L’expérience du regretté artiste Mohamed Zinet constitue une étape phare dans l’histoire du cinéma algérien, qui fut étroitement liée aux principes de liberté et de lutte pour le recouvrement de l’indépendance du pays. Son engagement pour la noble cause lui avait permis d’émerger en tant qu’acteur et assistant réalisateur et, plus encore, en tant que réalisateur du film Tahia Ya Didou, qui suscite toujours l’intérêt et la curiosité des amateurs du 7e art.
Né en 1932 à Alger, Mohamed Zinet se passionne très jeune pour le théâtre, période dont nous savons peu de choses sinon qu’il aurait animé une troupe amateur, El-Manar El-Djazairi (Le flambeau algérien), et qu’en 1947, à Paris, il aurait présenté une adaptation du Bourgeois gentilhomme de Molière à la salle Wagram.
Officier de l’ALN pendant la guerre de libération, il est blessé puis acheminé à Tunis où se crée la troupe artistique du FLN qui constitue le noyau du futur Théâtre national algérien. Durant son séjour à Tunis, il tient le rôle de Lakhdar dans Le cadavre encerclé, un film adapté de l’œuvre de Kateb Yacine et réalisé par Jean-Marie Serreau. Après un premier stage en 1959 au Berliner Ensemble en RDA, Mohammed Zinet en effectue un second au Kammerspiele de Munich en 1961. L’année suivante, il séjourne à Paris où il est engagé par Jean-Marie Serreau pour la tournée scandinave des Bonnes de Jean Genet et Comment s’en débarrasser d’Eugène Ionesco.
De retour à Alger en 1964, il participe à la création de la société Casbah Films et sera assistant dans la réalisation du film Les mains libres d’Ennio Lorenzini (1964) et La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo (1966). Il est également sollicité comme acteur dans «Monangambé» de Sarah Maldoror (1968) et Les trois cousins et Les Ajoncs de René Vautier (1970).
Tout au long de sa carrière, Mohammed Zinet jouera dans, entre autres, Le bougnoule de Daniel Moosmann (1974), Dupont Lajoie d’Yves Boisset (1974), La vie devant soi de Moshé Mizrahi (1977), Robert et Robert de Claude Lelouch (1978), Le coup de sirocco d’Alexandre Arcady (1979), Les sous-doués (1980) avec son inoubliable et hilarant «notre peuple vaincra» lors de l’explosion de la couscoussière… Il est enfin l’auteur d’une pièce inédite intitulée Tibelkachoutine (qu’on a traduit par L’homme aux brindilles et jouée à Tunis.
Décédé le 10 avril 1995 après plusieurs années d’hospitalisation à Paris, Mohamed Zinet est enterré à Alger au cimetière d’El-Kettar.