Il y a 34 ans, jour pour jour, l’auteur de la «La colline oubliée» qui lui avait permis d’entrer avec fracas dans le cercle fermé des auteurs francophones, est décédé des suites d’un accident de la circulation qui l’a ravi aux siens et à la sphère culturelle algérienne
Selon les critiques les plus exigeants, l’auteur, dont plusieurs romans ont été portés à l’écran, avait réussi, malgré les difficultés, à bâtir une œuvre multidisciplinaire centrée sur la libération et l’affirmation de soi.
C’est ainsi que force est reconnaître aujourd’hui que Mouloud Mammeri est l’un des illustres intellectuels algériens engagés dans le combat libérateur comme auteur, chercheur et défenseur de la culture et du patrimoine algériens. Avec un parcours et une aura qui dépassent les frontières du pays, l’écrivain, qui passe pour être un des plus prolifiques du genre, était témoin d’une étape historique difficile de la vie du peuple algérien. Aussi, Mouloud Mammeri s’était engagé comme romancier et dramaturge pour le recouvrement de l’identité et de la souveraineté nationales.
Des auteurs de sa génération comme Kateb Yacine, Mohamed Dib et autres ont été unanimes à affirmer que l’auteur en question s’est de tout temps exprimé comme un «citoyen préoccupé par la situation de ses concitoyens, représentés à travers des personnages authentiques et des références nationales pour décrire la situation difficile que vivaient les Algériens durant la colonisation».
Par ailleurs, ses récits, empreints d’héritage culturel et traditionnel ancestral, décrivent avec un réalisme frappant une société millénaire attachée à ses valeurs et ses coutumes autochtones, révoltée contre un système colonial destructeur.
Concernant sa riche biographie, on peut citer «La colline oubliée», «Le sommeil du juste», «L’opium et le bâton» et «Le foehn», une pièce écrite en 1957 et présenté à Alger en 1967, des œuvres qui dressent un tableau réaliste du vécu des Algériens sous le joug colonial.
On ne peut évoquer Mouloud Mammeri sans faire une halte sur son roman «La colline oubliée», qui a été porté à l’écran par Abderrahmane Bouguermouh. Une production qui dépeint la vie difficile des habitants d’un village en Kabylie. En donnant une existence littéraire à l’Algérien, longtemps marginalisé dans un contexte colonial étouffant, l’auteur a adopté une démarche intellectuelle identique décrivant une Algérie meurtrie par la colonisation dans «Le sommeil du juste» et «L’opium et le bâton», un autre chef-d’œuvre adapté au cinéma en 1970 par Ahmed Rachedi.
Aussi, il est important de souligner que le parcours de Mouloud Mammeri a connu des heures de gloire parce que très impliqué dans le combat libérateur du pays C’est ainsi qu’il a grandement contribué à la rédaction de «rapports accablants» sur le colonialisme français durant la guerre de libération, adressés par le Front de libération nationale à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, affirme Tassadit Yacine dans son ouvrage «La face cachée de Mammeri», publié en 2021.
Pour sa part, l’universitaire Afifa Brerhi a souligné que «Mammeri compte parmi les écrivains algériens de la première génération qui ont témoigné du sort misérable des populations autochtones et dénoncé les horreurs de la colonisation».