Le romancier colombien Gabriel García Márquez, qui a remporté le prix Nobel de littérature en 1982, est arrivé en tête de la liste des dix auteurs les plus traduits de l’espagnol vers d’autres langues internationales au cours de ces deux dernières décennies.
Des données récentes publiées par l’Instituto Cervantes en Espagne intitulées «Global Translation Map» ont montré que Marquez (1927-2014) est l’écrivain le plus traduit de l’espagnol dans dix langues internationales (suédois, arabe, anglais, russe, japonais, portugais, italien, allemand, chinois et français) entre les années 2000 et 2021.
Il est suivi par la Chilienne Isabel Allende, l’Argentin Jorge Luis Borges, le Péruvien Mario Vargos Llosa et l’Espagnol Miguel de Cervantes.
Bien que le roman Don Quichotte de la Mancha de l’Espagnol Miguel de Cervantes soit en tête de liste des romans les plus traduits en arabe et dans toutes les langues du monde, Garcia Marquez peut se targuer, selon les critiques, d’être l’auteur le plus apprécié, sinon suivi dans les pays arabes. La mort de l’écrivain colombien Gabriel García Márquez en 2014 à Mexico à l’âge de 87 ans a évoqué, selon la même source, pour quelques générations de lecteurs, celle de Victor Hugo, mais un Hugo tropical du XXe siècle mondialisé, une sorte de conquistador à l’envers, du nouveau continent vers l’ancien, devenu l’ami et le fidèle soutien d’un maître abusif des rêves égalitaires et des illusions perdues, Fidel Castro. C’est en effet un véritable symbole littéraire et politique, une pop star du rêve latino-américain et de ses luttes dans les années 1960.
Célèbre pour ses cheveux frisés et sa coupe quasiment afro, son goût de Rabelais et du vallenato, ses bottes paysannes et ses chemises tropicales, Gabo devint à 40 ans ce personnage de petite taille au sourire convivial dont une œuvre, Cent ans de solitude, allait en mai 1967, quatre ans après Marelle de Julio Cortázar et le jour même où sortait Sergent Pepper des Beatles, marquer une langue et une époque.
L’inventeur de Macondo exportait la vie d’un continent et définissait avec d’autres ceux qu’on appela les écrivains du boom latino-américain, les contours d’un nouvel imaginaire.
De la génération qui fit connaître par les mots la démesure de l’Amérique latine au reste du monde, il ne reste plus désormais que son ancien ami, devenu son meilleur ennemi, le Péruvien Mario Vargas Llosa. L’un et l’autre ont reçu le prix Nobel de littérature.
García Márquez résume justement à Stockholm en 1982, au moment où il reçoit ce prix, le sens politique, donc collectif, de son apparition artistique, donc individuelle : «Dans les bonnes consciences de l’Europe et aussi parfois dans les mauvaises, a fait irruption avec plus de force que jamais l’actualité fantasmatique de l’Amérique latine, cette immense patrie d’hommes hallucinés et de femmes entrées dans l’histoire, dont l’obstination infinie se confond avec la légende.»
Pendant quelques années, il a été le principal poète narratif de ce continent puis il en est devenu l’un des caciques, comme si le genre de pouvoir qu’il dénonçait, à force de le décrire, avait enveloppé et déterminé sa vie même, la transformant en autofiction.