Les massacres du 8 mai 1945 ont été abordés par certaines œuvres littéraires, dont la majorité a été écrite par des écrivains originaires de la ville de Sétif qui ont vécu ces évènements tragiques durant leur jeune âge ou en ont entendu parler dans leur entourage.
Toutefois, ces massacres, qui restent réservés aux livres d’histoire, ont rarement été le sujet d’œuvres littéraires. Mais, tout récemment, un nouvel ouvrage intitulé «Massacres du 8 mai 1945 : rapports, témoignages et figures» a été publié à Sétif par l’association culturelle locale Nibras. Concu par un collectif d’universitaires et de chercheurs en histoire, en l’occurrence Sofiane Loucif, Bachir Faïd, Mohamed Bensaou et Kamel Khalil de l’université Sétif-2 et le docteur Khemissa Medour de l’université de Guelma.
«Ce livre de 153 pages analyse plusieurs questions liées à ces massacres dont le rapport du préfet de police de Sétif de l’époque», a indiqué Sofiane Loucif, coordinateur de cette œuvre. Le livre aborde le rôle des milices européennes dans les massacres perpétrés à Guelma et ses alentours le 8 mai 1945 à travers des documents français et autres.
Par ailleurs, le livre contient également des déclarations de témoins oculaires de ces crimes commis à Sétif, Ouled Adouane, Amoucha et Oued El Bared. Fait saillant u contenu de ce livre d’histoire, un de ces témoignages est celui du défunt militant Cherif Mohamed El Hadi surnommé Djenadi (1923-2022) qui relate sa participation à la manifestation du 8 mai 1945, son arrestation et les tortures qu’il avait subies. Il évoque également l’arrestation du jeune journaliste Kateb Yacine et du journaliste et écrivain Abdelhamid Benzine, membre du Parti du peuple algérien, concluant son témoignage par l’affirmation que «ces blessures ont besoin d’énormément de temps pour se cicatriser».
Analysant l’atrocité de ces évènements douloureux, Mohamed Kheraghl soutient dans cet ouvrage que «la répression perpétrée à Sétif, Guelma et Kherrata (Bejaia), qui était sans précédent, constitue même un génocide contre le peuple algérien».
En plus des textes poignants, le livre reproduit des photos publiées sur ces massacres par des médias internationaux de l’époque montrant des scènes d’affrontements, des massacres collectifs dans les villages et les milices européennes de Guelma ainsi que divers documents.
Ce qui est important et juste à noter, c’est que, selon plusieurs auteurs, le 8 mai 1945 est une date marquante de notre histoire contemporaine. Pour de nombreux historiens algériens, français et américains, dont Todd Shepard, «le 8 mai 1945 est le détonateur de la glorieuse révolution de novembre 1954». Malheureusement, d’innombrables zones d’ombre de cette étape douloureuse demeurent méconnues, inexplorées et inexploitées.