de Kherrata, une représentation théâtrale ainsi qu’une soirée musicale sont programmées au grand bonheur des mélomanes de la région. A l’ouest du pays, précisément dans la capitale des Zianides, Tlemcen, le centre des Arts plastiques de la ville abritera durant tout le mois de juin, le salon national de la photographie artistique.
Au niveau de la capitale, l’Opéra Boualem Bessaih, abritera, selon la même source, une soirée musicale interprétée par l’orchestre symphonique de l’Opéra d’Alger. Il est important de souligner que d’autres activités culturelles sont prévues dans d’autres régions du pays pour célébrer avec faste cette journée nationale de l’Artiste.
«La situation socio-professionnelle de l’artiste a connu une amélioration considérable»
Pour Abdelkader Bendaâmache, auteur, chercheur en musique et néanmoins président du Conseil national des arts et des lettres (CNAL), «la situation socio-professionnelle de l’artiste algérien a connu une amélioration considérable ces dernières années à la faveur des décisions des hautes autorités du pays».
Plus précis, notre interlocuteur a tenu à faire savoir que «l’Etat algérien, à sa tête le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, accorde une attention particulière à la condition de l’artiste à travers la mobilisation de l’arsenal juridique et des moyens matériels et humains nécessaires pour améliorer la performance de cette catégorie professionnelle et créative de la société»
. Aussi, notre interlocuteur, qui passe pour un observateur important du statut de l’artiste en Algérie, n’a pas manqué de mettre en exergue la nouvelle loi sur l’Artiste qui comporte, selon lui, «des mécanismes de prise en charge des aspects sociaux de tous les créateurs algériens dans tous les types d’art en guise de reconnaissance de leur apport et de la belle image qu’ils reflètent de l’Algérie».
Dans le même contexte, Bendaâmache n’est pas allé par trente-six chemins pour souligner que «l’Algérie entend doter les artistes d’un statut concis et éligible pour la mise en place d’un contexte favorable á la création, mais aussi à l’épanouissement socioprofessionnel».
«Plus de 25.000 cartes d’artiste ont été délivrées depuis la création du CNAL»
«Plus de 25.000 cartes d’artistes ont été délivrées depuis la création du Conseil national des arts et des lettres. Sa validité est de cinq années renouvelables et concerne 180 métiers des arts», a indiqué Bendaâmache. Concernant l’utilité de cette carte, il a déclaré qu’«elle offre de nombreux avantages comme l’assurance, la retraite, l’investissement culturel et la création d’établissements artistiques en bénéficiant du soutien et de l’accompagnement de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (ANADE)».
Par ailleurs, d’autres avantages sont accordés aux artistes via la promulgation du projet de loi sur l’artiste qui viendra mettre ces derniers dans des conditions idoines de production. A ce sujet, Abdelkader Bendaâmache a été prolixe. «Le projet de loi donne droit à l’artiste d’avoir un niveau de vie suffisant pour préserver sa santé et le confort à lui et à sa famille. Le droit à la protection sociale, à la couverture sanitaire et à la retraite est également consacré. Idem pour l’obtention d’un contrat d’assurance complémentaire couvrant les risques professionnels auprès de producteurs», a-t-il indiqué.
Selon notre interlocuteur, «le texte consacre aussi le droit pour l’artiste de créer ou d’adhérer aux organisations professionnelles représentatives et d’être sollicité pour l’élaboration de politiques publiques dans les domaines culturel et artistique. L’artiste a le droit de bénéficier de la formation continue à travers des cycles, des rencontres, des ateliers, des résidences, des bourses et des échanges pour promouvoir l’art et la culture. Désormais, l’artiste algérien, toutes spécialités confondues, sortira du marasme dans lequel il se débattait».
Evoquant le chapitre des devoirs conférés à l’artiste, il a indiqué que «le texte impose à l’artiste le respect de l’ordre public, la morale publique, la déontologie du travail artistique et le secret professionnel. L’artiste doit activer conformément à cette loi, à la législation en vigueur et à la déontologie artistique. Une charte nationale de déontologie artistique sera élaborée après la promulgation de la loi».