Pour promouvoir l’inclusion financière en améliorant le cadre institutionnel et en orientant les ressources disponibles au bénéfice de la croissance économique et des populations, le gouvernement algérien mise sur le phénomène de captation de l’importante épargne non bancarisée. Ainsi, des réformes de promotion de cet outil ont été engagées afin de démocratiser les services financiers de masse et lutter contre les exclusions financières et sociales.
Selon les spécialistes, l’inclusion financière, qui n’est d’ailleurs pas un mot nouveau dans le jargon économique du pays, doit constituer un objectif dans la réforme bancaire en matière d’accessibilité des populations aux services bancaires et financiers. A cet effet, une journée d’information sur l’inclusion financière, organisée par l’Association professionnelle des banques et établissements financiers, aura lieu aujourd’hui en signe de célébration de la Journée arabe de l’inclusion financière, célébrée chaque année le 4 mai.
«L’élargissement du réseau bancaire consolide l’intégration financière»
Joint par nos soins pour davantage d’éclaircissements à ce sujet, l’expert financier Souhil Meddah nous a indiqué : «L’élargissement du réseau bancaire national est un impératif pour consolider les instruments de l’intégration financière et son inclusion au profit des populations et de l’économie nationale. Il s’agira de rapprocher la banque du citoyen et de proposer de nouveaux produits et services adaptés à la demande.»
«La bancarisation a, certes, enregistré une amélioration au cours de ces dernières années à la faveur des mesures prises par l’autorité monétaire, mais elle reste insuffisante. Elle doit constituer un objectif dans la réforme bancaire en matière d’accessibilité des populations aux services bancaires et financiers», a-t-il ajouté. Or, pour notre interlocuteur, «en plus du fait que le réseau des agences bancaires reste réduit par rapport aux besoins de la population, sa répartition spatiale sur l’ensemble du territoire demeure inégale, ce qui rend l’accessibilité délicate, notamment pour les populations souffrant de l’éloignement géographique». «La numérisation est un facteur déterminant dans le développement de l’inclusion financière», a-t-il souligné.
Aussi, l’accessibilité aux services financiers, soutient l’expert Meddah, «nécessite la reconstruction du secteur financier en le réorientant de plus en plus vers les populations vulnérables et pauvres». Interrogé sur les moyens d’y parvenir, notre interlocuteur a répondu : «Il faudrait non seulement densifier le réseau de guichets (banques, postes et assurances…), mais il serait aussi primordial d’investir dans la micro-finance». Dans le même registre, Souhil Meddah a été catégorique en indiquant que «les progrès réalisés dans l’extension de l’accès aux comptes bancaires à la population adulte au cours des six années jusqu’en 2018 ont démontré la possibilité de stimuler rapidement l’inclusion financière en Algérie.»
«L’inclusion financière, un ingrédient essentiel au développement économique»
S’appuyant sur les expériences de nombreux autres pays africains et arabes, l’expert financier a affirmé que «le potentiel inhérent à la banque numérique et islamique a également la possibilité de rapprocher encore plus le pays de l’accès universel à la banque».
Toutefois, «des efforts supplémentaires seront probablement nécessaires pour surmonter la préférence culturelle en Algérie pour l’épargne et les transactions en espèces, y compris l’amélioration de l’éducation financière et l’accroissement de la confiance dans les institutions financières formelles», a-t-il ajouté. «Avec un réseau de 1.690 agences bancaires au niveau national, le chiffre demeure encore loin des normes internationales» par rapport au nombre des habitants, a-t-il ajouté non sans préciser que «le faible degré d’inclusion financière est dû principalement à l’indice d’utilisation qui représente le pourcentage de l’épargne et du crédit par rapport au produit intérieur brut».
Aussi, selon lui «l’inclusion financière est un ingrédient essentiel au développement économique et à la réduction de la pauvreté et peut également être un moyen d’allègement de l’exclusion sociale».
Pour sa part, l’expert en économie financière Abderrahmane Aya semble catégorique en indiquant à ce sujet qu’«aujourd’hui, beaucoup de pays dans le monde n’ont pas encore atteint une bancarisation optimale qui garantit un accès durable au compte en banque puis à l’usage aux services bancaires de manière régulière». Et d’ajouter : «Compte tenu de l’importance du rôle économique et social que jouent les services financiers et bancaires, d’une part, et les efforts déployés par les pouvoirs publics œuvrant au développement d’un système financier solide et accessible, d’autre part, il est à ce demander pourquoi l’inclusion financière optimale en Algérie n’est qu’à ses débuts.»
C’est pourquoi, a-t-il tenu à préciser, «le droit au compte d’une personne à utiliser des services financiers formels pour prévenir l’exclusion doit être une priorité». Toutefois, a-t-il insisté, «un système financier inclusif doit notamment encourager l’utilisation des services financiers par les groupes les plus vulnérables de la société».
A ce titre, il a affirmé que «les progrès réalisés dans l’extension de l’accès aux comptes bancaires à la population adulte aux cours des six dernières années jusqu’en 2018 ont démontré la possibilité de stimuler rapidement l’inclusion financière en Algérie».
«La loi de finances 2023 compte plusieurs mesures en faveur de l’inclusion financière»
«Un droit au compte a été instauré en 2010 dans la législation bancaire prévoyant la possibilité d’un accès à un compte courant gratuit pour tout citoyen n’ayant pas de compte bancaire. Ce dispositif mis en place en 2016 prévoyait également un accès gratuit et effectif à un certain nombre d’opérations et de services de base», a encore indiqué Abderrahmane Aya.
«La loi de finances 2023 prévoit de nouvelles mesures juridiques, notamment en matière d’investissement, de mobilisation des ressources, d’inclusion fiscale, de facilitation procédurale et de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales», a-t-il ajouté. Ainsi, selon notre interlocuteur, «la loi de finances 2023 propose l’habilitation des personnes physiques réalisant un chiffre d’affaires de moins de 5 millions DA par an à la loi sur l’auto-entrepreneur, tout en les soumettant à l’impôt forfaitaire unique (IFU) à hauteur de 5% sur le chiffre d’affaires quelle que soit la nature de leur activité».
De plus, selon lui, «parmi les mesures prises en faveur de l’inclusion fiscale, il y a l’exonération des opérations d’importation des cartes bancaires et accessoires des droits et taxes afin de réduire le coût de ces cartes tout en généralisant leur utilisation».
Par ailleurs, fort de sa conviction que l’inclusion financière en Algérie doit entre affectée au chapitre des urgences, Aya a mis en exergue le fait selon lequel «le bilan des banques nationales ces deux dernières années est plutôt encourageant, mais des défis restent à relever dans le contexte actuel».
«L’externalisation des banques publiques, une des priorités du gouvernement»
Et d’ajouter comme argument en faveur de l’inclusion financière : «L’externalisation des banques publiques figurent parmi les priorités du gouvernement qui s’est déjà fixé l’objectif d’ouvrir des succursales des banques nationales dans plusieurs pays (Sénégal, Mauritanie…) et d’ouvrir le capital de deux banques publiques au privé. Autre objectif à atteindre, l’accélération du développement et de l’expansion de la finance islamique qui évolue, d’ores et déjà, de manière significative depuis la promulgation, en mars 2020, des textes réglementaires définissant les opérations relevant de la finance islamique et les conditions de leur exercice par les banques et les établissements financiers, permettant ainsi aux banques d’ouvrir des guichets et des agences dédiés et d’offrir à leur clientèle des produits et des services bancaires conformes à la chariâ.»