Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné des instructions à l’effet de concrétiser le projet de numérisation des Domaines, des Impôts et des Douanes dans un délai de six mois au maximum, et ce, à titre de première phase avant la numérisation globale.
Le président de la République a affirmé que «l’objectif de la numérisation n’est pas seulement de moderniser les transactions administratives, mais relève de la sécurité nationale et vise à servir le citoyen, notamment à travers la définition exacte des biens de l’Etat et des individus».
Abderrahmane Hadef : «La numérisation est devenue l’un des trois axes de souveraineté»
Sur ce point Abderrahmane Hadef, expert économique et consultant en business développement, a estimé qu’«aujourd’hui la numérisation n’est plus un choix, elle est devenue un enjeu stratégique et de souveraineté». Contacté par la rédaction de «Maghreb Info», Hadef nous a expliqué qu’«il est plus qu’urgent et important de réussir le projet de transformation numérique nationale».
A propos des décisions du président Tebboune, l’expert nous a affirmé que «le président de la République attache de l’importance à ces directions (Impôts et Douanes)» qui, selon lui, «donnent de grands indicateurs ; donc il est important de maîtriser ces indicateurs».
Selon l’expert, «la numérisation n’est pas seulement la modernisation de l’administration mais elle consiste en réalité de bâtir un système d’information qui nous donne des indicateurs justes et des informations qui reflètent la réalité», ajoutant que «la numérisation est devenue l’un des trois axes de souveraineté qui repose sur la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique et la sécurité numérique».
Le président de la République a été franc dans ce sens car «la numérisation est devenue une affaire de sécurité nationale souveraine, et donc il faut accélérer ce processus à travers la mise en place d’une banque d’information», a-t-il poursuivi.
De plus, notre interlocuteur a indiqué que «la numérisation des Domaines, des Impôts et des Douanes est une condition pour lancer la voie du développement en Algérie». Dans le même ordre d’idée, Abderrahmane Hadef a déclaré que «la numérisation connaît des transformations rapides et multiples».
«Aujourd’hui nous devons faire des choix qui correspondent à la situation actuelle du pays. Nous devons consulter les spécialités et nous devons travailler avec professionnalisme pour permettre à l’Algérie de faire un grand pas dans le domaine de l’économie nationale», a-t-il ajouté. «Pour cela il est primordial de passer à une nouvelle étape dans son projet de transformation numérique», a-t-il plaidé.
Pour notre interviewé, «l’Algérie a connu certaines avancées dans le domaine de la numérisation et de la technologie numérique, en général, à savoir les avancées enregistrées dans certains secteurs comme l’intérieur, l’état civil, la justice et les caisses de sécurité sociale, mais cela reste toujours des initiatives isolées de certains départements. Pour cela l’Algérie doit aboutir à une réelle transformation de l’administration».
«L’objectif principal est de réduire le poids de la bureaucratie dans les pratique de l’administration»
«La numérisation a, aujourd’hui, un double objectif ; le premier est lié à l’amélioration des services publics et le deuxième c’est quelle devienne un levier de performance et de compétitivité pour l’économie», a encore indiqué l’expert.
Pour le premier objectif, il nous a expliqué qu’«il est important aujourd’hui qu’il y ait une réelle transformation au sein de l’administration qui régit tout ce qui est service public, l’objectif principal étant de réduire le poids de la bureaucratie dans les pratiques de l’administration, ce qui va nous permettre d’aboutir à un service public moderne performant et cela passe par une cohésion et une cohérence dans l’action des administrations publiques (la nécessité d’aller vers une interopérabilité des système d’information)».
Et d’ajouter : «Dans une première étape, aujourd’hui, c’est devenue primordial et obligatoire d’avoir cette interopérabilité des systèmes d’information et, dans la deuxième étape, c’est d’avoir un système de formation gouvernemental et ce, dans le projet de Cloud gouvernemental qui va aboutir à une nouvelle organisation des services publics par l’adoption de nouvelles technologies comme le Cloud et le Big Data».
«Le président de la République n’arrête pas de faire de ce point une urgence du moment qu’il participe à une meilleure transparence et une meilleure qualité de service public, c’est un outil qui va permettre aussi de rétablir la confiance entre le citoyen et l’administration mais aussi entre le citoyen et l’Etat, ce qui est très important dans la phase actuelle où l’Algérie est en train d’entamer un grand projet de transformation économique où le citoyen doit être mis au cœur de ce projet de transformation», a-t-il souligné.
