Phénomène récurent à l’arrivée de chaque Ramadhan, de nombreux commerces changent d’activité sans crier gare pour se mettre au goût du jour ou plutôt au goût du mois de toutes les folies ! Outre les vendeurs traditionnels de gâteaux orientaux, de nombreux fast-food, restaurants et autres salons de thé se transforment comme par magie en vendeurs de zlabia et de qalb el louz, qui se placent ainsi en vedettes des devantures.
Aux quatre coins de la ville, les «commerces» de gâteaux orientaux sont visibles, souvent dans des conditions d’hygiène déplorables. La zlabia, cette friandise très appréciée des grands et petits, se démarque en ce mois de Ramadhan à la faveur de la frénésie des achats. Or, si le consommateur reste friand de ces sucreries alléchantes en ce mois où tout se s’achète, il ignore vraisemblablement le danger qui le guette et les conditions d’hygiène déplorables qui entourent sa préparation.
«Une rondelle de zlabia équivaut à 17 petits carrés de sucre»
En effet, quand on sait qu’une rondelle de zlabia équivaut à 17 petits carrés de sucre, on se rend vite compte que le diabète type 2 n’est pas loin. Cette surdose de sucre peut également attaquer le foie et provoquer des inflammations multiples allant jusqu’à l’hépatite sévère pour certains cas. Plus grave encore, selon une publication de l’APOCE, dirigée par Mustapha Zebdi, dans certaines échoppes, les conditions de préparation sont si déplorables qu’il arrive que des cafards et autres souris se baladent allégrement au milieu des plateaux de zlabia. Où sont les services d’hygiène et de contrôle censés sévir en pareil cas ?
Il est temps de tirer la sonnette d’alarme sur ces situations sachant que de nombreux Algériens ne peuvent résister à cette friandise durant le mois sacré et parcourent des dizaines de kilomètres pour se procurer la zlabia de Boufarik, connue pour être la meilleure.
«La zlabia préparée dans des conditions lamentables représente un réel danger»
Interrogé à ce sujet, Hacène Menouar, président de l’association El-Aman, était formel en indiquant tout de go : «Oui, cela constitue pour nous en tant qu’association El-Aman une grande préoccupation sanitaire du fait que ces friandises préparées dans des conditions lamentables représentent un réel danger et même un danger mortel pour le consommateur».
En effet, selon notre interlocuteur, «nous avons eu déjà à prendre connaissance que dans certaines boutiques, notamment celles aménagées conjoncturellement pour le mois de Ramadhan, les conditions d’hygiène et le mode de préparation de la zlabia et autre qalb el-louz incitent à l’intervention immédiate des services de contrôle et d’hygiène pour une fermeture définitive».
«Nous pouvons par exemple citer, entre autres, le cas d’une surchauffe de cette huile chauffée à un degré (supérieure à 180°C), aussi quand il y a présence d’eau, ou également quand elle contient des éléments carbonisés. Ces substances que nous venons de citer sont des dangers permanents pouvant affecter la santé du consommateur», a-t-il affirmé. Par surchauffe, il est à préciser que généralement, certains «tristes préparateurs» en cuisine «utilisent la même huile autant de fois pour la friture de cette zlabia si prisée par le jeûneur», a-t-il souligné.
«Le consommateur doit être très vigilant face à ces produits douteux»
Le président de l’association El-Aman a tenu à attirer l’attention du consommateur en indiquant : «Il faut d’abord cultiver ou informer le consommateur sur les dangers de ces friandises. A vrai dire, le consommateur doit être très vigilant face à ces produits douteux et boycotter tout commerçant ne respectant pas le minima d’hygiène et de salubrité.»
De même, «les services d’hygiène et de contrôle doivent être très présents en sévissant comme il se doit en pareille situation. Les services de sécurité doivent, également, intervenir pour procéder illico presto à la fermeture de ces magasins où pullulent rats et cafards et autres bestioles», a-t-il préconisé. «Cette façon de faire profite sans aucun doute au minable commerçant sans âme, qui regarde seulement son côté financier et économique personnel sans pour autant se soucier de la santé d’autrui.
Sur ce sujet très délicat, chacun vient à se demander si les instances concernées prennent en considération tous les facteurs énumérés ci-dessus, très particulièrement les services d’hygiène, dont le rôle est primordial et déterminant pour la sécurité et la santé du consommateur», a mis en exergue Hacène Menouar.
Pour sa part, Mustapha Zebdi, le président de l’organisation de protection des consommateurs en Algérie APOCE sonne l’alerte. En effet, pour notre interlocuteur, «le mois de Ramadhan est devenu synonyme de consommation effrénée de sucreries par excellence. Le commerce de la zlabia, très prisée par les consommateurs, fait partie des caractéristiques liées à ce mois sacré et aux habitudes culinaires des Algériens», a-t-il indiqué d’emblée. Et de poursuivre : «Les conditions d’hygiène de certaines boutiques qui poussent comme des champignons au mois de Ramadhan sont mortelles pour le consommateur.»
«Des rats et des cafards se disputent la nourriture restante sous les éviers et les placards»
«Nos équipes ont pu filmer des boutiques où des rats et cafards se disputaient la nourriture restante sous les éviers et les placards», a-t-il indiqué avec dégout.
C’est pourquoi, Zebdi n’a pas cessé de mettre en garde sur sa page Facebook contre ces produits dangereux qui circulent sur le marché, notamment la zlabia, qui arrive en tête de liste des confiseries traditionnelles très demandées par les citoyens, sans se soucier des conséquences. Dans un communiqué, l’APOCE a publié des séquences d’une vidéo montrant l’intérieur d’un magasin de zlabia infesté de cafards et de souris.
«Il faut éviter de la consommer afin de préserver sa santé»
Plus que cela, dans un autre communiqué, l’APOCE avertit que «ce gâteau traditionnel est cancérigène. En effet, du blé cuit dans l’huile sous haute température résulte une molécule appelée acrylamide. Cette substance chimique peut causer le cancer. En plus, la méthode de la friture de la zlabia est l’un des pires modes de nutrition. Il faut donc éviter de la consommer afin de préserver sa santé». Et d’ajouter : «Les clients s’agglutinent autour de ces étals. Ils le font sans être conscients du danger potentiel. C’est un risque auquel ils s’exposent et exposent leurs familles.»
L’APOCE a également noté que «le mode de cuisson de cette friandise est malsain et nocif», appelant les citoyens à «réduire autant que possible la consommation de zlabia afin de préserver leur santé».
Contacté par nos soins, le président de la Forem, Pr Mustapha Khiati, est également du même avis en appelant le consommateur algérien à «faire la part des choses». C’est ainsi qu’il recommande vivement de considérer la zlabia comme «un médicament qu’il ne faut pas laisser à la portée des enfants et qu’il faut consommer en quantités limitées». Et de poursuivre son argumentaire en affirmant que «la zlabia est une sucrerie concentrée, presque du miel en barre, très nocive pour la santé. Le nombre alarmant des diabétiques risque d’augmenter considérablement dans les années à venir».
Les conditions douteuses dans lesquelles la zlabia est préparée incitent au boycott
Outre la question de santé publique, il pointe également du doigt sur «les conditions douteuses dans lesquelles la zlabia est préparée, notamment l’hygiène des lieux de fabrication et l’huile utilisée pour la préparation». C’est pourquoi, Pr Mustapha Khiati met en garde les Algériens contre «les risques de cancers liés à une huile non changée pendant plusieurs jours».
Pour ce Ramadhan 2023, la population est donc de nouveau avertie des dangers pour la santé que représente la zlabia.