Ramadhan arrive, tous les musulmans vivront ce mois sacré de manière bien particulière. Le mois du jeûne est une école de la solidarité, de la foi, de la spiritualité, de la conscience, du don, de la justice et de l’union.
Ce mois sacré du jeûne est également celui de la plus grande introspection des musulmans, celui de la plus grande contribution à l’humanité.
En Algérie, à l’instar de l’ensemble des pays musulmans, la solidarité entre citoyens fait toute la différence en ce mois sacré. Croissant-Rouge algérien, Scouts musulmans algériens, associations, jeunes bénévoles, ministère de la Solidarité nationale, différents acteurs de la société s’engagent, durant le mois sacré, à venir en aide aux familles nécessiteuses et autres ressortissants étrangers, notamment les réfugiés de guerre.
Comme une véritable armée de fourmis, des milliers de jeunes volontaires, ces soldats de la solidarité, envahissent le territoire national en assiégeant les rues, les places publiques, les cités et structures autour d’une grande mobilisation de volontariat pour la prise en charge des familles nécessiteuses durant toute la période du Ramadhan. Des actes qui démontrent l’une des caractéristiques de la force du peuple algérien.
«La solidarité n’est pas un vain mot chez les Algériens»
Par milliers, les soldats de la solidarité, dès le premier jour du mois sacré, se mobilisent pour un même objectif, à savoir organiser des repas d’El Iftar au profit des milliers de ressortissants étrangers mais également des familles nécessiteuses.
Pour l’enseignant et chercheur en sciences islamiques, Dr Youcef Mechria, que nous avons joint, «pendant ce mois sacré qui constitue l’un des cinq piliers de notre religion, il nous est demandé de nous priver de manger, de boire comme de répondre à nos instincts, pour renouer avec notre être, notre cœur et le sens de notre vie». «Au-delà de la nourriture, jeûner exige de se prendre en charge, de connaître ses limites, avec humilité et d’exiger de soi une réforme, avec ambition. C’est un mois du renouveau, de bilan critique sur sa vie, ses exigences, ses oublis, ses espérances», a-t-il souligné.
«Etre solidaire avec ceux qui sont dans le besoin, partager avec son voisin, faire preuve de générosité pour aider son prochain est le dénominateur commun des Algériens durant ce mois de piété et de générosité», a indiqué notre interlocuteur qui précise, par ailleurs, que «le mois de Ramadhan est un mois de partage et de solidarité. Faisant partie des cinq piliers de l’Islam, ce mois représente quatre semaines de charité, de frugalité et de piété durant lesquelles les musulmans doivent faire preuve de don de soi et de soutien aux plus démunis».
«Le mois de Ramadhan, c’est celui du partage et de la solidarité»
Interrogé sur le concept de solidarité durant ce mois sacré, Dr Youcef Mechria a indiqué : «Cet élan de solidarité qui caractérise les Algériens reflète les valeurs de tolérance, de bienveillance et de paix qui les rassemblent. A cette occasion, plusieurs opérations sont lancées en faveur des familles qui sont dans le besoin afin qu’au moment de la rupture du jeûne, des repas de fête rassemblent toutes les familles», dit-il non sans préciser «que ce soit sous forme d’aide financière ou de distribution de couffins, les bienfaiteurs peuvent se permettre d’aider ceux qui sont dans le besoin ou qui sont éloignés de leur famille».
Il faut savoir également que si le mois de Ramadhan, qui débutera vraisemblablement jeudi, est un mois de piété, de partage et de solidarité entre les Algériens, il est également celui où la frénésie des achats atteint son comble. Et comme à chaque fois, la psychose de la rareté des produits, sinon leur cherté hante les consommateurs qui, parfois, ne savent pas à quel saint se vouer pour assurer le f’tour, après une longue journée de privation.
Heureusement que pour contrer cette désagréable situation, les autorités algériennes ont pris leurs devants pour assurer la disponibilité des denrées alimentaires par l’organisation de marchés de proximité (Rahma) au niveau de l’ensemble des communes du pays.
A ce sujet, le président de l’Organisation APOCE, Mustapha Zebdi, qui reste persuadé que «les marchés de proximité constituent une bouffée d’oxygène pour les ménages à faibles revenus», en ce sens que «les spéculateurs qui pourrissent le pouvoir d’achat des consommateurs sont exclus du circuit», selon lui.
«Le succès des marchés de la Rahma dépend du statut du marchand»
C’est ainsi que sur la page officielle de l’Apoce, il est clairement mentionné que «le succès des marchés de proximité est déterminé par la qualité des concessionnaires présents sur place». «S’il s’agit d’un fabricant ou d’un grossiste, ce sera un marché utile pour le consommateur, et si c’est un détaillant, même avec une petite marge bénéficiaire, le consommateur trouvera son compte», selon le communiqué de l’Apoce.
Contacté à ce sujet, Mustapha Zebdi s’est étalé sur le sujet en affirmant : «Avec la décision des pouvoirs publics d’ouvrir des marchés de proximité estimés à plus de 600, selon les chiffres du ministère du Commerce, le consommateur ne pourra que s’en réjouir.»