«La numérisation permettrait à notre économie d’améliorer la création de la valeur ajoutée»
Sur les aspects économiques, Hadef nous a déclaré qu’«il faut qu’aujourd’hui la numérisation devienne un levier de performance, ce qui veut dire que, normalement, nos entreprises et nos institutions doivent utiliser les technologies numériques dans leur travail, mais surtout dans leur système de production».
Ajoutant dans le même sillage qu’«il est important d’adopter une stratégie nationale dans le sens qui va permettre de définir les principales orientations dans le cadre de la transformation numérique. Là je fais référence à certains référentiels d’interopérabilité, tels que les référentiels de la sécurité numérique, le système d’information et de gestion des données. Tous ces référentiel doivent être aujourd’hui mis en place et promulgués pour qu’on puisse travailler dans un cadre cohérent».
Dans le cadre de l’activité économique «le numérique c’est un secteur à part entière aujourd’hui et c’est un levier de compétitivité pour les autres secteurs, à savoir l’agriculture, l’industrie, le tourisme, ce qui est appelé aujourd’hui ‘’l’industrie 4. 0’’ qui correspond à une nouveau moyen de production après la révolution industrielle qui est en train de toucher l’ensemble des secteurs à travers la maîtrise et l’emploi des technologies numériques», nous a-t-il détaillé.
L’expert a souligné notamment que «l’Algérie est dans l’obligation de passer aujourd’hui à cette nouvelle révolution technologique et de maîtriser des nouvelles technologies numériques dans toute la chaine de valeur de l’entreprise qui est actuellement concernée par un meilleur usage de technologie numérique pour qu’on puisse atteindre un certain niveau de productivité.
Cela permettrait à notre économie d’améliorer la création de la valeur ajoutée, et notre PIB va augmenter crescendo par la modernisation de notre modèle économique». «Je pense que les technologies numériques vont être le levier le plus important dans ce cadre et vont participer à régir ce nouveau secteur qu’est l’économie numérique», a-t-il conclu.
Younès Grar : «La vraie digitalisation nécessite une stratégie claire et mesurable à travers des étapes étudiées»
Pour Younès Grar, consultant en technologies de l’information et de la communication et président du conseil scientifique et technique de l’incubateur Algeria Venture, «l’Algérie dispose d’un immense potentiel dans sa quête pour la numérisation. La numérisation n’est plus un choix c’est une nécessité et une obligation surtout avec les nouvelles technologies».
Pour ce consultant, «la véritable numérisation nécessite une stratégie claire et mesurable à travers des étapes étudiées allant de la préparation du projet et de l’étude des risques à la formation de l’équipe, à la préparation du plan, à l’expérimentation, à la mise en œuvre et au suivi permanent».
De plus, il a expliqué que «la numérisation est le premier et principal moteur de l’économie moderne dans le sens où l’on ne peut pas parler d’économie moderne en l’absence de numérisation ; cela signifie que la numérisation va très rapidement faire avancer la roue du développement dans divers domaines où il est possible de réduire le coût de production ou le coût général de toute institution avec gain de temps et trouver les solutions nécessaires».
Après la pandémie de coronavirus, «il n’y a plus d’excuse pour revenir en arrière et justifier notre retard dans le démonie de l’adoption de cette numérisation», a-t-il souligné.
En outre, vue la crise économique, Grar a dit qu’«on doit réfléchir sérieusement et réduire nos dépenses au niveau des administrations et des entreprises pour résister à la concurrence et surmonter les défis pour que les entreprises ne disparaissent pas à cause de charges insurmontables».
Dans le même contexte, il a indiqué que «la numérisation peut contribuer à ajouter de la transparence aux données économiques et à prendre les bonnes décisions. Les bonnes et correctes décisions ne peuvent être prises qu’en présence d’une base de données transparente, des chiffres et des statistiques précises sur lesquelles nous pouvons nous appuyer, et cela ne peut se faire qu’avec un système économique et statistique bien numérisé».
Notre interlocuteur a ajouté que «la numérisation contribue également à fournir une base d’informations précise et large qui facilite le processus d’accès au monde de l’investissement et permet de connaître la disponibilité des produits de base et des matières premières pour les producteurs et la disponibilité des biens de consommation pour les consommateurs. Elle aide à identifier les déficits et les déséquilibres et à suivre le processus des produits de base pour lutter contre le monopole et la spéculation».