L’autoroute est-ouest sera bientôt payante
«Une aubaine pour garantir les revenus nécessaires à son entretien», selon les experts
Si l’autoroute reliant l’est à l’ouest du pays sur une longueur de plus de 1.216 kilomètres est à ses derniers tronçons, en revanche, son entretien, l’exploitation et les perspectives d’amélioration du service au niveau de cette importante infrastructure routière à travers, notamment, l’achèvement de son équipement par des stations-services, des airs de repos, des centres de péage et différents systèmes de communication, de contrôle et de sécurité, devront encore attendre… Mais pas une éternité, selon le ministre des Travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures de base, Lakhdar Rekhroukh, qui s’exprimait jeudi dernier sur le taux d’avancement et la date de finalisation des travaux de réalisation des stations de péage sur l’autoroute est-ouest.
Un taux d’avancement des travaux des stations de péage de 80%
C’est ainsi, concernant cette question, le ministre du secteur a clairement fait savoir que les travaux des stations de péage sur l’autoroute est-ouest «ont bien avancé, globalement à 80%», ajoutant que «le système de paiement automatique (péage) commencera à partir du deuxième trimestre de l’année 2023».
Concernant le mode de paiement que les automobilistes auront à usiter, on croit savoir, selon des sources sûres, qu’une fois les travaux achevés, il sera procédé, durant les six mois suivants, aux premiers essais en matière de paiement avec les usagers de la route, selon le site officiel de l’Algérienne des autoroutes ( ADA), qui n’a pas manqué de préciser que «le paiement peut se faire directement (cash) ou avec une carte bancaire ou au moyen du détecteur en débitant directement le compte sans que l’utilisateur de la route ne s’arrête».
«Il s’agit de l’exploitation économique de l’autoroute est-ouest»
Interrogé sur les enjeux que représentent les stations de péage des autoroutes en matière cde gestion et de rentrées d’argent pour le Trésor public, l’expert en développement économique Abderrahmane Hadef a indiqué : «Il s’agit de l’exploitation économique de l’autoroute est-ouest, notamment par la mise en service des stations de péage sur cette infrastructure (et de) la réalisation de 24 liaisons autoroutières permettant de relier les chefs-lieux de wilaya et les ports, totalisant environ 3.249 km». C’est pour cela, a-t-il poursuivi, qu’«un plan d’urgence a été mis en place à l’effet d’identifier les priorités pour la relance des projets en souffrance selon une approche économique intégrée permettant de mutualiser les efforts et les réalisations d’infrastructures de base au profit du développement économique et du bien-être du citoyen».
Sur un autre registre et sans diminuer de l’apport du système péage aux collectivités locales, lequel apport pourra , en grande partie, servir à l’entretien des routes et des maisons cantonnières, notre interlocuteur a ajouté que «les infrastructures qui seront réalisées aux normes internationales, dédiées au péage sur l’autoroute est-ouest, comprennent près de 50 gares de péage sur échangeurs, sept gares de péage en pleine voie, 22 centres d’entretien et 35 aires de repos», a-t-il sérié pour dire que cela «nécessite un investissement conséquent».
Ce n’est pas tout, puisque selon cet expert économique, «146 stations de recueil de données de trafic, plus 42 aires de services et des panneaux à messages variables (au nombre de 42) seront mis en place. La vidéosurveillance, les bornes téléphoniques et d’autres équipements disposant d’une large gamme de services seront également livrés».
Abderrahmane Hadef, qui passe pour être un connaisseur aguerri du développement économique, a tenu à rappeler qu’«un système d’aide à l’exploitation qui permet de commander tous les équipements et diffuser l’information à travers les panneaux à messages variables ou par radio FM est prévu».
«Les tarifs de péage varieront entre 1 et 1,5 DA le kilomètre»
Interrogé sur les tarifs qui seront appliqués au kilomètre comme cela est d’usage sous d’autres cieux, notre interlocuteur a avancé : «Les tarifs de péage varient entre 1 et 1,5 DA le kilomètre. Ainsi, tout usager parcourant tout le trajet (1.216 km) aura à payer environ 1.824 DA. Si on prend l’exemple du tronçon Alger- Oran, il coûtera moins de 500 DA». «La tarification dépendra de la taille du véhicule et de la distance parcourue», a-t-il précisé avant d’émettre un bémol en indiquant : «Il reste un problème à signaler : nos routes sont dangereuses, et leur mauvais état pose un sérieux problème! Elles se sont progressivement dégradées… Pourtant, tous les conducteurs payent leur vignette afin de bénéficier d’une route sûre, confortable et régulièrement entretenue».
«L’importance d’élaborer une vision globale des systèmes de péage modernes»
Pour sa part, l’expert économique Brahim Guendouzi a indiqué à ce sujet que «le système de péage à travers l’autoroute est-ouest est à même de garantir les revenus nécessaires à l’entretien et à la maintenance de cette infrastructure capitale», appelant à ce que «les tarifs soient fixés conformément aux procédures législatives en vigueur».
En outre, pour cet expert, «il est très important d’avoir une vision globale des systèmes de péage modernes à adopter afin de garantir la fluidité nécessaire aux usagers, notamment à travers la mise en œuvre du paiement électronique (e-paiement)».
«Les communes doivent trouver des sources financières alternatives»
Parallèlement à ces considérations, Guendouzi a également mis en exergue le fait selon lequel «l’appui des experts est plus que nécessaire pour la mise en service de ce nouveau système de péage informatisé, premier du genre en Algérie». «La situation financière du pays exige des pouvoirs publics de trouver des sources financières alternatives pour le financement des projets de base et, surtout, pour leur réhabilitation. Annuellement, des milliards de dinars sont déboursés par le Trésor public pour l’entretien des routes, sans toutefois atteindre les objectifs escomptés !». Et pour cause, «les usagers se plaignent toujours de l’état de nos routes et affichent leur insatisfaction. Des experts ne cessent d’appeler à la mise en place d’une nouvelle vision et d’une nouvelle stratégie pour la gestion de ces infrastructures qui ont coûté des sommes faramineuses au Trésor public. C’est bien de réaliser des routes et autres infrastructures, mais c’est encore mieux de les entretenir. Une partie de la solution pourrait venir de ce système de péage», a-t-il ajouté.
Dans un contexte annexe, Guendouzi s’est surtout voulu rationnel en soulignant avec insistance «l’urgence de se pencher sur un certain nombre de points relatifs à la situation des projets autoroutiers, l’état d’exécution et surtout les conditions d’achèvement».
«Les conditions de mise en service de péage sont censées être tranchées»
En premier lieu, puisqu’il s’agit de la question posée : «Les conditions de mise en service des stations de péage sur l’autoroute Est-Ouest doivent avoir déjà été tranchées». Et, bien sûr, sans omettre de signaler, selon toujours notre interlocuteur, «l’état d’avancement de certains projets d’envergure retenus dans le cadre du schéma directeur routier et autoroutier (2005-2025)», à savoir «l’exploitation économique de l’autoroute est-ouest, notamment par la mise en service des stations de péage sur cette infrastructure. Et d’ajouter en sa qualité d’économiste : «La réalisation de 24 liaisons autoroutières permettra de relier les chefs-lieux de wilaya et les ports, totalisant environ 3.249 km».