«Les marchés de proximité connaîtront une grande affluence des consommateurs»
Poursuivant son argumentaire, notre interlocuteur a poursuivi : «Les marchés de proximité, communément appelés (marchés de la Rahma), ouverts à l’occasion du Ramadhan en vue de maintenir la stabilité des prix, connaîtront une grande affluence des consommateurs», appelant à les généraliser pour le restant de l’année en indiquant : «Ces espaces devraient être maintenus pour le restant de l’année du moment qu’ils offrent divers produits de consommation à des prix compétitifs.»,
Zebdi a appelé également à ce que les espaces soient «attribués aux producteurs à titre gracieux, à condition de pratiquer des prix bas», dit-il avant de conclure : «Cette manifestation économique, qui sera organisée durant tout le mois de Ramadhan, accueillera des producteurs de produits de consommation, notamment les fruits et légumes, les viandes rouges et blanches, ainsi que des produits de première nécessité, comme l’huile, sucre, semoule, pâtes, farine, couscous, à des prix très étudiés.»
De son côté, le président de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (ANCA), Hadj Tahar Boulanouar, semble être du même avis au sujet de l’ouverture de marchés de la Rahma dont l’objectif premier est de «venir à la rescousse du consommateur».
«Le marché national sera approvisionné en fruits et légumes en quantités suffisantes»
En effet, selon notre interlocuteur, «durant ce mois de Ramadhan, et grâce à la louable initiative prise par les pouvoirs publics de mettre à la disposition des citoyens de centaines de marchés à travers l’ensemble des wilayas du pays, le marché national sera approvisionné en quantités suffisantes en fruits et légumes, en viandes rouge et blanches, en huile de table et sucre durant le mois sacré, afin de satisfaire la demande des citoyens et soutenir les prix.»
«Ce sont autant de mesures particulières prises dans le cadre des préparatifs du Ramadhan», a-t-il a souligné en faisant état de plusieurs mesures prises par plusieurs directions des départements ministériels du Commerce et de l’Agriculture en révélant que «plus d’un million de quintaux de fruits et légumes, 120.000 tonnes de viandes rouges et blanches, en sus d’un million de tonnes de céréales seront mises sur le marché durant le mois de Ramadhan».
Aussi, selon le président de l’ANCA, «ces quantités seront à même de satisfaire la forte demande exprimée en pareille période», révélant que «les quantités de céréales de toutes sortes consommées par les Algériens s’élèvent à environ 2 millions de tonnes de production locale et 9 millions de tonnes importées de l’étranger».
«L’huile de table sera disponible en grande quantité»
Interrogé sur l’huile de table qui a connu ces dernières semaines des perturbations du fait de son indisponibilité, El Hadj Tahar Boulanouar a tenu à rassurer que ce produit de large consommation sera présent sur les étals en indiquant : «L’autorisation a été accordée par le ministère du Commerce aux producteurs d’huile de table de vendre leurs produits directement aux consommateurs sur les marchés de proximité, en vue de répondre à la demande croissante enregistrée notamment durant le mois de Ramadhan.»
De plus, selon lui, «la nécessité d’assurer la disponibilité de ce produit de base partout sur le territoire national et de réduire les perturbations qu’a connues le marché ces derniers temps a poussé le ministère de tutelle à porter la production d’huile de table de 3.550 tonnes à 4.690 tonnes/jour, à compter de la semaine en cours et de mettre ces quantités sur le marché national».
Dans ce cadre, le président de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (ANCA), s’est félicité de ces mesures qui visent à assurer la disponibilité des denrées alimentaires très demandées, notamment durant le Ramadhan (viande, huile et d’autres produits de consommation), et à préserver la stabilité des prix.
D’après les informations recueillies sur le terrain par les acteurs concernés par l’approvisionnement du marché et la production (producteurs, agriculteurs, industriels et représentants des marchés de gros et de détail), les denrées alimentaires et les produits de large consommation seront disponibles durant le mois de Ramadhan, a souligné Boulenouar. Il s’est également félicité de la décision d’ouverture de marchés de proximité «spécial Ramadhan», estimant que cette mesure «encouragera les producteurs à augmenter leur production et contribuera à la stabilité des prix».
Pour sa part, le président de l’Association «El Aman» de protection des consommateurs, Hacène Menouar, a salué les mesures prises par le président de la République pour la régulation du marché et son approvisionnement de manière régulière en produits alimentaires, estimant que «le problème ne réside pas dans la disponibilité des produits alimentaires, mais dans leur distribution».
Il a souligné, à ce propos, la nécessité d’opter pour «le suivi numérique» dans l’objectif d’assurer l’équilibre du marché et la disponibilité des produits alimentaires nécessaires au citoyen durant le mois sacré de Ramadhan et les autres mois de l’année, afin de juguler le phénomène de la spéculation.
Le président de l’Organisation algérienne pour la défense du consommateur «Himayatec», Mohamed Aissaoui, s’est félicité des décisions du président de la République concernant la régulation et l’équilibre du marché durant le mois sacré, notamment en plaçant la question de «la santé du citoyen parmi les priorités du gouvernement», relevant que ces mesures s’inscrivent dans le cadre de «la protection du pouvoir d’achat du citoyen et visent à barrer la route aux spéculateurs».
Concernant l’orientation vers un mode de consommation sain, Aissaoui a souligné que les offres promotionnelles proposées généralement durant le mois sacré de Ramadhan «ne doivent pas être au détriment de la santé du citoyen», mettant en avant, à cet égard, «l’importance du contrôle et du respect des normes en vigueur».